SAJ EN RÉPONSE À DAVID CAMERON : « Pa kapav attan indéfinima »

Avec la correspondance de No 10 Downing Street et l’Outgoing British Prime Minister, David Cameron, demandant à Maurice d’attendre le nouveau gouvernement britannique pour reprendre la question des Chagos, une nouvelle page est tournée dans cette affaire. En effet, à l’expiration de l’extension d’une semaine de l’ultimatum à Londres pour agréer à une date pour le contrôle effectif de Maurice sur l’archipel des Chagos, David Cameron a préféré jouer à Ponce Pilate dans ce différend politique avec Maurice. De son côté, le Premier ministre, Sir Anerood Jugnauth, qui avait pris l’initiative de ce Move éminemment politique, maintient le tempo. C’est du moins ce qui découle de sa première réaction publique depuis la réception de la réponse de Londres. De son côté, Lalit, qui a systématiquement réclamé que la Cour internationale de Justice de La-Haye soit saisie du dossier des Chagos, propose au gouvernement une Roadmap, avec comme étape initiale la transformation des Chagos en une circonscription, soit la 22e de Maurice, élisant un député à l’Assemblée nationale et également la possibilité d’une action plus que symbolique avec un voyage du MV Mauritius Trochetia aux Chagos, avec à son bord des représentants de l’Etat et des membres de la communauté chagossienne.
« Saki mo pa kontant koze sa», a interrompu le Premier ministre à la question du représentant de Week-End à Rodrigues, l’interrogeant sur les derniers développements au sujet des Chagos à l’expiration de l’ultimatum. Néanmoins, il devait reprendre sa réponse en ajoutant que « li (David Cameron) ine avoye ene let ek li dir attan prosen guvernma anglé avek nuvo Premye minis. Mo pa attan. Mo pa kapav attan indéfima. L’initiative que j’ai enclenchée suivra son cours. Mo pe alle de lavan ».
Ainsi, de Port-Mathurin, le ton est donné alors que mardi dernier à l’Assemblée nationale, lors de la Private Notice Question du Leader de l’opposition, Paul Bérenger, Sir Anerood avait préféré temporiser, donnant le temps aux Anglais d’élaborer ce qui devait être un compromis. Mais compromis, il n’y a en point. Toutefois, il n’a pas voulu dévoiler les prochaines étapes de la stratégie qu’adoptera le gouvernement pour inscrire les Chagos à l’ordre du jour de la prochaine session de l’Assemblée générale des Nations unies en septembre, et n’a rien laissé entendre du recours probable de la Cour internationale de Justice de La Haye pour une Advisory Opinion contre Londres.
Après la question des Chagos évoquée lors des délibérations du Conseil des ministres de vendredi, la mission permanente de Maurice aux Nations unies à New York sera appelée à enclencher dès le début de cette semaine les procédures pour que la voix de Maurice soit entendue contre deux superpuissances, notamment les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, au sujet des revendications pour le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de Maurice sur les Chagos. Les conseils légaux de Maurice seront également mis à contribution pour mettre au point les dernières réclamations de Maurice devant la Cour internationale de Justice.
La feuille de route de Lalit
Pour sa part, Lalit, qui soutient la démarche du gouvernement, poursuit sa réflexion jusqu’à proposer une « Roadmap ver laviktwar » et pour contrer les vested interests des lobbies du privé. Alain Ahvee du comité Diego au sein de Lalit maintient que dans la conjoncture « le gouvernement n’a d’autre choix que d’aller de l’avant avec le projet de résolution devant les Nations unies et de l’Advisory Opinion de la CIJ ». Pour lui, le soutien de la population et une approche dans la transparence représentent deux facteurs incontournables dans cette étape de la lutte pour le retour des Chagos.
La feuille de route de Lalit comprend plusieurs volets devant être mis à exécution de manière simultanée : des amendements urgents à la Constitution en consensus avec l’opposition et les Chagossiens pour faire des Chagos une circonscription en élisant un député siégeant à l’Assemblée nationale jusqu’à la réunification du territoire mauricien ; la mise sur pied d’un Island Council, constitué de membres démocratiquement élus comme c’est le cas à Rodrigues. Le gouvernement est appelé à intervenir au niveau de l’AFCONE, un comité des Nations unies sous le Traité de Pelindaba pour une Afrique sans armes nucléaires et réclamer ainsi une inspection formelle de la base militaire de Diego Garcia par des inspecteurs de l’International Atomic Energy Agency (IAEA), de même qu’une autre inspection sous le traité contre les Land Mines and Cluster Bombs, dont Maurice est un des signataires. Le Premier ministre est invité à animer une Address to the Nation solennelle à la télévision pour expliquer les tenants et aboutissants du dossier des Chagos en parcourant les différentes étapes depuis 1965, avec accent particulier sur la teneur de la section 111 de la Constitution incluant les Chagos comme faisant partie du territoire de Maurice, jusqu’au rapport de Sir John Chilcot du 6 juillet dernier, dénonçant l’utilisation de la base de Diego Garcia dans la guerre contre l’Irak. En parallèle, le gouvernement doit s’engager dans une campagne de lobbying diplomatique intense sur le plan international, que ce soit au sein de l’Union Africaine, du groupe des pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique, du Mouvement des Non-Alignés, mais également en organisant une conférence internationale avec la participation d’experts en décolonisation comme Joseph Gerson, Frene Ginwalla, d’Afrique du Sud, des représentants de l’Inde et d’autres pays. D’autre part, sensibiliser les Etats-Unis et la Grande-Bretagne à la cause de Maurice et enfin l’Etat mauricien, c’est-à-dire le gouvernement, l’opposition, la présidence de la République et une délégation de Chagossiens, doit se préparer pour effectuer le déplacement aux Chagos à bord du MV Mauritius Trochetia en présence de membres de la presse internationale dans le but de faire la démonstration que Chagos fait partie de la République de Maurice.
En avant-première à la mise en place de cette feuille de route, le huitième sommet des chefs d’Etat et de gouvernement des pays ACP en Papouasie Nouvelle-Guinée du début de juin a apporté son soutien à la cause de Maurice sur les Chagos. Le paragraphe 21 de la Port Moresby Declaration est des plus explicites à l’effet que « we recognise that the Chagos Archipelago, including Diego-Garcia, which was unlawfully excised by the former colonial power from the territory of Mauritius prior to its independence in violation of international law and UN Resolutions 1514 (XV) of 14 December 1960 and 2066 (XX) of 16 December 1965, forms an integral part of the territory of Mauritius and are resolved to support Mauritius in its effort to effectively exercise its sovereignty over the Chagos Archipelago ».

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