SANTÉ—ACCESSOIRES MÉDICAUX: Conflits autour d’un appel d’offres lancé en décembre

Un exercice d’appel d’offres pour des accessoires médicaux (implants et prothèses pour genoux, hanches…), lancé en décembre dernier par le ministère de la Santé, suscite la polémique parmi certaines entreprises qui avaient fait acte de candidature. Au centre du problème : un Technical Evaluator, médecin de profession, qui a collaboré à la rédaction de l’appel d’offres et qui se trouve également au sein de l’Independent Review Panel (IRP), chargé d’examiner les plaintes des candidats s’estimant lésés dans le processus de sélection. Débouté par ces candidats, l’homme devait se dédouaner en arguant que « le Central Procurement Board (CPB) m’a donné son aval ». Or, déplorent ces responsables d’entreprises, « le CPB n’est pas une autorité habilité à prendre de telles décisions ! »
Ils déplorent « le total manque de transparence, de good governance, d’indépendance et de neutralité » et regrettent « tant que le ministre de la Santé et le Premier ministre ne s’intéressent pas aux pratiques malhonnêtes qui ont cours dans nos institutions, gangrenant ainsi la confiance du peuple ! », dans ce type d’exercice. Ces personnes sont quelques responsables d’entreprises qui avaient, en décembre dernier, fait acte de candidature pour cet appel d’offres lancé par le ministère de la Santé, à l’effet de fournir des implants et accessoires médicaux et orthopédiques pour les hôpitaux de l’île.
« C’est un panel, constitué de cinq consultants des hôpitaux nationaux qui procède à la sélection des actes de candidature. Il y avait 85 items listés dans l’appel d’offres », explique l’un des représentants de ces entreprises au Mauricien.
En mars dernier, une communication est envoyée aux entreprises pour les informer des répartitions et des sélections faites par le ministère dans les différentes catégories incluses dans l’appel d’offres. « À ce stade, souligne l’un de nos interlocuteurs, nous, en tant qu’entrepreneurs et candidats, avons droit de challenge la décision concernant la sélection si nous estimons que nous avons été lésés d’une manière ou d’une autre. »
Quelques entreprises ayant fait acte de candidature ont eu recours à cet exercice, « car certains parmi nous fournissent des équipements à des prix moins coûteux que les entreprises qui ont été sélectionnées. De même, certains d’entre nous ont présenté des équipements qui corroboraient exactement aux critères et normes établis selon l’appel d’offres, mais n’ont pas décroché le contrat… » De ce fait, ils ont sollicité le recours à un tribunal d’appel.
La procédure normale veut qu’un Independent Review Panel (IRP), « sorte de tribunal, indique encore un de nos interlocuteurs, soit appelé à écouter ces doléances et à prendre une décision. Un juge, une chairperson et un assesseur, entre autres, siègent sur ce board ». L’exercice du IRP s’est déroulé, le jeudi 16 mai. Or, précisent nos interlocuteurs, « quelle n’a pas été notre surprise de découvrir parmi les membres du board, qui se doit d’être neutre et indépendant, un médecin qui a participé à l’élaboration de l’appel d’offres ! Quand nous nous sommes élevés contre sa présence, puisque nous estimons, qu’il est ainsi juge et partie, et que l’exercice manquait de transparence, ce médecin a eu le culot de nous répondre que “le Central Procurement Board (CPB) m’a donné son aval quant à ma présence, ici” ».
« Révoltés » par cette attitude, ces représentants d’entreprises ont sollicité du IRP « qu’une décision finale soit prise à cet effet. Nous ne voulons pas qu’il y ait d’ingérence ou source de conflit d’intérêts dans cet exercice. Nous avons été informés qu’une nouvelle réunion sera convoquée ce mardi 21 mai. Et nous espérons, fermement, que les mauvaises pratiques dont nous avons été témoins, ne feront plus obstacle. »
Toutefois, relèvent nos interlocuteurs, « nous souhaitons, encore une fois, attirer l’attention des autorités, surtout le ministre de la Santé, Lormus Bundhoo, de même que le Premier ministre, Navin Ramgoolam, que de telles pratiques malhonnêtes ont cours dans nos institutions. S’ils s’intéressaient un peu plus près à ces instances et leurs fonctionnements, peut-être que la confiance régnerait mieux et que leurs gestions seraient plus fiables ! »

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