RENCONTRE—KABIR BEDI : « Ce premier festival a tenu toutes ses promesses »

Kabir Bedi, 71 ans, a agi comme maître de cérémonie dans le cadre de la première édition de la Mauritius Cinema Week organisée par le Board of Investment, le ministère des Arts et de la Culture et celui du Tourisme. Connu surtout pour avoir joué le rôle-titre dans Sandokan, le tigre de Malaisie, il s’est livré en exclusivité pour Le Mauricien dimanche dernier à l’hôtel Maritim, Balaclava. Il considère le cinéma comme ce rayon invisible qui relie l’acteur à ses fans, et estime que ce premier festival de films a tenu toutes ses promesses et que le Rebate Scheme attirera davantage de cinéastes à Maurice.
 
Quelles sont vos impressions sur la première édition de la Mauritius Cinema Week ?
La première édition de ce festival a contribué à dessiner les lignes d’une singulière coopération entre les différents acteurs du secteur du cinéma. Le cinéma, c’est le rayon invisible et magique qui relie l’artiste et ses fans. Un artiste possède toujours l’aura qui l’avait sacralisé. Tout le monde à Maurice se souvient de moi pour mon rôle dans Sandokan et l’accueil chaleureux que j’ai reçu depuis mon arrivée dans votre île paradisiaque vendredi dernier me donne l’énergie nécessaire pour donner le maximum de moi-même.
 
Rani Mukherji a honoré ce festival, de même qu’Emmanuelle Béart. Quelles sont vos impressions sur ces deux artistes ?
Lors de la projection du film Black, tout le monde savait déjà qu’elle avait gagné le Filmfare Award. Dans le rôle d’une aveugle sourde-muette, Rani Mukherji a tout donné. Ce rôle l’a laminée, essorée de ses émotions les plus douloureusement enfouies, et elle est restée loin des plateaux avant de refaire surface avec No One Killed Jessica où l’on l’a découverte en état de grâce. Concernant Emmanuelle Béart, le public se souvient de son rôle dans Manon des Sources. Elle est très forte pour distiller des émotions imparables.
La qualité d’ensemble de la sélection avec des films comme 12 Years A Slave, Gandhi, Rang Do Basanti et des films mauriciens a été très applaudie.
Il y a eu aussi la présence de Suresh et Vivek Oberoi, Justin Chadwick, le réalisateur Rakeysh Omprakash Mehra, un cinéaste surdoué et Sanjay Khan et Romesh Sharma qui entretiennent une relation privilégiée avec Maurice depuis des années. Sanjay Khan, un grand ami de Maurice, a posé les jalons pour une coopération indo-mauricienne avec le premier film tourné ici, Chandi Sona, il y a une quarantaine d’années de cela. Bref, ce premier festival a tenu toutes ses promesses.
 
Votre opinion sur le Rebate Scheme ?
Le Board of Investment a travaillé d’arrache-pied afin d’assurer le succès de cette première édition du premier festival du cinéma. Attirer les célébrités de tous les continents n’est pas une mince affaire. Le Rebate Scheme mis en place par le gouvernement continuera à attirer les cinéastes du monde entier. La beauté du panorama, l’hospitalité des Mauriciens et votre diversité sont des atouts nécessaires pour le développement d’une industrie cinématographique. Les jalons ont été posés. Il s’agit maintenant de lancer des campagnes de promotion afin de vendre davantage la destination Maurice. Votre pays devra aussi devenir un One Stop Shop pour les cinéastes.
 
Comment qualifiez-vous le cinéma indien d’aujourd’hui ?
On a tendance à dire que les films d’antan étaient mieux réalisés, mais avec l’apport de la technologie moderne, les films contemporains comme Baahubali sont également très beaux. Le cinéma indien a encore de beaux jours devant lui, malgré une baisse dans les revenus durant les premiers six mois de l’année. C’est un cinéma qui vagabonde entre les genres, télescope des influences contradictoires, ose les plus abrupts coups de force scénaristiques et ne résigne pas dans les formes que le public a toujours affectionnées, dont les chansons et les danses. Les acteurs d’aujourd’hui donnent le maximum d’eux-mêmes et les films attirent par leur fluidité emballante et d’une infinie complexité émotionnelle. Beaucoup de cinéastes à l’instar de Sanjay Leela Bhansali sont des formidables sismographes de l’âme humaine.
 
Quel jugement portez-vous sur les nouveaux acteurs ?
Le cinéma indien se fiera toujours à l’expérience des anciennes gloires comme Amitabh Bachchan et Dilip Kumar. Bollywood continuera à émouvoir le public. Je suis très à l’aise avec Shah Rukh Khan et Hrithik Roshan. Je me suis forgé une place au soleil que beaucoup d’acteurs envient et je suis l’un des rares acteurs se permettant des échecs au box-office sans que mon statut ne soit pour autant remis en question. Il faut savoir se réinventer. Les nouveaux acteurs sont condamnés à faire leurs preuves. Il y a des hauts et des bas dans la profession.
Les films de Hollywood sont tellement bourrés d’effets spéciaux que nous, en Inde, nous ne pourrons rivaliser avec eux. Je pense que le public préfère les comédies.

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