Rodrigues : Des patients transférés à Maurice pour leur dialyse

Ce début d’année n’a pas été de tout repos pour la commission de la Santé de l’Assemblée régionale de Rodrigues. Ainsi, une trentaine de patients subissant des traitements de dialyse ont dû être transférés d’urgence à Maurice, notamment dans les hôpitaux de Rose-Belle et de Souillac. Les équipements du département de dialyse de l’hôpital de Crève-Coeur sont en effet tombés en panne faute de maintenance. Ce transfert de malades vers Maurice a accentué la pression sur le personnel de la Santé et d’Air Mauritius en vue de trouver des réservations sur les avions en partance, surtout en cette période de pointe.

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L’enquête effectuée sur place confirme que le système intégré de transformation d’eau brute en eau purifiée, afin d’alimenter les dix appareils de dialyse, est tombé en panne. Le système comprend un pré-traitement complet de l’eau (filtration, adoucissement, “déchloration”) et, pour la facilité de son utilisation, ce système de traitement complet est automatiquement commandé via un écran tactile PLC.

Pour contribuer à la simplicité de l’installation, les unités sont placées dans des armoires en acier résistant à la corrosion et n’ont besoin que d’une alimentation, de connexions d’arrivée et sortie d’eau et de drainage. De ce fait, la qualité de l’eau utilisée dans les systèmes d’hémodialyse revêt une extrême importance. Il faut savoir en effet que le sang du patient et le dialysat sont seulement séparés par une fine membrane semi-perméable et que les patients hémodialysés sont extrêmement vulnérables aux contaminants présents dans l’eau en raison de leur incapacité à excréter par voie rénale des contaminants provenant du distillat. Or, ils sont exposés à de très grands volumes d’eau. Le volume d’eau ingéré par un individu sain est estimé à 2 litres par jour, soit 14 litres par semaine.

En comparaison, un patient sous hémodialyse peut être exposé à 350 à 500 litres d’eau hebdomadaires. La maintenance de cet appareil de traitement d’eau étant d’une importance capitale, des entretiens de routine doivent être effectués, lesquels consistent au remplacement des consommables, nettoyages des conduits, tests de nettoyage des réservoirs qui alimente en eau… En sus de répondre à l’entretien d’urgence pour le traitement de l’eau et des services d’hygiène afin d’offrir une approche holistique du traitement d’eau dans les soins de santé.

En principe, des membres du personnel paramédical ont reçu une formation dans les opérations de ces équipements, qui datent d’une dizaine d’années. Initialement, la fourniture d’eau était assurée par des camions- citernes suite à l’octroi de contrats. Toutefois, il semblerait que l’eau alimentant les équipements de dialyse provienne des unités de dessalement. Il y a également le fait que le contrat de maintenance n’aurait pas été renouvelé après la période de garantie offerte par les fournisseurs. Le fait demeure que les entretiens n’ont pas été assurés pendant plusieurs années, les réservoirs accumulant donc des résidus présents dans l’eau, avec pour conséquences des conduits obstrués et le fait que le système tombe en panne.

Résultat : l’appareil de traitement d’eau pour la dialyse est tombé en panne et dix dialyseurs sont désormais non opérationnels. En fin de semaine dernière, des techniciens venus de Maurice, en collaboration avec l’encadrement technique de Rodrigues, ont procédé aux réparations, notamment à la remise à neuf de trois réservoirs.

Toutefois, même si la commission de la Santé a adopté des mesures d’urgence pour ne pas pénaliser les patients, le déplacement vers Maurice ne s’est pas fait sans heurts et inconvénients. « Le 4 janvier, c’était mon jour de dialyse. Mais à l’hôpital de Crève-Coeur, on m’a fait comprendre que les équipements étaient en panne. J’ai été pris de panique. On m’a gardé à l’hôpital et, le lendemain, on nous a transférés à l’aéroport. Nous étions six femmes et quatre hommes. Initialement, nous devions obtenir une place sur le vol de 10h50. Mais cela ne s’est pas fait », raconte un patient.

Finalement, le groupe a été scindé, une partie ayant embarqué sur le vol de 14h et l’autre sur celui de 15h30. « À Maurice, nous avions dû attendre que le groupe soit reconstitué avant d’être dirigé sur les hôpitaux. Nous avons eu notre séance de dialyse dans la soirée même, mais nous pensons que ce serait mieux que nous poursuivions notre traitement à Rodrigues sans causer de soucis supplémentaires à nos proches. Il faut que les équipements soient en état de marche dans les meilleurs délais », font comprendre ces patients.

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