Salaires impayés : Des ouvriers étrangers portent plainte au ministère du Travail

« Certaines compagnies profitent du confinement pour abandonner les travailleurs étrangers », estime le syndicaliste Fayzal Ally-Beegun

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Une cinquantaine d’ouvriers étrangers engagés dans la construction sont descendus hier au siège du ministère du Travail, à Port-Louis, afin de porter plainte pour un important retard dans le paiement des salaires depuis au moins trois mois. Fayzal Ally-Beegun, qui a pris la défense des travailleurs, soutient que leur protestation « n’est que la partie émergée de l’iceberg », car les ouvriers étrangers « ont fait face à une série de problèmes » durant la période de confinement.

Selon lui, plusieurs employeurs attendent que la Mauritius Revenue Authority (MRA) décaisse une partie des salaires avant d’en faire de même. Et d’affirmer que les inspecteurs du ministère du Travail prennent actuellement les doléances des travailleurs « par téléphone ». Il explique : « Il est temps de rouvrir les bureaux du ministère et d’appliquer la distanciation sociale pour être à l’écoute des ouvriers indiens. Il est temps de rouvrir car beaucoup de travailleurs du pays souffrent pendant cette période de confinement. » Et de noter le cas d’une « cinquantaine de travailleurs de Lemon Construction Ltd » qui, selon lui, « ont porté plainte aux autorités, car ils n’ont pas touché leur salaire depuis environ trois mois ».

Le syndicaliste devait par ailleurs souligner qu’une compagnie « spécialisée dans les travaux en aluminium », et se trouvant à Goodlands, n’aurait « pas payé des ouvriers malgaches pendant au moins cinq mois ». Et ce n’est pas tout, poursuit-il, prenant le cas d’un autre directeur de compagnie de construction et dont les ouvriers étrangers, dit-il, « n’ont pas été rémunérés pendant au moins quatre mois », ainsi que d’une autre société de construction, basée cette fois à Petite-Rivière, et dont les travailleurs étrangers attendent toujours leur paie depuis « au moins quatre mois », selon le syndicaliste. Tous ces directeurs d’entreprises, affirme-t-il, « jettent le blâme sur la MRA ».

« Ce n’est pas juste. Il était question que les employeurs effectuent au moins 50% des paiements des salaires et que la MRA s’occuperait du solde. Il est temps que les inspecteurs obligent ces employeurs à payer la moitié du salaire de leurs ouvriers en attendant que la MRA fasse le nécessaire », tonne le syndicaliste. Et de souligner que certaines compagnies sont « en train de profiter de cette période de confinement pour abandonner les travailleurs étrangers ». Il continue : « Cette façon de faire n’est pas humaine. Kan zot bizin li pou tir so zi, li ti korek. Li pe travay mason, dan lizinn. Mintenan, to abandonn li dan bann moman parey akoz enn viris. Ce n’est pas humain. Travayer pa gagn lapei, rest dan dortwar, pa sort ditou. Nou, nou ena omwin enn fami akot zot, me bann etranze pena fami isi. »

Le syndicaliste affirme connaître des cas de travailleurs étrangers à court de nourriture et obligés de vivre « dans des dortoirs qui sont dans un état lamentable ». Et de conclure en affirmant que la Special Migrant Unit du ministère du Travail a déjà convoqué un directeur de compagnie de construction de Goodlands « pour lui réclamer des explications à ce propos ».

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