RÉUNION DU MPC : Unanimité autour du maintien du taux directeur à 4,65 %

Le comité de politique monétaire (MPC) de la Banque de Maurice (BoM) a décidé à l’unanimité, hier, de maintenir le taux directeur à 4,65 %. Lors d’un point de presse suivant la réunion du MPC, le gouverneur de la Banque centrale, Ramesh Basant Roi, a expliqué que la décision du MPC est motivée, entre autres, par le fait que l’inflation ne constitue pas une menace. Le maintien du Key Repo Rate (KRR) à son niveau actuel est bien accueilli dans les milieux du secteur privé, Ahmed Parkar, président du Joint Economic Council (JEC), indiquant que « c’est une bonne décision ».
« Le MPC a mesuré les risques à la croissance et à l’inflation sur la période concernée et pense que le taux directeur est approprié dans la conjoncture actuelle », souligne le communiqué émis par la BoM dans l’après-midi d’hier. Avant de décider de garder inchangé le KRR, le MPC s’est penché sur l’évolution de l’économie mondiale, notant que la croissance reste modérée. Il a relevé que la situation de l’économie américaine s’est consolidée alors que dans d’autres économies développées — la zone euro et le Japon plus particulièrement — et plusieurs pays émergents, la relance économique demeure fragile. Le Fonds Monétaire International (FMI) a prévu en janvier dernier que l’économie globale pourrait croître de 3,5 % en 2015 et de 3,7 % en 2016.
Pour ce qui est de l’économie mauricienne, le MPC a constaté que la croissance pour le dernier trimestre de 2014 a été de 3,7 %, tous les principaux secteurs de l’économie nationale, à l’exception de celui de la construction, enregistrant des taux positifs. « Looking ahead, domestic economic activity is projected to strengthen further, supported by recent budgetary measures and their positive impact on investment and business confidence. Bank staff projected real GDP growth for 2015 at 4,3 % », déclare la BoM. Celle-ci ajoute que les risques à la croissance réduite pourraient provenir de l’incertitude entourant l’évolution des conditions économiques dans nos principaux marchés d’exportation.
Les membres du MPC ont également passé en revue l’évolution de l’inflation (headline inflation) à Maurice, observant une tendance à la baisse dans le sillage du recul des prix des produits alimentaires et pétroliers. À fin février 2015, le taux d’inflation était de 2,5 %. Par contre, la “year-on-year inflation” (niveau du CPI pour un mois donné comparé à celui du mois correspondant de l’année précédente), qui était descendue à 0,2 % en décembre 2014 est remontée à 2 % en février 2015 suite au renchérissement des prix des légumes frais. Une situation qui est attribuée aux mauvaises conditions climatiques ayant prévalu pendant les deux premiers mois de l’année. « Barring any exceptional developments, headline inflation is forecast at about 3 % for 2015 », indique la BoM.
Prévisibilité
Lors de sa conférence de presse d’hier, Ramesh Basant Roi, entouré de ses deux adjoints, Yandraduth Googoolye et Vikram Punchoo, a laissé entendre qu’il a insisté pour qu’il y ait une certaine prévisibilité au niveau des décisions du MPC reconstitué, dont c’était la première réunion 2015. « Au cas contraire, nous ne parviendrons pas à donner un sens de direction au marché. Nous recherchons tous une certaine prévisibilité au niveau de la direction à prendre, ce qui constituera une forme de “forward guidance” aux différents acteurs du marché », a-t-il expliqué. Le gouverneur de la BoM a soutenu qu’un taux d’inflation estimé à 3 % pour 2015 ne constitue pas une menace sérieuse et qu’il n’y avait donc aucune nécessité de relever le taux d’intérêt.
Ramesh Basant Roi a ensuite parlé du problème au niveau du mécanisme de transmission des changements apportés au taux directeur aux autres taux (à l’épargne et à l’emprunt) pratiqués sur le marché. « Ainsi si le taux directeur est revu à la baisse, la réduction n’est pas reflétée comme il se doit au niveau du taux à l’épargne ou celui à l’emprunt. Cette situation est due au problème d’excès de liquidités dans le marché », a fait ressortir le gouverneur qui, en réponse à une question, a révélé que, selon l’estimation des autorités bancaires, le montant d’excès de liquidités se situerait actuellement à Rs 17 milliards.
La BoM va revoir la situation et envisage à l’avenir de stériliser graduellement l’excès de liquidités dans le marché. Des titres pour un montant total variant entre Rs 10 milliards et Rs 15 milliards seront émis à cet effet. « Nous avons un plan. Nous allons parallèlement réduire le ratio des réserves obligatoires (cash ratio) que les banques doivent mettre de côté. Nous allons étudier comment les taux d’intérêt vont évoluer en conséquence. Nous nous attendons à ce que le niveau d’excès de liquidités s’amenuise », a déclaré Ramesh Basant Roi. Ce dernier a indiqué que l’émission de nouveaux titres pour éponger l’excès de liquidités comportera un coût énorme pour la Banque centrale, mais que cette dernière est prête à relever le défi dans le but d’assainir la situation monétaire. Le gouverneur a précisé que les autorités bancaires vont appliquer une formule où le marché aura au préalable une idée des taux auxquels les bons et autres instruments financiers seront rémunérés.
Commentant pour sa part la décision du MPC, le président du JEC a fait comprendre ce matin que le maintien du taux directeur à 4,65 % était anticipé par les opérateurs économiques. « Au vu de l’évolution de l’indice des prix à la consommation, il est clair que l’inflation ne représente pas une menace », a soutenu Ahmed Parkar. Par contre, a-t-il poursuivi, il y a une préoccupation concernant la relance de l’économie et la croissance des exportations. « Pas seulement des produits manufacturiers, mais aussi des services tels ceux du secteur touristique », a-t-il souligné.
Le président du JEC est d’avis que compte tenu de la faiblesse de la croissance mondiale, la politique monétaire poursuivie actuellement convient dans la conjoncture. « Nous n’avons pas le choix. On ne peut relever le taux d’intérêt alors que dans nos principaux marchés les taux directeurs sont au plus bas, au moins dix fois plus faible que celui en cours à Maurice », a argué Ahmed Parkar.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -