RÉVISION SALARIALE: Le PRB trahi par ses chiffres

Les fonctionnaires avec Rs 25 000 à Rs 50 000 pénalisés avec un manque à gagner par rapport à l’érosion du pouvoir d’achat (22,3%) entre 2008 et 2012
La formule Aujayeb : 4,1% pour le bas de l’échelle, entre 8 et 15% pour les Rs 10 000 à Rs 20 000, 17% et 23% pour Rs 20 000 et Rs 75 000 et +30% pour les plus gros salaires
Le GM mise sur l’antidote des « Errors and Omissions » de février 2013 pour contenir la grogne et la mobilisation syndicales
Moins d’une semaine après la publication des recommandations salariales du Pay Research Bureau (PRB) en faveur des 84 000 salariés et 25 000 retraités du secteur public, coûtant à la Trésorerie une enveloppe budgétaire de Rs 4,6 milliards, la déception dont fait montre le mouvement syndical est à la mesure de l’attente. Face à la grogne grandissante qui se fait sentir de jour en jour, le gouvernement s’est permis de prendre à contre-pied une des recommandations du directeur du PRB, Mohun Parsad Aujayeb, en ramenant de moitié, soit à six mois, le délai pour la soumission du rapport des Errors ans Omissions. Toutefois, dans la conjoncture socio-politique, le départ de l’actuel n°1 du PRB de son poste semble de plus en plus inéluctable avec la montée en puissance de la mobilisation syndicale contre le rapport.
Des analyses des recommandations salariales dans le rapport Aujayeb indiquent que la moyenne de révision salariale est officiellement de l’ordre de 17% et non 22%, chiffres mis dans la bouche du ministre de la Fonction publique, Suttyhudeo Moutia, lors de la présentation officielle après la Special Cabinet Meeting de mardi en vue d’adopter le rapport du PRB. L’un des objectifs atteints par les recommandations du PRB est de rétablir l’écart précédent entre les plus gros salaires et ceux au bas de l’échelle. Le non-paiement de la compensation au-delà d’un certain seuil au cours de ces dernières années a eu pour effet de réduire cet écart.
Le rapport du PRB concède volontairement que la réduction de cette marge entre petits et grands n’était nullement sa préoccupation en soulignant que « the General Worker/Permanent Secretary salary ratio which was set at 1 : 8.6 in 2008 has dropped to 1 : 7.7 today following the various salary compensations that the General Worker has earned since 2008. With this report, the General Worker/Permanent Secretary pre-tax salary ratio would be 1 : 8.9. The post-tax salary ration works out to 1 : 8.2 ». Le PRB ne pouvait être plus clair à ce chapitre.
Mais au-delà de cette guerre stérile des chiffres, une analyse détaillée des barèmes de salaires sur la base des données puisées de la Master Salary Conversion Table du PRB confirme qu’à l’exception des quelque 300 fat cats du secteur public faisant partie du club des salaires à six chiffres avec une hausse moyenne des salaires de 30%, la quasi-totalité des fonctionnaires a bénéficié d’une révision dans la fourchette de 4,1% à un maximum de 23%. De ce fait, mathématiquement, la moyenne de 22% annoncée par l’establishment tient difficilement la route.
Avec la mise à exécution du rapport du PRB en janvier prochain, les fonctionnaires, plus particulièrement ceux de la catégorie de General Worker, touchant moins de Rs 10 500 par mois, peuvent prétendre à la compensation dérogatoire de Rs 1 000 dans le rapport. Techniquement, la formule Aujayeb ne leur accorde qu’une révision salariale allant de 4,2% à 8,5%, soit un maximum de Rs 886 à partir de janvier prochain comparativement à leurs salaires de décembre de cette année.
Cette augmentation de Rs 1 000 par mois pour ces fonctionnaires au bas de l’échelle paraît dérisoire par rapport à celle d’au moins Rs 1 000 par jour pour les hauts cadres de la fonction publique avec des salaires de plus de Rs 100 000 par mois. Le tableau ci-dessous donne un aperçu de la mise en application de la formule Aujayeb aux salaires en vigueur en décembre 2012 des différentes catégories de fonctionnaires.

