SÉCHERESSE: Eau 2012, une année charnière

2011 aura été une année sans précédent dans l’histoire de l’approvisionnement en eau à Maurice. Jamais aucun gouvernement, aucune autorité de la gestion de l’eau, n’aura été confronté à un tel stress hydrique depuis qu’a été construit le réservoir de Mare-aux-Vacoas, en 1890. Au point de s’en remettre à l’expertise singapourienne (voir plus loin), dont le rapport final est attendu début janvier tel une source qui surgirait enfin au bout d’une traversée du désert longue de quarante ans. C’est le nombre d’années qui sépare le pays de sa plus basse pluviométrie jamais enregistrée, mais également celui qu’aura pris l’île Maurice indépendante pour réaliser enfin que la gestion de l’eau nécessite une approche intégrée, holistique et une vision à long terme.
L’année 2011 s’ouvre sur une sécheresse déjà bien installée aux mois de novembre et décembre précédents, se faisant encore plus persistante en ce début de janvier, alors qu’aucun cyclone porteur de pluies n’est à signaler dans la région. Les 1 806 mm de pluies reçues en 2010 contre 2 397 mm en 2009, soit une chute drastique 25 %, augurent peu d’espoir pour le pays qui subit en cette nouvelle année les influences de La Ninã. Mare-aux-Vacoas, à seulement 39,7 % de sa capacité de remplissage, fait figure de scène apocalyptique. La Nicolière est à 50,4 % et Midlands Dam à 39,8 %. Les autorités sont sur la brèche. Un comité interministériel (Services publics, Finances, Agro-industrie, Tourisme), institué en novembre 2010 et présidé par le Deputy Prime Minister Rashid Beebeejaun, tente de dégager des solutions afin que les secteurs économiques clés ne souffrent pas outre mesure du manque d’eau. La colère gronde parmi les usagers domestiques qui acceptent mal un régime de coupures décidé par la Central Water Authority, lui reprochant sa gestion catastrophique. L’eau boueuse des réservoirs fait craindre la gastro-entérite, qui montre le bout de son nez dans les hôpitaux.
Pour parer au plus pressé, la CWA s’attaque aux fuites du réseau (pertes de 40 à 50 %) en changeant les tuyaux vétustes dans certaines régions. Le 5 janvier, les premières pluies arrosent enfin une partie du pays, mais comble du désespoir, ne tombent pas au bon endroit. Le “pattern of rainfall” est complètement chamboulé : il pleut davantage à Nouvelle-Découverte qu’à Mare-aux-Vacoas. Et pour cause : l’abattage, toléré depuis plusieurs années, de grandes étendues de forêts autour du réservoir a eu raison de la capacité du sol à retenir l’eau de pluie. Scientifiques de l’environnement et médias dénoncent l’inconscience des décideurs d’avoir autorisé que des arbres soient rasés afin de satisfaire la demande en terres de planteurs de légumes.

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