RÉFORME ÉLECTORALE : Rodrigues en pole position

L’une des raisons justifiant le déplacement du Premier ministre, sir Anerood Jugnauth, à Rodrigues ce week-end, est probablement pour éviter d’avoir à s’y rendre en octobre prochain à l’occasion de la Journée de l’Autonomie, pour ne pas se retrouver mêlé à la politique locale. Toutes les indications sont que vers cette période en fin d’année, Rodrigues pourrait se retrouver en pleine campagne électorale pour le renouvellement du mandat des membres de l’Assemblée Régionale, avec le scrutin fixé, selon certaines sources, en novembre prochain au plus tôt. De son côté, le Premier ministre a calmé le jeu en déclarant que les élections régionales devraient être organisées à la fin du présent mandat en février de l’année prochaine. Le chef commissaire et leader historique de l’Organisation du Peuple Rodriguais (OPR), Serge Clair, ne fait aucun secret au sujet de son intention pour une dissolution de l’Assemblée Régionale de Rodrigues et des élections régionales bien avant la fin du présent mandat arrivant à échéance en février prochain. Mais pour concrétiser le souhait de ce calendrier politique, un obstacle majeur devra être surmonté, à savoir des amendements à la Rodrigues Regional Assembly Act de 2001 pour éliminer la représentation proportionnelle du mode de scrutin régional. Les deux principales formations politiques de l’île, soit l’OPR et le Mouvement Rodriguais (MR), s’alignent sur la même longueur d’onde au sujet de ce changement, contrairement au Front Patriotique Rodriguais (FPR) de Johnson Roussety. La question d’amendements à la Rodrigues Regional Assembly Act figure en priorité sur la political shopping list de Serge Clair lors de ses consultations avec sir Anerood Jugnauth hier. Ce dernier, qui a procédé également hier à l’inauguration d’un Citizen Advice Bureau dans l’île et de la route de Baladirou au coût de Rs 35 millions, a déclaré que « Rodrigues finn touzour éna enn plas dan mo léker ek mo oulé ki Rodrigues na pa reste en aryer ».
Indépendamment des annonces faites par le Premier ministre au sujet des projets pour Rodrigues, le dossier politique retient l’attention lors de cette visite qui prend fin aujourd’hui. Le calendrier de la dissolution de l’Assemblée Régionale de Rodrigues et la tenue de nouvelles élections régionales sont tributaires d’une seule et unique décision, à savoir le feu vert du gouvernement, pour amender la loi-cadre sur l’autonomie et revoir le mode de scrutin en abrogeant la représentation proportionnelle, contestée par l’OPR et le MR. D’aucuns affirment que Rodrigues serait en pole position pour enclencher le processus de réforme électorale au sein de la République de Maurice dans le sillage des travaux du comité interministériel présidé par le Deputy Prime Minister et ministre du Tourisme et leader du PMSD, Xavier-Luc Duval.
 Des recoupements d’informations effectués par Week-End auprès des sources autorisées indiquent que la nouvelle formule de scrutin régional en remplacement de la proportionnelle en vigueur a déjà été élaborée. Ainsi, les électeurs dans les six régions (Wards) de Rodrigues seront appelés à élire trois membres siégeant à l’Assemblée Régionale au niveau de chacune des régions, soit un nombre total de 18 selon le first past the post, contre douze comme c’est le cas depuis l’avènement de l’autonomie dans l’île. À ces 18 élus viendront s’ajouter quatre autres membres de l’Assemblée Régionale désignés à partir des Party Lists, soit un total de 22 membres. Les discussions sur cette réforme ont atteint un stade déjà avancé, avec certaines sources avançant que le premier draft des amendements est déjà prêt pour être avalisé par le Conseil des ministres en prévision des débats à l’Assemblée nationale après l’adoption du budget 2016-17 en août.
Tout en ne divulguant pas la teneur des amendements envisagés, le Premier ministre a confirmé à la presse à Port-Mathurin, à la mi-journée d’hier, son intention de se débarrasser de la dose de proportionnelle dans le scrutin régional. « Nous sommes déjà en présence d’un rapport à ce sujet. Le comité interministériel se penche sur ces propositions. Mo pou vine avek enn lalwa, avek bann amandma ki pou satisfer bann Rodriguais », a-t-il déclaré avant de s’interroger sur ce que le leader de l’opposition, Paul Bérenger, appelle « enn bon réform elektoral ».

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