Réinventer la République de Maurice

Après une période d’hibernation avant et après les dernières élections générales, le secteur privé a fait une sortie en force cette semaine pour réclamer « une réinvention de la République de Maurice » et pour insister sur la nécessité de remettre l’économie au premier plan. C’est une façon de rappeler à la population et aux autorités la réalité économique, même s’il faut reconnaître qu’en cette période festive, les préoccupations des Mauriciens en général sont encore bien loin des problèmes qui les attendent au début de l’année prochaine. Le cœur est à la fête, au shopping de fin d’année et à la consommation alimentée par une masse monétaire sans précédent de Rs 43 milliards, gonflée par les bonis et les augmentations de différentes allocations dont la pension de vieillesse, le salaire minimum, entre autres.

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Il faudra attendre janvier pour se rendre compte que la roupie a déprécié autour de 7% par rapport au dollar et pour prendre conscience de la dure réalité économique et de la situation des prix sur le marché. Il faudra ensuite attendre le 24 janvier pour entrer dans les choses sérieuses avec la lecture du discours-programme du gouvernement par le président de la République qui est actuellement en pleine préparation par un comité ministériel présidé par le ministre Nando Bodha.

Déjà, le début de l’année 2020 s’annonce incertain avec le Brexit prévu pour le 31 janvier. On ne sait encore si ce sera un Brexit sans accord ou avec accord. Il faudra nous adapter à une nouvelle configuration commerciale en traitant séparément avec la Grande-Bretagne et avec l’Union européenne. L’Union européenne multiplie les efforts pour rassurer ses partenaires dont Maurice en vue d’un accord post-Cotonou, mais même le marché européen qui ouvre ses portes aux autres compétiteurs doit se préparer à faire face à une dure compétition. Quant à l’économie britannique, on ne sait encore comment elle réagira après le Brexit et beaucoup d’observateurs craignent un rétrécissement de son marché, ce qui n’est pas de bon augure pour les exportateurs mauriciens.

La nécessité pour Maurice de se réinventer est une évidence existentielle. Il s’agit pour nous de “change or perish”. Les Assises de l’environnement, organisées cette semaine, ont mis en exergue l’importance pour les Mauriciens de changer de style de vie pour s’adapter aux changements climatiques et lutter contre le réchauffement climatique. Le ministre Ramano a donné des signes positifs quant à la volonté politique d’apporter les changements réclamés par les participants en vue d’une transition écologique et énergétique. Maurice est toujours en retard sur l’île de La Réunion par rapport la production énergétique durable. Business Mauritius a rejoint les préoccupations exprimées par différents partis politiques lorsqu’il parle de la nécessité de la mise en place d’une politique énergétique qui permette un développement dans tous les piliers du secteur sucre et qui sera le moteur de la croissance. Les bailleurs de fonds dont l’AFD attendent avec impatience l’occasion de soutenir Maurice dans ce domaine. Une grande attention doit être accordée aux secteurs traditionnels comme l’industrie manufacturière, les services financiers et le tourisme. D’autres secteurs devront être inventés, que ce soit au niveau de l’économie bleue, des TIC et de l’intelligence artificielle.

Un groupe de volontaires dont des médecins mauriciens établis à l’étranger a proposé cette semaine une nouvelle approche pour combattre les maladies non transmissibles, en particulier le diabète. Au lieu d’une approche hiérarchique du haut en bas, il propose un modèle communautaire pour traiter les maladies non transmissibles. Objectif : réduire le diabète de 40% à 5% en 2035. D’où le nom du programme Vision 5-2035. Ce programme est un exemple de la capacité des membres de la diaspora mauricienne à apporter leur contribution à l’avancement du pays. Ce ne sont là que quelques domaines qui nécessitent d’être revus si on veut vraiment réinventer la République de Maurice.

Souhaitons un Joyeux Noël à tous les Mauriciens qui célébreront la naissance du Christ ce 25 décembre.

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