RÉSEAU DE TRAFIC HUMAIN : Trois instituts supérieurs dans le collimateur du PIO

Les responsables d’au moins trois instituts d’enseignement supérieur sont actuellement dans le collimateur du Passport and Immigration Office. Ils sont soupçonnés d’être au coeur d’un réseau de Human Trafficking en vue d’alimenter le marché du travail en main-d’oeuvre étrangère avec une commission de quelque Rs 150 000 perçue sur la tête de chaque faux étudiant débarquant avec succès au Sir Seewoosagur Ramgoolam International Airport. A ce stade, des ordres d’expulsion contre des étudiants entrés illégalement ont été signés par le responsable de la Home Affairs Division du Prime Minister’s Office. Le plus grave est que dans les dossiers de ces ressortissants du Bangladesh soumis au Passport and Immigration Office ont été versés de faux Bank Accounts soi-disants en provenance du Bangladesh.
Au début du mois de mars dernier, un simple contrôle de routine au comptoir de l’Immigration au Sir Seewoosagur Ramgoolam International Airport allait mener à la découverte de ce réseau d’importation illégale de main-d’oeuvre étrangère avec des instituts d’enseignement supérieur comme couverture. En effet, des ressortissants du Bangladesh avaient débarqué à l’aéroport avec des documents à l’effet qu’ils venaient étudier à Maurice. Mais la première difficulté est que ces étrangers ne parlaient pas un mot d’anglais ou de français. Les officiers du Passport and Immigration Office ont eu toutes les peines du monde pour communiquer avec ces étudiants quelque peu particuliers.
Finalement, pour des raisons humanitaires, ces ressortissants du Bangladesh ont été autorisés à entrer à Maurice sur la foi de visas temporaires, le temps d’une enquête visant à élucider les dessous de ce réseau. Le premier élément de soupçon se situait au niveau de la pratique et de la compréhension de l’anglais ou autres langues étrangères pour entreprendre des études supérieures. Les ressortissants ont soutenu qu’ils ne maîtrisent que la langue parlée au Bangladesh.
D’autre part, dans ces instituts d’enseignement supérieur, aucun Lecturer maîtrisant la langue du Bangladesh n’était employé pour assurer la coordination au niveau des communications dans un premier temps. A partir de là, les premiers doutes sur le délit de Human Trafficking se confirmaient après la récente décision du Prime Minister’s Office concernant les déportations.
Entre-temps, un autre élément plus grave est remonté à la surface. Un Survey des premiers dossiers d’étudiants du Bangladesh de ces instituts-marron, servant de paravent pour l’importation illégale de la main-d’oeuvre, devait révéler que tous les Banks Accounts soumis, indépendamment de l’institution bancaire opérant au Bangladesh, portent la signature du même Manager.
A ce stade de l’enquête, le Passport and Immigration Office est en présence de relevés de comptes venant de trois banques au Bangladesh. Une première analyse graphologique de ces signatures atteste d’un acte frauduleux. L’autorisation a été obtenue en vue d’établir des contacts avec les représentants de ces banques au Bangladesh pour des exercices d’authentification de documents relatifs.
Mais les faux étudiants du Bangladesh, interrogés dans le cadre de cette enquête, ont fait comprendre formellement qu’à aucun moment, ils n’avaient soumis ces comptes bancaires avec leurs documents d’admission dans ces instituts. Ils ajoutent qu’ils ne sont nullement clients de ces banques. Une fois la réponse des banques au Bangladesh parvenue à Maurice, les représentants de ces instituts seront convoqués au Central CID pour des séances d’interrogatoires Under Warning sur ces cas de faux et usage de faux en écriture.
Le Passport and Immigration Office tente actuellement d’établir le nombre d’étudiants étrangers recrutés par ces instituts, avec une première estimation variant entre 70 à 100 annuellement. Les faux étudiants, interrogés jusqu’ici, affirment qu’au Bangladesh, ils ont dû verser la somme de Rs 150 000 auprès des agents contre la promesse d’un emploi rémunéré à Rs 25 000 par mois.
Une fois à Maurice avec le visa d’étudiant, ils ne trouvent que du travail au bas de l’échelle avec des salaires de Rs 5 000, juste pour subvenir à leurs besoins les plus élémentaires. Ils ne peuvent rien économiser pour assurer le remboursement des dettes contractées et pire encore, ils ne peuvent rentrer au Bangladesh pour mettre fin à leur calvaire, car ils n’ont pas les moyens pour payer le billet retour.
Cette enquête policière sur un éventuel délit de Human Trafficking risque de faire beaucoup de bruits à moins que les suspects concernés ne fassent actionner les leviers, qui ont assuré leur protection jusqu’ici…

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