RELATIONS INDUSTRIELLES : Les expatriés d’Aquarelle toujours en grève

Le mouvement de grève déclenché depuis mercredi à l’usine Aquarelle de Surinam s’est poursuivi aujourd’hui. Si les opérateurs mauriciens ont repris leur poste hier après une réunion avec la direction, les travailleurs étrangers, eux, ne veulent pas baisser les bras. Rencontrés hier après-midi, certains parlent de situations difficiles après des baisses conséquentes de leurs revenus.
Pendant toute la journée d’hier, les Malgaches, Bangladais et Indiens de l’usine Aquarelle de Surinam sont restés dans les jardins au lieu de reprendre leur poste. Ils protestaient ainsi contre l’abolition du système de « piece rate » basé sur la productivité, qui leur assurait un certain avantage. Or, selon leurs dires, avec le nouveau système mis en place depuis deux mois, ils perçoivent moins d’argent. Sollicités alors qu’ils se trouvaient dans l’usine, les grévistes se sont montrés avares de commentaires, sans doute intimidés par la présence des agents de sécurité. Mais une fois hors de l’enceinte, les langues se sont déliées. Un travailleur étranger confie ainsi que ses revenus ont baissé de presque la moitié. « Auparavant, avec le « piece rate », je touchais de Rs 14 000 à Rs 15 000. Maintenant, cela se limite à Rs 7 000-Rs 9 000. Comment l’argent peut-il diminuer alors que nous faisons le même travail ? » se demande-t-il.
Un Mauricien affirme cependant que l’usine avait déjà averti les opérateurs de ce changement. « Toutefois, on nous avait fait comprendre que si on parvenait à atteindre 90 % de ce que nous produisions d’habitude, nous aurions la même somme d’argent. Mais durant ces deux derniers mois, nous avons pu nous rendre compte que tel n’a pas été le cas. » Parmi les Mauriciens, certains disent avoir vu leur paie baisser de Rs 2 000 à Rs 3 000. « Ce n’est pas évident quand on a un budget familial à respecter. » Après discussions avec la direction, les Mauriciens ont toutefois accepté de reprendre le travail dans le courant de la journée d’hier.
Ce que confirme d’ailleurs un communiqué d’Aquarelle citant Pradeep Shiwmaharaj, Finance & HR Director du Groupe Aquarelle. « Nous avons une nouvelle fois expliqué aux employés le fonctionnement de ce nouveau système de rémunération, qui est en conformité avec les dispositions de la loi. Il est important qu’ils comprennent que les changements apportés ne visent aucunement à les pénaliser, mais qu’ils vont permettre d’améliorer la qualité et ainsi notre compétitivité dans un marché international de plus en plus exigeant en la matière. Les Mauriciens ont en effet repris le travail après l’exercice d’explication. Cependant, les ouvriers étrangers refusent toujours de leur emboîter le pas. Les discussions se poursuivent. »
Mis à part l’abolition du « piece rate », ce mouvement de protestation a été l’occasion pour les travailleurs malgaches de soulever un autre problème. « Nous faisons le même travail que les Indiens et les Bangladais, mais notre salaire est bien en deçà. Pourquoi cette discrimination quand nous faisons le même travail ? » demande l’un d’eux. De son côté, le syndicaliste Faizal Ally Beegun invite le ministère du Travail à faire une enquête dans toutes les usines afin de savoir si, effectivement, « il y a un traitement discriminatoire envers les Malgaches ». Il ajoute que l’adresse et le numéro de téléphone de la Migrant Workers Unit du ministère du Travail devraient figurer sur le contrat des étrangers afin qu’ils sachent vers qui se tourner en cas de problème. Il souhaite également qu’il n’y ait pas de déportation suite à cette grève.
Les ouvriers malgaches disent travailler de 7 h 30 à 17 h 30. « Après quoi, nous faisons des heures supplémentaires jusqu’à 21 h. Mais malgré cela, nous n’atteignons pas les mêmes sommes que nous touchions avec le « piece rate ». » Ils se disent disposés à travailler, mais dénoncent la « discrimination » à leur égard. « Déjà que nous ne touchions pas beaucoup comparé aux autres, maintenant on vient nous enlever ce petit peu. » Ce matin, des officiers du ministère du Travail ont tenu une séance de travail avec la direction de l’usine. On attend les retombées de cette réunion.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -