Salaire minimum : le minimum pour survivre

En vigueur depuis janvier, le salaire minimum a pour objectif d’améliorer la vie de plusieurs milliers d’employés. Pour certains travailleurs, cette mesure est bien accueillie et leur permet de soulager leurs dépenses mensuelles. Pour d’autres, le montant fixé à Rs 8,140 (pour ceux travaillant à plein-temps) et à Rs 9,000 (attribué aux travailleurs de la zone franche) est loin d’avoir apporté de grands changements. Concernés par l’application du salaire minimum, certains (employée de maison, machiniste, maçon et laboureur) se sont confiés à Scope.

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Ouf de soulagement pour Geneviève. À 49 ans, cette mère de famille de deux enfants touche un salaire de Rs 7,800 depuis le mois de février, après avoir pris de l’emploi comme General cleaner dans une école primaire. “C’est un changement de vie pour moi et ma famille. Pendant neuf ans, j’ai travaillé comme garde-malade et j’arrivais à peine à toucher Rs 5,000. Les employeurs faisaient la pluie et le beau temps, et ce n’était jamais en notre faveur.” Aujourd’hui, ce surplus, excluant son allocation de transport, lui offre la possibilité de soutenir financièrement son mari dans les dépenses quotidiennes et de s’accorder quelques petits plaisirs.

Ce n’est ni ce mois-ci ni ses prochains salaires qui viendront changer quelque chose dans la vie de Sujaata. Cette employée de maison, âgée de 65 ans, travaille depuis 27 ans, de lundi à samedi et de 8h à 14h, chez le même employeur. Son salaire actuel est de Rs 4,000. Même s’ils ont été plusieurs dans son entourage à lui avoir expliqué qu’elle aurait dû toucher plus, cette veuve de Nouvelle France ne compte ni le dénoncer ni lui demander plus. “À mon âge, c’est difficile de trouver un travail. Si misie-la pa anvi aplik lalwa kouma gouvernman inn deside, kouma ou le mo dir li kiksoz ?” Même si elle est consciente qu’avec un salaire minimal, elle aurait pu mieux remplir “mo tant rasion”.

Un peu de réconfort.

Pour Annick, habitante de Plaisance, la démarche d’introduire le salaire minimum a d’abord été perçue comme une reconnaissance. “Anfin bann ti-dimounn ki pa fer travay an kostim-kravat finn gagn inpe latansion depi gouvernman. Il y a trop d’injustice et d’inégalités entre les riches et les pauvres.” Elle était à peine âgée de 17 ans quand elle a commencé à travailler dans une usine textile. Plus de quinze ans après, la machiniste n’avait toujours pas franchi le cap de Rs 5,500 par mois, malgré le fait de cumuler des heures supplémentaires. Aujourd’hui, son porte-monnaie se porte nettement mieux, avec un ajout d’environ Rs 3,800. “Je mentirais si je disais que tout va bien maintenant. Oui, j’ai été déçue que le montant ne soit pas plus fort, mais il y a au moins un début de progrès. Surtout pour moi qui ai dû m’endetter pour construire deux petites chambres. Si pour certains Rs 3,000 n’est pas grand-chose, croyez-moi que cela m’apporte un peu de réconfort. Pour la première fois de ma vie, j’ose acheter certains produits alimentaires haut de gamme dont je me suis privée jusqu’ici.”

Frustré.

Reeyad conçoit que cette hausse de salaire a eu un impact positif. Depuis janvier, ce laboureur dans l’industrie sucrière perçoit un montant de Rs 444 par jour, au lieu de Rs 428. Mais il ne peut s’empêcher d’être frustré. “Cela m’a pris tellement d’années de sacrifices et de dur labeur pour avoir un salaire de Rs 5,328 chaque quinzaine. Mais un employé qui commence à travailler aujourd’hui obtient pas moins de Rs 8,000. Le temps de service aurait dû être pris en compte pour calculer le salaire minimum. Je ne me sens pas logé à la même enseigne.”

Alimentation, éducation, remboursement de dettes sont les priorités de ces travailleurs à bas salaire. “J’aurais aimé épargner et mener une vie plus aisée. Mais lorsqu’on touche un salaire minimum, il y a des rêves et des projets auxquels on n’a pas encore droit”, rumine Kurtis, dont la fiche de paie a connu une hausse de Rs 1,300. Pour ce maçon qui exerce dans une compagnie privée, “c’est bien joli de dire que les gens touchent dorénavant un salaire décent. Mais ce soi-disant cadeau nous permet de survivre seulement, surtout pour des familles ayant des enfants”.

En effet, même si le barème salarial a été fixé à Rs 8,140 pour ceux qui travaillent à plein-temps et à Rs 9,000 pour les travailleurs de la zone franche, les dépenses mensuelles de ces employés, à l’instar de Geneviève, Annick ou Reeyad, demeurent sous surveillance. “Li pa reprezant kou lavi ki pe kontigne ogmante tou le mwa. On en est presque à la case départ. On nous donne un peu plus d’argent mais on nous en reprend aussi plus.”

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