RÉHABILITATION—A LA CHRYSALIDE: L’apiculture comme thérapie

Depuis l’année dernière, le centre de réhabilitation La Chrysalide a introduit l’apiculture parmi ses activités. Cette production de miel représente non seulement une source de revenus pour le centre, mais constitue aussi une thérapie pour les femmes qui veulent sortir de la dépendance de la drogue. Cette semaine, l’équipe de La Chrysalide a procédé à sa première récolte officielle en présence des représentants d’Anglicare et de Mgr Ian Ernest, qui ont aidé à la concrétisation de ce projet. Un moment d’intenses émotions pour les bénéficiaires impliquées dans ce projet.
Une ambiance particulière règne à La Chrysalide en ce jour de récolte. Vêtues de leur combinaison, Marlène Ladine, la responsable du centre, et quelques bénéficiaires se préparent à découvrir le fruit de leurs efforts. Après plusieurs mois d’attente, l’heure est venue de récolter le miel de la cour. En véritable expert, Michael Lafranche, apiculteur connu qui a assisté l’équipe de La Chrysalide dans ce projet, dirige les opérations. Les plaquettes de cire sont enlevées de la ruche, brossées pour se débarrasser des abeilles qui s’y collent encore et mises de côté pour l’extraction.
Loin d’être une simple récolte de miel, cette opération s’avère être une véritable thérapie pour les résidentes du centre. Pendant des mois en effet, elles se sont intéressées aux abeilles, ont appris à mieux les connaître, se sont inspirées de leurs sens de l’organisation… Marlène Ladine, responsable du centre, confie que dans le cadre du traitement pour sortir de la dépendance de la drogue, il est conseillé d’être en relation avec les animaux. « Ici, nous avions les chiens, nous élevons des pondeuses et les abeilles sont venues apporter un plus dans ce domaine. Non seulement le miel représente un revenu supplémentaire pour le centre, mais c’est  une véritable thérapie pour les femmes. Certaines ont dû surmonter leurs peurs pour s’approcher des abeilles. Cette maîtrise de soi va contribuer à renforcer leur traitement. » Elle avoue qu’elle-même a dû faire de gros efforts : « Dans mon for intérieur, je sais que j’ai peur des abeilles et des bêtes en général. J’ai dû faire un dépassement de soi pour m’en approcher. »
Un autre aspect de cette activité est qu’elle permet aux bénéficiaires d’apprendre à gagner leur vie. « Une femme qui aura appris l’apiculture ici pourra demain en faire son activité professionnelle. Même ici, elles ont la possibilité de faire cette activité ou une autre, comme le jardinage, pour leur revenu. »
Marlène Ladine raconte ainsi la belle histoire d’une ancienne résidente qui se consacrait à l’élevage des pondeuses. « Quand elle est partie après sa réhabilitation, nous lui avions donné 5 pondeuses. Aujourd’hui, elle possède un élevage de 70 porcs et livre aux charcuteries… C’est une vraie businesswoman. »
Pourtant, avoue Marlène Ladine, au départ, elle était un peu réticente au projet d’apiculture. « Comme il y a des enfants ici, nous avions un peu peur. Mais le technicien est venu nous expliquer qu’il n’y avait rien de dangereux. Il faut savoir s’y prendre. » L’équipe de La Chrysalide  et les bénéficiaires ont ainsi appris à connaître les abeilles : identifier les reines, apprendre les rôles des mâles, récolter les essaims… « C’est fascinant. Nous avons aussi appris les bienfaits du miel, de la propolis et de la gelée royale. »
L’apiculture est ainsi une véritable aventure pour le personnel et les résidentes de La Chrysalide. L’équipe s’active aussi à planter des eucalyptus et letchier, entre autres, où les abeilles pourraient butiner pour donner le meilleur miel. Pour les bénéficiaires à qui un traitement en résidentiel est nécessaire, l’apiculture est devenue un moyen de leur montrer qu’elles sont capables. Le miel ainsi produit par La Chrysalide est vendu au public en plusieurs logements. Pour cela, il faut s’adresser au centre, qui vend aussi des oeufs. « On apprend aux femmes qu’elles peuvent gagner leur vie autrement. »
L’aventure ne fait que commencer pour La Chrysalide. De cinq ruches l’année dernière, elles sont passées à sept. Et l’activité est appelée à grandir davantage. Une unité d’extraction a aussi été aménagée sur place. D’autres groupes accompagnés par Anglicare pourront venir y extraire leur miel.

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