Rentrée littéraire à Paris – Au gré de mes rencontres au Salon Fnac livres 2018

PADMA MOULIN-UTCHANAH

Les lettres de l’alphabet se cherchent, se bousculent, se frictionnent, se blottissent, se réfugient et noircissent des feuilles blanches jusque-là immaculées. Les mots s’emballent dans un oratoire lyrique hypnotisant les lecteurs avec de jolis phrasés. Chapitre après chapitre, le destin des Hommes s’écrit à l’encre indélébile. Estampillé dans la catégorie transmission du savoir, le livre est un orfèvre qui façonne et sublime l’esprit. C’est dans cette quête de communion livresque que j’ai visité pour la troisième année consécutive, le week-end dernier, le salon Fnac livres à Paris où chaque année plus d’une centaine d’écrivains viennent échanger et débattre pour la rentrée littéraire.

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Je pars donc à la découverte des écrivains et des bédéistes qui m’ont émue à travers leurs œuvres. Première rencontre avec David Foenkinos, auteur de différents ouvrages Potentiel érotique de ma femme, Délicatesse, Vers la beauté, Charlotte. Ce dernier ouvrage perturbe incontestablement l’âme et extirpe l’être de ses retranchements. Il relate l’histoire funeste d’une artiste peintre Charlotte Salomon pendant la Deuxième guerre mondiale. D’origine juive et enceinte de quatre mois, Charlotte Salomon est envoyée dans le camp de la mort d’Auschwitz-Birkenau. Dans sa quête obsessionnelle, l’auteur tente de faire revivre cette artiste peintre tombée dans l’oubli. Au-delà du destin tragique de Charlotte Salomon, ce livre sous forme de poème, transmet une force intrinsèque. Un livre que je conseille vivement aux collégiens, une manière moins académique d’aborder l’histoire de la Deuxième guerre mondiale et des camps de concentration.

Autre ambiance dans l’univers des bulles cette fois-ci, avec d’abord Riad Sattouf, auteur de bande dessinée avec le troisième tome des aventures intitulé Les Cahiers d’Esther – Histoires de mes 12 ans. La vraie vie d’Esther est esquissée sur les planches par Sattouf en transposant avec humour les tracasseries de la vie quotidienne d’une préadolescente, tiraillée entre les idées politiques divergentes de ses parents. Ensuite, partons à la rencontre du pétillant Joann Sfar, dessinateur de la bande dessinée Le Chat du Rabbin, venu présenter son dernier ouvrage Modèle Vivant. Ce nouveau roman autobiographique raconte l’histoire d’un professeur aux Beaux-Arts qui doit traiter sous la recommandation du directeur le problème du harcèlement sexuel à l’école. Un sujet d’actualité confessé sous la plume de Sfar. Les bandes dessinées sont des supports ludiques pour s’approprier les mots de ceux pour qui la lecture n’est pas chose aisée.

L’écrivain David Foenkinos évoquant, samedi 15 septembre,
son dernier roman intitulé Vers la beauté à Paris, tout en soulignant le caractère salvateur de la littérature

La personnalité qui m’a le plus intimidée est indéniablement Michel Ocelot, auteur et réalisateur des films d’animations français. Ce grand monsieur du cinéma est d’une simplicité malgré un palmarès époustouflant : Kirikou, Azur et Asmar, les contes de la nuit.  Son dernier chef-d’œuvre, intitulé Dilili à Paris, raconte le récit d’une petite fille métisse d’origine Kanake qui enquête sur la disparition des petites filles en plein cœur de Paris. Avec l’aide de son ami Orel, ils partent sur la trace d’une secte, les Mâles-Maîtres qui sévissent dans l’ombre. D’aventures en aventures, Dilili, petite fille très cultivée, croise sur son chemin des génies artistiques et scientifiques tels que Marie Curie, Toulouse Lautrec, Louis Pasteur et bien d’autres. Michel Ocelot traite le thème de la maltraitance faite aux femmes, mais propose également un antidote, celle de notre civilisation à la Belle époque où les hommes et les femmes cohabitent en parfaite harmonie. Michel Ocelot met sous les feux des projecteurs Paris et la culture dans toute sa magnificence. Le film sort sur le grand écran en France le 10 octobre.

Je termine sur une note philosophique avec la conférence de Charles Pépin qui traite de la confiance en soi. Ce thème est souvent analysé par le biais de la psychologie et plus rarement d’un point de vue philosophique. À travers cette étude, Charles Pépin déconstruit les idées reçues : il fait la différence entre la confiance en soi et l’estime de soi. Pour ce philosophe, la confiance en soi, c’est avant tout d’aller dans le doute. Ce livre est une ode à la méditation métaphysique.

Bonne lecture et à l’année prochaine.

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