ROMEO & JULIET : “Enjoy yourself and touss sali”

Il fallait oser. Et c’est sans fausse note que la bande des Komiko a réussi, haut la main, ce nouveau défi. Jeudi, ceux qui ont construit leur réputation grâce à l’humour ont débarqué sur scène dans une adaptation de Romeo & Juliet, l’une des plus célèbres pièces de William Shakespeare. Le pari semblait fou sachant que cette histoire très dramatique a été et sera sans cesse reprise sur les planches à travers le monde et à Maurice. Néanmoins, la mise en scène de Miselaine Duval et les excellentes prestations de chacun des acteurs à l’affiche méritent des félicitations. Cette histoire d’amour entre une Capulet et un Montaigu vaut son déplacement, non pas uniquement pour l’histoire, mais aussi pour découvrir cette nouvelle version.
Lorsque Mercutio apparaît sur la scène du KafeT@Komiko pour remonter le moral de son meilleur ami Romeo, c’est la surprise totale. Le rôle est interprété par Wesley Duval. Plutôt habitué à le voir tituber sur les planches dans ses nombreux rôles de soûlard invétéré accompagné de son inséparable bouteille de whisky, vous aurez bien du mal à en croire vos yeux en le découvrant dans Romeo & Juliet sous un aspect tellement sérieux. Mais rassurez-vous, son humour ne restera pas longtemps enfoui sous son habit d’homme soigné : “Your figir look like a dipin rasi”.
À peine quelques minutes après le début de la pièce, le ton est donné. La version revisitée par la troupe Komiko, tantôt en créole, en anglais ou français, ne compte pas laisser de répit à ce drame historique. La langue de Shakespeare n’a qu’à bien se tenir. Preparez-vous à repartir avec quelques nouveaux vocables, surtout venant du couple Capulet, joué par Cindy Pierre et Berthie Prosper ou encore d’un certain Alexandre Martin en Frère Laurent. Le “english” plus proche du “potiss” que british se déguste à grands coups de rire comme ce fut le cas jeudi soir pour les spectateurs présents lors de la première représentation.
Les scènes s’enchaînent l’une après l’autre sans lassitude, à tel point que les quelques secondes nécessaires pour le changement des décors paraissent trop longues. Ceux qui connaissent l’histoire écrite par William Shakespeare la retrouvent dès les premiers dialogues. Le coup de foudre entre Romeo et Juliet ne disparaît pas dans cette version 2016. Il a seulement été remodelé dans un ton plus léger et accessible à tout âge et surtout parsemé d’une bonne dose d’humour. Comme le dit si bien Lord Capulet, “enjoy yourself and touss sali”.
Côté casting, il faut saluer les deux jeunes comédiens, Alexandro Kiara et Sheryl Smith. Avec beaucoup de maîtrise et un réel talent pour le théâtre, le duo a su plonger les spectateurs dans cette pièce shakespearienne, tout en ne se faisant pas écraser par la présence des têtes déjà célèbres de Komiko ou par Mr Love. Ce dernier, qu’on pensait découvrir dans des habits de comédien, est finalement apparu sur scène principalement pour reprendre quelques-uns de ses morceaux : Twa mo trésor, Mo paradise, L’espoir. Néanmoins, ces notes musicales ont su apporter leur contribution à cette nouvelle approche théâtrale.
Au bout de 2 h 30, le public peut sans problème affirmer que Miselaine Duval et sa troupe ont su “tonb enn ziss price” entre drame et comédie. Bien plus que des humoristes, ce sont des professionnels que vous retrouverez sur scène dans cette nouvelle production rendant hommage à William Shakespeare, dont les 400 ans de la mort étaient célébrés le 21 avril dernier.

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