RENCONTRE: À 5895 mètres d’altitude sur le Kilimandjaro

Roumaan Issemdar se dit fière d’avoir réussi l’exploit d’atteindre le sommet du Kilimandjaro, en Tanzanie, à 5 895 mètres d’altitude pour y planter le drapeau mauricien. L’initiative de cette ascension, à laquelle ont participé du 5 au 9 mars, 75 grimpeurs de 37 pays, revient à l’Africa Unite-Kilimandjaro Climb. Une démarche qui s’inscrit dans le cadre de la campagne du secrétaire des Nations unies de lutter contre la violence envers les femmes.
La commissaire nationale des louveteaux de la Mauritius Scout Association, Roumaan Issemdar, n’arrive toujours pas à cacher son émotion. Malgré l’épuisement, cette étudiante en Sciences Po à l’Université de Maurice garde le sourire car elle a eu l’aubaine de réussir l’exploit de placer le drapeau mauricien en haut du Kilimandjaro, en Tanzanie, à 5 895 mètres d’altitude. « It was exhausting but a lifetime experience. On a marché plus de sept heures. J’étais dans un état de faiblesse et n’arrivais pas à manger. Certains ont abandonné la course, mais moi je suis restée optimiste jusqu’au bout. C’est surtout l’altitude qui nous faisait nous sentir mal. » Ce périple n’est en rien comparable à celui qu’elle a effectué en 2008 lors de sa participation au 10e forum mondial des jeunes du scoutisme en Corée du Sud et à un Jamboree de l’océan Indien en 2010 à la Réunion. Dans la voix de Roumaan Issemdar à la fois cassée et joviale, on sent cette appréhension de cette jeune femme de 22 ans à s’être battue jusqu’au bout pour mener à bien sa mission au Kilimandjaro.
« Je devais lire le message de la ministre Mireille Martin concernant l’engagement du gouvernement mauricien à éliminer la violence à l’égard des femmes et des filles. Je me suis sentie mal vers les 19 heures le jour de l’ascension du Kilimandjaro prévue pour minuit. Les médecins m’ont alors déconseillé de poursuivre la route car je n’avais rien avalé de toute la journée. Tout s’est joué dans ma tête. J’avais cette volonté d’y arriver malgré la fatigue et les courbatures. Mais au final, c’est une satisfaction personnelle, un défi que je suis parvenue à relever grâce à ma formation de scout. Le scoutisme contribue grandement au développement physique, intellectuel et social de l’individu en le rendant plus responsable. »
Polé, polé
Revenant sur l’ambiance qui régnait sur place, Roumaan Issemdar raconte que la plupart du temps, elle faisait la traductrice auprès de ceux qui ne savaient pas parler l’anglais. Dans le groupe, il y avait aussi des médecins et surtout son guide Gibson, d’origine tanzanienne. « Avec lui, j’ai appris le secret pour escalader le Kilimandjaro, à canaliser les énergies à déployer uniquement lors de l’ascension et surtout le polé, polé qui signifie en swahili marcher tout doucement et garder toute sa force pour après. C’est à partir du dernier point de rempart appelé le Kibo, que notre ascension a démarré. Arrivée au sommet enneigé du Kilimandjaro, il faisait froid. Et comme c’était la Journée Internationale de la Femme, je me sentais investie de cette mission symbolique de planter le drapeau mauricien sur le toit de l’Afrique. »
Comme un tourbillon d’émotions qui l’accaparent, ces images vécues resteront gravées dans la mémoire de Roumaan Issemdar. Se décrivant comme une aventurière avide de curiosité, la représentante mauricienne dira aussi que cette expérience a forgé son caractère. Passionnée du social dont elle en a fait son credo, elle s’engage dans des organismes pour se sentir utile pour les autres. En novembre, elle s’est jointe à l’organisation Men Against Violence (MAV), branche de Women in Networking (Win). Elle a participé également à une formation visant à sensibiliser les garçons sur la violence faite à l’encontre des femmes.
La mission de l’Africa Unite to End Violence against Women and Girls avec sa campagne « Climb up Speak out » au Kilimandjaro du 4 au 9 mars a séduit notre interlocutrice. « Se retrouver sur le plus haut sommet africain, c’est un challenge. On a cru en moi. Je me devais de faire honneur à mon pays et j’en suis fière. La mission ne s’arrête pas ici. Il faut encore trois ans pour tout mettre en place et démontrer que Maurice a atteint ses objectifs en luttant contre ces violences que des femmes et des filles subissent. »

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