RENCONTRE – INDRANI ET KYLASSUM MUNEESAMY : 60 ans d’amour et de coopération…

Compte tenu de la moyenne d’âge de plus en plus tardive à laquelle les jeunes se marient de nos jours et aussi du nombre de divorces, les couples atteignant les noces de diamant seront de plus en plus rares. Indrani et Kylassum Muneesamy, de Cassis, ont célébré le 8 avril dernier les leurs. 60 ans d’amour et de coopération en dépit des difficultés de la vie d’antan… Pour Indrani, c’est précisément cette collaboration constante qui est à la base du secret de longévité de leur couple. Cette entente, ils l’ont transmise à leurs quatre enfants, leurs sept petits-enfants et deux arrières petits-enfants. La grande famille se réunit régulièrement, même à l’occasion de Pâques ! Rencontre…
Elle avait quinze ans et lui vingt-quatre quand ils se sont épousés. « J’étais à la recherche d’une fille avec qui me marier et un voisin qui connaissait la famille d’Indrani me l’a présentée. Elle habitait Rose-Hill et moi au New Mauritius Dock, Caudan », se souvient Kylassum Muneesamy, alias Tamby. En dépit des nombreuses difficultés de la vie, les deux n’ont pas un regard las quand ils jettent un oeil dans le rétroviseur de leurs soixante années de vie commune. « Elle était dure la vie mais nous avons su tracer notre route », dit l’épouse. Tamby travaillait comme “messenger” au Dock. « Ce qui nous soulageait dans nos contraintes financières, c’est qu’habitant au Dock, je ne payais pas de location pour ma famille ».
Il se remémore sa vie en ses lieux où « des débardeurs soulevaient de gros sacs de riz en jute pour les jeter sur un remorqueur qui les tirait alors pour les transporter à bord d’un bateau. J’aimais la discipline qui régnait dans mon travail. J’ai aimé travailler avec des Franco-Mauriciens. Il fallait faire preuve de sérieux. Si vous n’étiez pas une personne digne de confiance, on vous mettait à la porte. Mon patron me faisait confiance. Il me donnait de l’argent pour aller verser à la banque. Malgré mon maigre salaire, j’ai pu envoyer mes enfants à l’école ». À la fermeture du Dock en 1983, Tamby prend de l’emploi à la Cargo Handling Corporation, et y restera neuf ans. À sa retraite à 60 ans, Tamby continue à travailler, cette fois comme vigile la nuit pour subvenir aux besoins de sa famille. « J’ai travaillé jusqu’à 72 ans », souligne-t-il.
Le secret de la longévité de leur couple ? « Il y a toujours une coopération. C’est ce qui nous fait vivre. Bien sûr, on a des petites prises de bouche mais tout rentre dans l’ordre tout de suite après », dit Indrani. Les deux époux ont tenu à transmettre à leurs enfants et petits-enfants certaines valeurs fondamentales, notamment, la plus importante aux yeux de Tamby : le respect des aînés. Ensuite, « il faut travailler pour nourrir sa famille. Ce que j’ai planté, c’est ce que je récolte aujourd’hui », dit-il avec fierté. « Tous les jours, tous nos enfants viennent nous rendre visite ».
Indrani nous dévoile une partie de son secret : concocter de bons petits plats pour réunir sa famille. Ses spécialités : curry de poisson, kalia de poulet et faratas. « Sans oublier les délicieux barfis de grand-mère », ajoute leur petite fille. Au menu de grand-père, des plats plus européens pour avoir travaillé au Dock : poulet rôti, sauce blanche et mayonnaise… Outre cette attraction culinaire pour alimenter la solidarité entre les divers membres de la famille, Indrani reconnaît l’importance de ne pas interférer dans le ménage de ses progénitures. « Chacun mène son ménage. En tant que mère et belle-mère, je n’y interfère pas. Surtout pas avec les belles-filles ». L’une d’elles, présente lors de notre rencontre avec le couple, commente : « Au contraire, les belles-filles ont des choses à apprendre de leur belle-mère. »
Chaque fête est un prétexte de plus pour se revoir chez les Muneesamy. Divali, Ougadi, et même Pâques ! « Le jour de notre 28e anniversaire de mariage, nous sommes venus célébrer Pâques ici », ajoute la belle-fille. Observer le carême en amont de Pâques est même devenu une tradition depuis de nombreuses années chez Tamby et sa femme. « Quand je travaillais au Dock, un ami avec qui je partageais mes repas, qui était marathi, observait le carême avant Pâques. Un jour, il m’a dit : “Tamby, il faut que tu jeûnes”. Depuis cette époque, on jeûne pendant 40 jours avant Pâques ». Et la célébration est bien sûr à la mesure des sacrifices effectués ! Un grand festin familial avec soit du curry de poisson ou du poulet frit autour d’un bon gâteau…
Le 8 avril dernier, le jour des 60 ans de ses noces, le couple a organisé dans sa maison à Cassis une cérémonie de prière au terme de laquelle ont été servis les « sept carris ». Pour finir en beauté, une réception familiale a suivi le lendemain.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -