RELATIONS INDE/MAURICE : “Opération Lal Dora” le pavé politico-militaire

La publication des détails secrets des préparatifs en Inde pour une intervention militaire avortée à Maurice au plus fort de la crise politique de 1983, mettant aux prises le Premier ministre d’alors sir Anerood Jugnauth et le leader de l’opposition et du MMM Paul Bérenger, est venue jeter un pavé dans la mare politico-militaire. Ces informations, révélées par le chercheur australien David Brewster et le Naval Intelligence Officer de l’Inde Ranjit Rai, dans la dernière édition d’Asian Security, interviennent à la veille de la visite d’État du président de la Grande péninsule Pranab Mukherjee, attendu cet après-midi à Maurice pour le 45e anniversaire de l’indépendance et le 21e anniversaire de la République du pays. Cette initiative est diversement commentée dans les milieux diplomatiques et militaires avec le leader par intérim des Mauves Alan Ganoo, rejetant catégoriquement les allégations de coup d’État attribuées à Paul Bérenger et avec pour cible le gouvernement dirigé à l’époque par sir Anerood Jugnauth. Celui-ci n’avait pas à ce matin commenté cette affaire.
Le quotidien de l’Inde, The Hindu, a fait état dans une de ses éditions du week-end des préparatifs en Inde avec l’approbation d’Indira Gandhi, alors Premier ministre du pays, de la Top Secret Operation Lal Dora. L’objectif de cette intervention militaire planifiée était de venir à la rescousse du gouvernement MSM de sir Anerood Jugnauth face à l’opposition du MMM avec la crise politique de mars 1983.
D’importants moyens logistiques militaires, dont six Destroyers indiens équipés d’hélicoptères Alouettes et des MK 423 C Sea Kings, de même que des Oil Tankers militaires et civils, devaient être déployés à cet effet. The Hindu avance que l’Inde « called off the military part of the operation after the Mauritian Prime Minister Anerood Jugnauth’s erstwhile challenger Paul Bérenger got wind of India’s plans and backed off, according to the first detailed account of the events in a scholarly article, “Operation Lal Dora : India’s aborted military intervention in Mauritius”, written by Australian academic David Brewster and former Naval Intelligence officer Ranjit Rai for the journal Asian Security ».
Cette meme étude académique avance que l’intervention militaire indienne à Maurice n’a pas eu de suite en raison d’un profond différend au sein des armées de l’Inde quant au commandement des opérations sur le terrain. « According to Dr. Brewster and Cmd Rai, the Indian military was divided on the planned operation with the then Navy Chief, Admiral O.S. Dawson backing the idea and General S.K. Sinha, who was the deputy Army chief at the time, telling Mrs Gandhi he did not have confidence in the planned operation requested that a senior RAW official rush to Port Louis and help defuse the crisis », ajoute encore le quotidien de The Hindu.
Dans cette perspective l’ancien chef de la Research and Analysis Wing (RAW), Naushef F. Suntook, fut dépêché à Maurice « to supervise a largely intelligence-led operation to reunite the Indian community whose fracturing along ideological and communal factions had allowed Mr. Bérenger to mount a political challenge ».
Le quotidien indien fait également état d’une demande d’assistance formulée par sir Anerood Jugnauth auprès de New Delhi. « A measure of this success was Mr. Jugnauth’s decision to request an Indian officer as his national security adviser. “He wanted an intelligence officer but we sent an army man, General J N Tamini, who remained there for many years,” the retired officer recalled” », note encore The Hindu, qui prend le soin d’ajouter que jusqu’ici le gouvernement indien n’a jamais confirmé « its 1983 plans for “Operation Lal Dora” to save the Jugnauth government in Mauritius ».
Une autre conséquence de cette affaire est que « Soon after that operation, Mauritius became a listening post for the Indian Navy which buttressed a 1974 agreement of sending Indian defence officers on deputation to its coast guard and helicopter squadron. Today 35 to 40 Mauritian police officials train every year at Indian defence training academies ».
D’autre part, Le Mauricien a tenté d’entrer en contact avec sir Anerood Jugnauth en vue d’obtenir confirmation de ces informations au sujet d’une intervention militaire indienne en 1983. « Sir Anerood Jugnauth fait dire qu’à ce stade, il n’a pas de déclaration à faire sur cette affaire. Il avisera en temps et lieu », a déclaré au téléphone un préposé à la résidence de l’ancien Premier ministre et ex-président de la république aux sollicitations du Mauricien.
De son côté, le leader de l’opposition a tenu à rejeter des plus catégoriquement les allégations et insinuations de coup d’État attribuées au MMM et à son leader Paul Bérenger. « Le MMM est choqué par ces informations. Ce sont des allégations qui remontent à plus de 30 ans. C’est le passé. Nous préférons ne pas faire de commentaires et laisser le passé au passé », affirme Alan Ganoo.
« Toutefois, je voudrai apporter une précision et un démenti des plus formels aux allégations de coup d’État en 1983. Nous rejetons catégoriquement ces insinuations. C’est totalement faux et cette affaire est non-fondée ; Je peux en témoigner car déjà en 1983, je faisais partie de la direction du MMM et j’étais candidat aux élections générales d’août 1983 et à aucun moment au sein des instances du parti, j’ai entendu parler de cette affaire », s’est appesanti le leader de l’opposition en l’absence de Paul Bérenger, qui se fait soigner actuellement à Paris.
« Tout au long de son histoire, l’action politique du MMM est axée sur la consolidation de la démocratie. Dois-je rappeler qu’avec les résultats des élections de décembre 1976, en tant que parti le MMM avait remporté le plus grand nombre de sièges au Parlement. Mais le PTr et le PMSD nous avaient fait un coup dans le dos pour s’installer au pouvoir. L’une des premières initiatives après les élections du 11 juin 1982 a été d’apporter des amendements à la Constitution pour rétablir les élections partielles, qui avaient été abolies et également les élections municipales sans oublier l’amendement constitutionnel contre tout renvoi des élections générales », a poursuivi Alan Ganoo, affirmant que Paul Bérenger a assumé les fonctions de Premier ministre en 2003 sur la base d’un accord électoral.

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