Reprise du parlement mardi : les préoccupations économiques en avant-plan

  • Le leader de l’opposition : « Le pays n’est pas loin d’un état d’urgence économique »
  • Bhagwan : « Le temps du bluff est terminé »
  • Shakeel Mohamed : « Que la Speaker précise si elle sera candidate aux élections générales »

À cinq jours de la rentrée parlementaire, mardi prochain, les partis du gouvernement et ceux de l’opposition se préparent avec un mélange de combativité et d’appréhension en cette dernière année de la législature actuelle, qui arrivera à son terme le 22 décembre prochain.

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Si pour la majorité, le budget 2019-2020 constitue le point fort de cette cinquième et dernière année du mandat électoral, au sein de l’opposition, chaque parti définit son propre agenda et il faudra attendre le début des travaux pour apprécier le positionnement des uns et des autres.

Pour le Chief Whip du gouvernement, Bobby Hurreeram, les parlementaires se rencontreront lundi, au lendemain du retour du Premier ministre, après sa mission en Europe, pour mettre la dernière main à la stratégie. Mercredi, il ne pouvait se prononcer sur les premiers textes de loi qui seront présentés du fait que cela relève du conseil des ministres. Il observe toutefois que les travaux parlementaires seront du « business as usual ».

« Nous sommes un gouvernement discipliné qui met l’accent sur le progrès du pays. Rien ne va nous distraire, pas la démagogie de l’opposition qui a commencé à annoncer l’organisation des élections six mois après les dernières élections générales. Nous sommes très confiants que la population soutienne le travail abattu par le Premier ministre. À la lumière de notre bilan et du travail abattu durant ces quatre ans et demi, nous sommes très confiants que la population accordera tout son soutien a l’équipe dirigée par Pravind Jugnauth », dit-il.

Le leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, qui a regagné le pays durant le week-end dernier, après une visite annuelle à sa mère, à Londres, souligne qu’il poursuivra son travail « avec le sérieux qui a toujours caractérisé » son action.

« Il y a encore beaucoup de défis à relever. Le pays n’est pas loin de l’état d’urgence économique. Il suffit de voir la situation dans le secteur textile, dans l’industrie sucrière et dans le tourisme. La majorité des établissements hôteliers ont dû casser les prix des chambres pour se maintenir à flot. Tous les gros projets d’infrastructure sont caractérisés par l’opacité, comme c’est le cas pour le projet Métro Express ou le stade de Côte-d’Or, qui coûtera quelque Rs 4,2 milliards sans qu’on soit certain qu’il pourra être livré avant les Jeux des Îles. La situation à Agalega, à Rodrigues, l’insalubrité dans le pays, la dengue qui menace de se propager dans le pays, le constat du ministre des Affaires étrangères qui a honte que le pays soit bloqué à un niveau de croissance de 3%… Ce sont autant de dossiers brûlants qui seront mis sur le tapis lors des travaux parlementaires, à travers des interpellations ou des PNQ », explique Xavier-Luc Duval.

Pour Rajesh Bhagwan, alors que le gouvernement mise sur les grands projets d’infrastructure, la population ne voit aucune solution à leurs problèmes de tous les jours.

« La liste est longue, soit la distribution de l’eau s’est détériorée, la sécurité laisse à désirer, les problèmes sociaux ont empiré, le nombre d’accidents de la route est effarant. Alors des milliards de roupies sont dépensées pour le métro léger, les habitants de Vandermeersch à Rose-Hill et à Beau-Bassin connaissent des difficultés. La politique des petits copains continue de plus belle. Des prêts sans garantie sont accordés par la SBM qui doit “write off” des milliards de roupies. Air Mauritius a enregistré des pertes d’un milliard de roupies. L’économie se détériore. Les différents piliers économiques (textile, sucre, secteur financier) chancellent. L’économie est au rouge. Le temps du bluff est terminé », a lancé Rajesh Bhagwan.

Il estime que les parlementaires du MMM occuperont chaque pouce de terrain au Parlement, que ce soit à travers des questions adressées au Premier ministre, des interpellations et des interventions lors des débats sur les textes de loi.

Pour le chef de file du PTr, Shakeel Mohamed, la présentation d’une motion de blâme contre le gouvernement aurait dû être une priorité dès la rentrée parlementaire.

« La population et moi avons la mémoire courte. Il est donc nécessaire de rappeler tous les scandales qui ont caractérisé le pays depuis 2015. Les débats sur une motion de blâme auraient permis de se rappeler ces scandales qui ont miné le gouvernement durant toutes ces années. Une telle motion aurait dû être présentée par le leader de l’opposition. À entendre Adrien Duval, il m’a semblé comprendre que ce n’est pas la priorité de ce parti », dira Shakeel Mohamed.

Le chef de file du PTr considère qu’il ne faut pas négliger la réalité politique et la saison de mercato qui touche actuellement la scène politique. Cela peut, selon lui, freiner l’ardeur de certains députés dans l’opposition.

« Je reconnais que Alan Ganoo, Paul Bérenger et Xavier Duval ont plus d’expérience politique que moi, mais je suis convaincu qu’aller seul aux élections n’empêche pas de soutenir une motion de blâme contre le gouvernement », ajoute Shakeel Mohamed.

Il s’élève également contre la décision de la Speaker de refuser sa motion pour demander un débat sur la publication du rapport soumis par la Commission électorale sur les propositions de réforme électorale. Il observe qu’en Grande-Bretagne, le Speaker avait permis un débat sur un rapport produit par l’Attorney General sur le Brexit.

Par ailleurs, Shakeel Mohamed voudrait savoir si la Speaker de l’Assemblée nationale sera candidate du gouvernement aux prochaines élections générales. Si ce n’est pas le cas, il lui demande de faire une déclaration pour affirmer qu’elle ne présentera pas sa candidature aux prochaines élections.

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