RÉSIDENCES DUBREUIL: Deux ans après leur expulsion inhumaine, un matin d’hiver…

Il y a deux ans, précisément le 27 juillet 2010, c’est sous une tente de fortune dressée dans l’enceinte du centre communautaire de Dubreuil qu’elles ont dû passer plusieurs jours et nuits d’hiver. Elles avaient ému l’opinion publique. Expulsées des terres de l’État, qu’elles occupaient illégalement, ces familles avaient tout perdu durant la démolition de leurs cases en tôle, à 6 heures du matin. Vendredi, c’est un « chapiteau » qui a été érigé pour elles, sur un terrain qui porte le nom de Résidences Dubreuil et où 22 maisons ont été construites pour chacune d’elles. Vendredi, l’heure était à la réjouissance lorsque ces familles recevaient la clé de leur nouvelle maison des mains de personnalités, souriantes durant le protocole, mais absentes en 2010… D’ailleurs, depuis que les familles ex-squatters ont été relogées dans l’ancienne usine de thé — qui est aujourd’hui sale et infecte —, la plupart de ces personnalités, y compris le ministre de l’Intégration sociale, Suren Dayal, n’ont jamais été sur place pour constater les conditions difficiles dans lesquelles ont vécu hommes, femmes et enfants pendant deux ans. D’autre part, c’est en surprenant plus d’un que le ministre Dayal a reconnu, vendredi, qu’il ignorait que onze familles non éligibles aux maisons sociales allaient devoir rester à l’usine. Ces familles, bouleversées par le « warning » lancé par le ministre des Terres et du Logement, Abu Kasenally, vivent depuis dans la crainte d’être expulsées. Pendant qu’elles craignent que l’histoire se répète, les 22 bénéficiaires de Résidences Dubreuil s’installent peu à peu dans leur nouvelle maison.
Ce week-end, c’est déménagement pour tous… ou presque. Depuis que les 22 familles qui vivaient dans l’ancienne usine de thé ont reçu la clé de leur maison, c’est le va-et-vient entre le vieux bâtiment où elles ont vécu pendant deux ans et Résidences Dubreuil. À l’entrée du village, le panneau indique le nom qui a été donné au lieu. Mais les résidents, eux, l’appellent autrement. Ils le désignent encore comme « terin ». Pendant deux ans, ce grand terrain vague envahi de plantes sauvages et d’arbres était leur espoir.
Depuis le défrichage des terres en mai 2011, hommes et femmes s’enquéraient souvent des travaux en allant voir ce qui se passait « lor terin ». Aujourd’hui, asphalté et développé, celui-ci incarne une nouvelle vie pour ces familles qui ont fait preuve de bravoure et de patience depuis qu’elles ont été expulsées de leur maison, un matin d’hiver 2010. « Mo retrouv lapolis gramatin boner pe vinn tir nou dan lakaz. Zot pe dir nou Ale !  Ale ! avan ki zot kraz lakaz. Mo ti fek aste tol nef », nous confiait une nouvelle habitante de Résidences Dubreuil, hier matin, pendant qu’elle s’installait dans sa maison.
Même si à un moment les réminiscences du passé ont refait surface, toutefois, pour les nouveaux propriétaires des maisons sociales de Dubreuil, l’heure était surtout au déménagement et aux premiers pépins ! En effet, la plupart des familles qui s’activaient hier matin dans leur nouvelle demeure ont eu droit à une mauvaise surprise : l’eau fuyait dans les salles de bains. Selon les dires, sur place, la tuyauterie n’aurait pas résisté à la pression de l’eau. Dans certaines maisons l’évacuation de l’eau accumulée peinait à se faire. Alors, le plombier dépêché par le contracteur avait fort à faire. Autre mauvaise surprise : les portes en aluminium ne se refermaient plus une fois ouvertes.
Mais ces soucis n’ont pas pour autant découragé les Moocarme, Ramdin, Seeram et autres… qui ont entre-temps trouvé de quoi faire pour habiller leur maison ou encore embellir l’extérieur. « Mo pe donn koudme pou fer lakaz bondye », explique Varsha Ramdin. Avec son époux, la jeune femme emménagera dans sa maison cette semaine, après les prières et bénédictions. « Mank karpet, pou bizin aste ankor », explique de son côté Sweety Seeram en nous montrant le revêtement de sol. Plus loin, Alex Moocarme est occupé dans son futur jardin. Il y plante des herbes aromatiques. « Je pourrai faire des économies », explique sa femme, Nadine.

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