Réhabilitation, un combat pour la vie

Ils luttent nuit et jour contre leur dépendance aux drogues et à l’alcool. Ces hommes ont décidé d’emprunter une autre route, celle de la réhabilitation. Un parcours semé d’embûches où le moindre faux pas peut résulter à une rechute. Au Centre de Solitude et à celui de Rose-Hill, ils témoignent de leur abnégation à vaincre leurs addictions.

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Onze heures à Solitude, dans le nord de l’île. Un jeune homme élégamment vêtu d’une chemise blanche et d’une paire de jeans ouvre le portail cadenassé. A son sourire charmant accompagnent des accueillantes salutations. Raphael mène ainsi à la découverte du Flamboyant Rehabilitation Center. A la découverte de son monde, de son combat. Celui de la lutte contre l’addiction aux drogues.

Neuf jeunes hommes suivent actuellement le programme de réhabilitation en ce centre. Ces « résidents » – comme on les surnomme ici – ont d’abord passé quelques semaines à l’accueil, qui se trouve à Rose-Hill. Une phase qu’entament en ce moment Vicky, 20 ans, Donovan, 25 ans, et Tariq*, 32 ans.

 

« Li’nn koumans par enn ti labier »

 

Ces trois « stagiaires » du Centre de Rose-Hill sont au tout début de leur programme. Dès le collège, ils ont eu accès à l’alcool et à d’autres drogues. « Li’nn koumans par enn ti labier ek kamwad, li’nn fini par lalkol ble kan mo pa ti ena kas », confie Donovan, 25 ans.

Tous trois sont unanimes : leurs mauvaises fréquentations ont favorisé leur descente dans l’enfer de la toxicomanie. « Apre lekol mo ti pe al aste konprime ek siro pou met nisa », explique Tariq.

Le programme de réhabilitation qu’ils suivent comprend trois phases : l’accueil pour les nouveaux venus, puis la réhabilitation, et pour finir par la réinsertion. Un accompagnement est également offert aux parents.

A terme, les pensionnaires ressortent, pour la plupart, grandis et fin prêts à entamer une nouvelle vie. Tout en gardant en tête que leur combat pour rester « clean », ils le mèneront à vie. En effet, l’addiction ne les quitte jamais vraiment, guettant le moindre signe de faiblesse pour leur faire rechuter. Avec la multitude de risques que ce type de vie implique. Ce serait dès lors retour à la case départ.

 

A helping hand

 

Ce retour en arrière hante sans arrêt les pensionnaires. Après avoir divorcé, perdu son logement et son travail, ainsi que le soutien de sa famille, Vicky comprend qu’il doit chercher de l’aide. Donovan, lui, devient violent et réclame sans arrêt de l’argent à sa famille. Il lui arrive même de voler ses parents, avant qu’il ne se décide à changer. Tariq, qui était un adepte d’arts martiaux, se retrouve du jour au lendemain avec la peau sur les os. Un réveil brutal pour lui.

Les propos qu’ils tiennent désormais démontrent leur volonté de vaincre leur addiction. Après quelques semaines sans drogues, s’ils sont toujours résignés à poursuivre leur combat, ils iront en pension au centre de Solitude et deviendront, cette fois, des « résidents ».

Ceux-là restent en moyenne quatre à cinq mois au centre de Solitude. Les objectifs : leur réapprendre à vivre, leur ré-inculquer la discipline et les valeurs morales. Pour ce faire, le centre opère essentiellement avec des thérapies individuelles, familiales et de groupe.

La réhabilitation se déroule sans médication. C’est-à-dire sans produits de substitution comme la méthadone, la naltrexone ou le suboxone, généralement dispensés aux usagers de drogue. A la place, « nou okip nou letan », affirment les résidents. « Nou aprann fer kiksoz par nou mem. Sa mem nou terapi, Sa disiplinn ki nou aprann isi-la ki sanz nou ».

 

« Mo fam inn al kontan enn lot dimounn »

 

Méga, Clyde, Avish et Roudy évoquent un à un leur lourd vécu, avant de raconter fièrement leur métamorphose en ces quelques mois. A leur vu, nul ne pourrait se douter que ces jeunes hommes luttent contre une quelconque addiction.

« Mo’nn tom dan lalkol. Mo pa ti pe trouv linportans famiy », relate Méga qui, aujourd’hui, semble avoir repris goût à la vie. Par le passé, cet ancien boutiquier passait du temps à s’enivrer avec ses amis, délaissant sa famille. La bouteille lui a coûté cher. « Mo fam inn al kontan enn lot dimounn », confie-t-il, avant d’ajouter qu’il a perdu aussi son business.

Le plus jeune de la bande, Roody, a également fait face aux pires en raison de son addiction à la drogue synthétique. « Alor ki mo ti pe gagn bien mo lavi, mo ti pe retrouv mwa nepli tir rasion lakaz. Menaz (inn) kase, mo’nn tourn ledo ar fami. Mo ti konn zis trase pou mo sinte ». C’est à ce moment qu’il décide de se reprendre en main car « lavi tro zoli deor ».

A 25 ans, Clyde, qui avait sombré dans la drogue, se sent revivre. « Une deuxième chance! », exulte-t-il. « Li ti enn lavi lisien. (Mo) ti ena trwa opsion : vinn klosar, prizon ou lamor ». Quant à Avish, le sourire aux lèvres, il dit s’être responsabilisé et avoir appris ce qu’est l’amour. Sa motivation, c’est de grandir son fils et reprendre une vie de couple heureuse.

S’agissant de la troisième phase du programme, la réinsertion, elle s’opère à la fin des mois de réhabilitation. Les pensionnaires retournent vivre auprès de leur famille, en continuant toutefois à venir trois fois par semaine au centre pour un suivi.

A la Communauté des Flamboyants comme à l’accueil à Rose-Hill, les pensionnaires s’occupent chacun d’une tâche ménagère. Comme Méga, qui a l’air d’apprécier le repassage — qu’il admet n’avoir jamais essayé par le passé. Deux résidents s’affairent dans le poulailler et le potager, pendant que d’autres préparent le déjeuner et mettent le couvert. La communauté s’organise et se soutient ainsi mutuellement. Ensemble, les résidents peuvent se permettre de rêver de lendemains meilleurs.

*Prénoms fictifs

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