Le précédent tableau récapitulatif des recommandations salariales du PRB concerne tous les grades de la fonction publique jusqu’à hauteur du Principal Assistant Secretary (PAS), soit juste en dessous du chef de cabinet (Permanent Secretary). Pour ce dernier grade dans l’administration, le PRB accorde une augmentation de 29,7% portant les salaires des chefs de cabinet de décembre de cette année de Rs 87 500 à Rs 114 000 en janvier 2013. Dans ce groupe salarial de Rs 114 000 par mois, l’on retrouve également le clerk de l’Assemblée nationale et les ambassadeurs et autres hauts commissaires, l’Accountant General, le commissaire des prisons.
Une vingtaine de hauts fonctionnaires, soit les « Tops des Tops », bénéficient d’une révision salariale de l’ordre de 30%, comme suit :
le président du tribunal de l’Environnement, le Parliamentary Counsel, le Deputy Solicitor General, le Registrar of Companies, le Master and Registrar et le vice-président du Tribunal d’Arbitrage permanent avec de nouveaux salaires de Rs 132 000 (plus Rs 32 000 sur ceux en vigueur) ;
les Senior Chief Executives, le commissaire électoral, le commissaire de police et le directeur de l’Audit avec Rs 144 000 (plus Rs 34 000) par mois ;
les juges de la Cour suprême, le secrétaire financier, le Directeur des Poursuites publiques, le Solicitor General, le président du TAP, le secrétaire aux Affaires intérieures, le secrétaire aux Affaires étrangères avec Rs 156 000, soit Rs 36 000 de plus.
Les trois plus importants postes dans le secteur public sont rétribués comme suit : le chef juge Rs 198 000, soit une augmentation de Rs 48 000, le chef du service civil et secrétaire au cabinet Rs 192 000 et le Senior Puisne Judge Rs 168 000.
L’un des principaux arguments avancés par le PRB dans son rapport pour justifier sa démarche salariale est que le quantum recommandé comprend l’érosion du pouvoir d’achat de 2008 à 2012, soit de l’ordre de 5% pour les salariés au bas de l’échelle et de 22% au plus haut niveau et la prochaine compensation salariale.
Prenant le PRB au mot, le syndicaliste Ashok Subron est arrivé à la conclusion que les « gros perdants de cet exercice de révision salariale » sont les fonctionnaires touchant actuellement des salaires mensuels entre Rs 25 000 et Rs 50 000. Ils sont pénalisés avec les recommandations PRB par rapport au paiement hypothétique d’une full compensation de l’érosion du pouvoir d’achat de 22,3% entre 2008 et 2012 comme suit :

D’autres catégories salariales souffrent également d’un manque à gagner entre le quantum de la révision du PRB et l’application de la full compensation pour l’érosion du pouvoir d’achat. Ainsi, les montants manquants sont de Rs 134 à Rs 226 par mois pour les salaires variant de Rs 58 000 à Rs 64 000. Par contre, les salaires au-delà de Rs 68 000 sont en position favorable avec une plus-value de Rs 1 200 par rapport à l’érosion du pouvoir d’achat.
Devant cette levée de boucliers des syndicat, qui ira crescendo dans les jours à venir, le gouvernement propose une accélération des procédures pour le rapport consacré aux « Errors and Omissions ». La première réunion du conseil des ministres, présidée par Anil Bachoo, reconnaissant l’urgence du problème, a annoncé le rapport sur les anomalies pour février prochain. Cet antidote à la grogne et à la mobilisation syndicales dans le secteur public sera-t-elle suffisante pour calmer le jeu ?
Des doutes subsistent vu qu’à ce stade les syndicalistes du secteur public ont mis de côté leurs différences et différends pour faire bloc et réclamer le départ de Mohun Parsad Aujayeb du PRB quasi immédiatement. La priorité syndicale demeure le départ du directeur du PRB. Le remplacement de l’actuel directeur du PRB pour initier l’exercice de consultations sur les anomalies salariales ne devrait nullement porter préjudice en terme de carrière professionnelle au principal concerné, qui a déjà dépassé l’âge de la retraite.
Des insiders au sein de l’administration soutiennent que Mohun Parsad Aujayeb a déjà bénéficié d’une exemption de six mois au-delà de la date de son départ à la retraite en vue de compléter le rapport du PRB. Ils ajoutent que le principal concerné n’a qu’à prendre ses congés préretraite et laisser le champ libre aux autorités. Cela sans aucune tergiversation.
Néanmoins, la fin du contrat de Mohun Parsad Aujayeb se résumera à une question de rapports de force entre le mouvement syndical et le pouvoir en place avec en toile de fond la présentation du budget 2013 et les prochaines élections municipales…

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