Romenco explique la colère de Mamie Kloun

Pour une fois, Mamie Kloun a une bonne raison de rechigner. Son personnage a été “piraté” par une copie qui a pris le surnom de Mimi Kloune. Dix-huit ans après qu’il a rejoint le monde de l’humour, Romenco Juste explique sa colère et revient sur son parcours.

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L’extravagante Mamie Kloun n’est pas contente. Et c’est le timide Romenco Juste qui explique pourquoi. Son personnage a un copycat, un imitateur, un gorer, qui lui a piqué sa voix, son style, ses mimiques et qui se donne en spectacle sous le surnom de Mimi Kloune. “Je savais qu’il y avait des pirates qui copient des musiques, des textes… mais je ne savais pas ki zot ousi pirat dimounn !” Il l’a appris à ses dépens quand des proches lui ont signalé la présence de l’autre Mamie dans des mariages et cérémonies où les services du personnage ont été loués pour l’animation. “Des personnes croyaient qu’il s’agissait de moi. Ceux qui me sont proches ont compris la supercherie. D’autres croient toujours qu’ils ont vu Mamie Kloun.”

Dans des vidéos postées sur les réseaux sociaux, on se rend compte qu’il suffit d’un mince détail pour faire la confusion entre Mamie et Mimi. Dans une vidéo, on entend les animateurs d’une fête annoncer Mamie Kloun… et voir l’autre faire son entrée. Sur une autre, ce sont des enfants qui sont tout heureux de voir Mamie Kloun. Sauf que…

“Pa pirat to prosin”.

Depuis quelques semaines, la guerre des “Mamies” bat son plein sur les réseaux sociaux. Richardo Lacub a décidé de faire tomber les masques sur sa page Facebook pour dire qu’il n’est pas Mamie Kloun, mais Mimi Kloune, et que c’est en tant que tel qu’il présente ses spectacles. Mais on est loin d’être dupe.

“Pa pirat to prosin. Sinon enn zour to pou zwenn tase”, chante Mamie Kloun dans son salon à Bambous. Romenco Juste, qui nous reçoit chez lui dix-huit ans après que Scope s’y est rendu pour la première fois, confie qu’il en a marre. Cette histoire est loin de le faire rire. “Cette affaire m’agace et m’inquiète.” Cela lui a pris des années, de l’imagination, du talent et une bonne dose de toupet pour installer son personnage dans le paysage humoristique de Maurice. Et voilà qu’un clown lui pique sa création sans la moindre vergogne : “Kot nou pe ale ?” Ses inquiétudes concernent sa réputation : “J’ai toujours fait attention à ne pas froisser les susceptibilités et de m’imposer des limites pour faire preuve de respect vis-à-vis du public, des personnalités et des enfants. Si l’autre dérape, on risque de porter le blâme sur Mamie Kloun. Cela fera du mal à mon personnage et à ma réputation.”

Bas les masques !

Pour Romenco Juste, afin d’éviter ce type de confusion, l’heure est venue pour lui de faire tomber la perruque, le maquillage, les grosses lunettes, le chapeau et les bijoux. “Dans la mesure du possible, j’ai évité de me mettre de l’avant et de laisser davantage paraître Mamie Kloun. Elle est plus connue et l’on est moins nombreux à connaître mon vrai visage. Je voyage souvent de manière anonyme dans les autobus et je passe dans la foule sans qu’on ne me reconnaisse, alors que tout le monde connaît Mamie Kloun. Je me rends compte que pour ne pas laisser de l’espace aux imposteurs, il est essentiel pour moi de mieux me faire connaître”, dit Romenco Juste.

Régulièrement sollicité pour animer des fêtes, des spectacles et autres shows, Mamie Kloune est aussi un animateur radio et un personnage de la télé locale. Mais tout ceci ne s’est pas construit en un jour. Ce père de deux enfants a longuement galéré pour avancer dans la vie. Il a été fleuriste et a cumulé d’autres métiers. Mais c’est surtout en tant que maçon qu’il a gagné sa vie, avant qu’il ne se décide de laisser Mamie Kloun mener sa carrière professionnelle.

5 mai 2001.

Ce personnage a toujours habité l’enfant des quartiers populaires de Bambous, qui s’est découvert un talent d’imitateur très tôt. Il y a d’abord eu les bruitages, puis les vie bonnfam. C’était un peu pour s’amuser qu’il imitait une des voisines de l’étroite ruelle où il vivait avec sa famille. L’autre référence était aussi sa propre grand-mère, celle-là même qui lui prêta ses robes pour ses premiers spectacles. Romenco Juste était si convaincant qu’il finit par passer à la télé lors d’une émission télé consacrée aux artistes de sa région.

Quelques semaines plus tard, Percy Yip Tong lui donna l’occasion de s’exposer au grand public. Cela se passa le 5 mai 2001 sur la plage de La Preneuse. En sus de faire appel à Natir, Daniella Résidu, Ras Mayul et d’autres artistes connus pour le spectacle “La Gamme d’Or” dans cette partie de l’île, le directeur de Cyper Productions avait aussi pris le risque d’y inclure un personnage inattendu. Les quelque 2,500 personnes réunies sur la plage ce soir-là firent la connaissance de cette Vie Gramer insolente, dotée d’un sacré sens de la repartie, et qui dansait, chantait et jouait à l’harmonica comme une jeunette dégourdie. Personne ne se doutait que derrière ce personnage se cachait un solide gaillard retranché dans sa timidité une fois le costume enlevé. Mamie Kloun avait été la grande révélation de cette soirée. “À partir de là, je n’ai cessé de recevoir des invitations pour des spectacles. Petit à petit, les gens ont commencé à me connaître.”

Dénoncer l’imposteur.

Les choses s’enchaînèrent rapidement; il fut reçu dans le cercle des humoristes locaux aux côtés de Trioco, Komiko et d’autres encore. Ce qui encouragea Romenco Juste à développer son personnage, en étendant sa panoplie de blagues, de parodies, d’histoires, etc. Séga Badia et quelques autres de ses chansons sont devenues populaires. Tout cela a permis à Romenco Juste de jouer partout à travers l’île et dans plusieurs pays où Mamie Kloun était sollicitée.

L’affaire qui l’oppose à Mimi Kloune a été portée à la police, qui a promis des actions, affirme Romenco Juste. Les fans s’en sont mêlés, lui réitérant leur soutien et dénonçant vivement l’imposteur. Il faut reconnaître que ce dernier a du talent en tant qu’imitateur, joueur d’harmonica et pour les bruitages. “Il aurait pu avoir trouvé un autre personnage et un autre nom pour lancer sa carrière”, estime Romenco Juste, qui a eu l’occasion de rencontrer Mimi Kloune sur la scène dans le passé. “Dès le départ, nous lui avons recommandé de changer d’approche.” Un conseil qu’il n’a pas su suivre et qui plonge son personnage dans la gadoue. “Pourtant, après avoir travaillé avec le personnage d’Olga de Sam Ammigan pour l’émission 2 Kusin sec, j’ai toujours souhaité avoir une autre “grand-mère” avec qui monter un spectacle. Ça aurait pu être lui. Dommage !”

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