RELAIS ESPÉRANCE: Encadrement de familles dans l’épargne-logement

Nouveau look et nouveau départ pour le Relais Espérance à Pointe-aux-Piments. Après une période de rénovation, cette maison d’accueil gérée par Caritas a rouvert ses portes il y a une quinzaine de jours, renouant avec sa mission de servir de passerelle à la réinsertion sociale en offrant à des familles en difficulté de logement l’espoir, mais surtout les moyens d’être un jour propriétaire de leur propre logis. Lors de notre visite il y a quelques jours, une nouvelle famille venait de s’installer tandis qu’une deuxième était attendue.
Voilà 16 ans que le Relais Espérance accueille et encadre chaque année un total de quatre familles en rupture sociale après avoir connu une succession de déboires (pauvreté absolue, endettement, alcoolisme, drogue), soit l’engrenage classique qui produit au bout de la chaîne de « grands blessés de la société » comme les appelle Marie-Noëlle Anodin, la coordinatrice. Repérées par Caritas ou des individus qui les réfèrent à cette organisation charitable du diocèse catholique, ces personnes de toutes cultures et confessions religieuses sont orientées vers le “Relais” où elles sont accueillies durant un an, le temps d’acquérir des bases solides pour une bonne réintégration.
Appartements rénovés
Le programme d’encadrement du Relais Espérance est calqué sur le modèle français conçu par son fondateur, l’Abbé Pierre, qui a d’ailleurs posé la première pierre de sa réplique locale. Située sur la route côtière à Pointe-aux-Piments, la maison d’accueil est constituée de deux corps de logis à étages, refaits à neuf et ayant fière allure dans leur nouvel habit orangé. Dans le premier, le rez-de-chaussée sert de salle commune et l’étage d’appartements au coordinateur qui y assure une présence 24 h sur 24 et une gestion que l’on pourrait qualifier de quasi-permanente.
Le deuxième est un bâtiment imposant constitué de deux duplex au modèle et aux dimensions identiques, avec escaliers extérieurs. Les familles disposent d’un grand salon-salle à manger qui donne sur une terrasse ou un balcon selon où elles sont logées au rez-de-chaussée ou à l’étage, de deux chambres à coucher, d’une salle de bains/toilettes et d’une kitchenette. Le “Relais” se charge également de trouver les autres facilités nécessaires : mobilier pour toute la maison, cuisinière à gaz, frigo et ustensiles de cuisine, linge de maison et autres vêtements. Une chaîne de solidarité est montée par l’envoi de lettres à de potentiels donateurs : entreprises privées, hôtels, individus. Le jour de notre visite, un camion débarquait une douzaine de matelas neufs.
Principes fondamentaux
Le principe de l’autonomisation des familles s’articule autour des valeurs du travail, de l’effort, du sacrifice par l’élimination du superflu, avec comme pivot l’épargne.
Si chaque famille fait sa propre cuisine, en revanche le Relais Espérance privilégie la fourniture de la nourriture aux bénéficiaires en faisant appel à des dons de denrées de base. Idem pour le matériel scolaire aux enfants. « Ce choix a pour but de libérer les familles des dépenses en nourriture et de les encourager à économiser le plus possible pendant leur temps d’adaptation qui dure une année. Nous frappons à toutes les portes pour avoir de la nourriture. Pour leur part, pères et mères de famille doivent travailler. Nous nous chargeons d’aider ceux qui n’ont pas de travail à en trouver, en privilégiant des activités professionnelles avec l’aide des hôtels et commerces de la région », déclare Marie-Noëlle Anodin. Le chef de famille nouvellement arrivé a ainsi trouvé de l’emploi comme chauffeur chez un particulier alors que son épouse suivra bientôt une formation rémunérée en travaillant dans le potager de Lakaz Espoir, une ONG basée à Solitude. Parents de deux enfants scolarisés, ils ont connu maintes difficultés familiales avant de perdre leur logement et d’être contraints de dormir à la belle étoile durant trois mois. Des conditions de vie inhumaine qui n’ont pourtant pas empêché les deux enfants, studieux et persévérants, d’obtenir des A+ dans la majorité des matières aux derniers examens. Et ce, sans leçons particulières. Aujourd’hui, les deux poursuivent leur scolarité, soutenus par des accompagnateurs bénévoles du Relais Espérance.
Économiser pour un toit
Les bénéficiaires d’accueil au “Relais” sont encouragés à limiter les dépenses superflues. Les coûts en transport pour des visites hors des limites de la région sont ainsi à éviter. Le centre opte pour l’utilisation du gaz pour les cuissons au lieu d’appareils électroménagers qui consomment de l’électricité. Les lessives par exemple sont faites à la main.
Une fois les revenus réguliers sécurisés, un compte en banque ou un compte épargne-logement à la National Housing Development Company est ouvert au nom du chef de famille. Au bout d’une année, les démarches nécessaires pour un appartement sont entreprises. À ce jour, 16 familles ont effectué un séjour au Relais Espérance. Toutes ont réussi leur réinsertion et ont leur propre logement. L’exemple d’une jeune fille d’une vingtaine d’années seulement qui a pu économiser suffisamment pour s’acheter un terrain et construire une maison pour sa famille est connu dans les milieux du “Relais”.
Au niveau de l’encadrement psychologique, un service d’écoute et un accompagnement scolaire sont offerts aux enfants, alors que les parents bénéficient de conseils divers : rôle, responsabilités et comportement parentaux, tenue de la maison et d’un budget familial, entre autres. Ils ont aussi droit à un accompagnement lors de leurs démarches administratives.
Des règles de vie telles le respect des horaires pour rentrer au “Relais” ou encore la non-consommation d’alcool sont par ailleurs préconisées. Toutes les familles sont de plus encouragées à la pratique de leur foi, indépendamment de leur appartenance religieuse. Les week-ends sont consacrés à des activités de scoutisme qui forment la jeunesse et des distractions en famille dans la salle commune.
Le Relais Espérance procède actuellement à la rénovation de son école de formation en pâtisserie. Elle disposera d’une salle plus vaste et de nouveaux appareils. Un point de vente y sera aménagé. Les produits du potager seront aussi mis en vente dans des locaux en cours d’aménagement.

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