ROLAND SCHÄR : Des objets comme mécanisme de réflexion

Des impressions, des intuitions, un espace recomposé : les oeuvres de Roland Schär mises bout à bout sont d’une grande impertinence dans la recherche et d’une grande sensibilité poétique. L’artiste a su inventer son propre langage pictural à portée universelle. Il dessine, colle, découpe, superpose, photographie ses travaux avant de les retravailler à l’ordinateur. Schär nous dit : « …Je pars de dessins — ils représentent pour moi la matrice de tous mes autres travaux (peintures, vidéos, installations, sculptures) — qui sont ensuite retravaillés numériquement pour obtenir une réalité augmentée. Les collages contemporains qui en résultent apparaissent alors comme un inventaire pour lire différemment le monde qui nous entoure… » Cette technique l’aide à définir des territoires balisés par des rectangles et des lignes fines. Ce sont autant de petits univers qui brouillent les repères et réorganisent l’espace. Les oeuvres exposées jusqu’au 27 juillet 2011 à L’Atelier, Port-Louis, se regardent mais se lisent aussi. Derrière le fourmillement des traits, des traces, des références intellectuelles et l’apparente volonté d’interroger les objets, il y a une désir de mise en ordre. Roland Schär s’intéresse à un nouvel espace qui rende compte des déplacements des formes. L’artiste nous entraîne dans les territoires les plus hasardeux des cartes, mais aussi dans des visions poétiques. Schär essaie de cerner ses sujets par des traits synthétiques ou abréviateurs, des fragments de coraux, des pierres et autres coquillages. Traits et multiples lignes, éléments extérieurs nous excitent pour trouver un sens à son rébus poétique. Des motifs venus du plus loin de sa mémoire s’épousent : signes, constructions, îlots, formes ciselées… les collages éclaires des mondes imaginaires. Pour sa première exposition à Port-Louis, Roland Schär s’inspire de multiples éléments du quotidien récupérés lors des séjours précédents à Maurice. Il travaille à partir de divers fragments qui composent sa géographie intime et son alphabet visuel. On voit des oeuvres parsemées de rouge, de bleu et de motifs qui sidèrent l’espace. Il assemble ou désordonne les images. Ses oeuvres sont une sorte de cartographie ponctuée de moments privilégiés. Un voyage dans le lointain à travers les dédales du dedans. Ces « inventaires imaginaires » de Schär ne sont que des images fascinantes et énigmatiques, ouvertes à toutes les interprétations.

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