Rencontre – Nathalie Duthil Cowhan : « Adopt a dog for New Eve »

Faisons un vœu pour 2020 que tous les chiens errants puissent trouver un refuge. Pour cela, Nathalie Duthil Cowhan, de la Happy Tails Foundation, demande à tous les Mauriciens de « shop and adopt a dog for this New Eve ». Cet élan d’amour est visible dans ce chenil de Baie-du-Cap, où 54 chiens errants ont retrouvé l’amour. Un des plus grands défis de cette association en 2020 est de mettre en place une école éducative pour que le Mauricien ait ce bon réflexe de connaître les enjeux d’avoir un chien chez soi afin de mettre un frein à la propagation des chiens errants. Sa demande s’articule autour d’un thème : “No shop this year, adopt a dog for New Eve”.

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L’éducation et la responsabilisation de la population demeurent une étape primordiale, accompagnée du renforcement de la loi concernant la stérilisation. La seule approche que les défenseurs des animaux considèrent « efficace » est celle d’impliquer l’ensemble de la communauté, dont les propriétaires de chiens, mais également les personnes qui nourrissent les chiens errants. Alors que l’euthanasie et le “catch and kill” sont autant de mesures décriées par les amoureux des animaux.

Nathalie Duthil Cowhan trouve « aberrant » que la MSAW demande Rs 3 000 pour qu’un propriétaire puisse récupérer son chien. « Avec cet argent, beaucoup de chiens auraient pu être sauvés », dit-elle. Elle note aussi « l’irresponsabilité » des propriétaires. Aujourd’hui, avec l’Animal Welfare Act, les propriétaires encourent une amende de Rs 15 000 et une peine n’excédant pas six mois, s’ils laissent traîner leurs chiens, « car cela constitue une forme de maltraitance ».

Nathalie Duthil Cowhan insiste sur l’éducation préventive qui, dit-elle, apportera « une meilleure prise de conscience » au sein du public. Dans cet élan, elle a créé le Happy Tails Sanctuary, un endroit où tous les animaux recevront le meilleur pour une vie heureuse de battage de queue. « When a dog wags his tail, it means he is happy, that’s our aim, making all stray dogs feel at home », indique Nathalie Duthil Cowhan. Elle poursuit : « À la Happy Tails Foundation, nous sauvons ces chiens errants en leur offrant de la nourriture et des soins vétérinaires dont ils ont besoin, et surtout de l’amour. Le même amour qu’ils rendent si librement une fois que leurs blessures émotionnelles et physiques sont guéries. »

Née de parents mauriciens, mais ayant poursuivi sa route en Australie, Nathalie a choisi de revenir à Maurice. Cela s’est produit, il y a quatre ans au cours d’une visite dans l’île avec son mari et, depuis, elle a choisi de revenir définitivement poser ses valises. Pour notre intervenante, la situation des chiens errants est « grave » et, selon elle, il pourrait y avoir autour de 80 000 qui se baladent dans l’île sans attache et sans repère.

Mission de compassion

De là est née l’idée de fonder la Happy Tails Foundation. Il suffit de parcourir la route de Macondé et dès qu’on arrive à Baie-du-Cap sur un immense terrain verdoyant se situe un grand chenil. Les chiens gambadent librement, joyeux de goûter à un nouveau foyer. Une aile comprend des jeux avec des chiens plus grands et dans l’autre aile ceux qui sont plus petits. Et hop, un petit bonnet de Santa Claus et un ruban rouge autour du cou et les voilà qui célèbrent à leur manière la Noël et le Nouvel An. « On est reconnaissants à une dame de la localité de nous avoir offert ce terrain et prochainement nous construirons un autre un peu plus loin », indique-t-on.

Nathalie promène ses mains le long du corps d’un chien venu l’accueillir pour une pause câlin et de l’autre main, elle désigne un chiot qu’elle vient de ramasser sur la route. « Je ne pouvais le laisser en plein chemin, il allait visiblement être écrasé », dit-elle. Dans ce chenil, aucune chaîne serrée ni de cages, les chiens pouvant évoluer à leur guise dans un habitat naturel. Le sanctuaire Happy Tails est le premier du genre dans l’océan Indien. Nathalie fait passer un message des plus clairs : « Nous espérons être une inspiration pour les pays qui ont désespérément besoin d’aide pour trouver des solutions à leur problème errant, en transformant un problème perçu comme négatif en une mission de compassion. »

La mission de Happy Tails Foundation est de permettre aux chiens de cohabiter, mais aussi un endroit où tous peuvent s’éduquer et apprendre à traiter chaque chien dans le respect. D’où la mission l’an prochain de Happy Tails Foundation de mettre en place une école éducative. « Il faut arrêter de mettre les chiens à la rue, mais plutôt les mettre en adoption, et ce selon des critères bien définis, car nous ne voulons pas non plus nous trouver avec des gens irresponsables. Chaque critère sera bien étudié », explique Nathalie.

Pour l’instant, la fondation prend en charge la stérilisation et le confort des chiens et, dès qu’une personne se présente pour l’adoption, ils vont sur place voir si leur jardin est conforme au bien-être du chien. « Le constat est clair : There is a lack of communication. A lot of people used dogs for their security and some are no more caring as soon as the dog became ill. On ne peut pas acheter ou adopter un chien si on n’est pas sûr de pouvoir s’en occuper », lance Nathalie.

Insistant également au passage que la stérilisation est vitale, cette mesure permet de garder la population des chiens sous contrôle. Dans l’immédiat, Happy Tails Foundation peut compter sur l’aide de quatre employés, des volontaires et des étudiants en vacances. « On dépense Rs 1000 par mois sur leur confort et nourriture et on a également un vétérinaire sur place pour le suivi », indique-t-elle.

Le message de Nathalie est que pour arriver à bout des chiens errants, il faudrait d’abord apprendre à promouvoir le bien-être de l’animal. Tout en soulignant que les propriétaires de chiens domestiques ont pour rôle de s’assurer que son animal reste dans sa cour qui est bien clôturée. Que l’animal ait un toit, à manger et à boire, des visites régulières chez un vétérinaire, de la promenade tous les jours en laisse en vue de le socialiser à son environnement, de le stériliser à partir de six mois pour éviter des portées non désirées et surtout le plus primordial d’avoir de l’amour et du temps pour s’en occuper. D’ailleurs, la notice de la pancarte de Happy Tails, avec l’effigie d’un chien, met en avant six règles : « Mo pa kav res koumsa enn lazourne; met ou mem dan mo plas; mo merit plis konsiderasion; mo bizin bouze; mo bizin plis konfor; e li ilegal gard mwa koumsa. »

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