SANTÉ: Campagne de l’UNA pour le don d’organes

De nombreux malades ont une mauvaise qualité de vie en l’absence d’un organe en bonne santé, tel le rein, par exemple, qui aurait pu prolonger leur vie, ne serait-ce que de quelques années. Mais, très peu de personnes sont intéressées à faire don de leurs organes en raison de l’absence d’une loi régissant le don et la transplantation d’organes afin de prévenir les abus et donner confiance aux donneurs et aux bénéficiaires. La United Nations Association (UNA) mène, depuis peu, une campagne de sensibilisation et d’éducation auprès de la population pour qu’elle soit mieux informée sur ce sujet et pour que le gouvernement introduise au plus vite une telle loi au Parlement.
Un jeune de 17 ans se trouve dans une situation difficile actuellement car il souffre, depuis quelques mois, de ses reins à cause d’un taux élevé de créatinine dans son sang. Il a quitté l’école et il subit trois sessions de dialyse par semaine. Seule une transplantation peut lui sauver la vie. Son père entreprend les démarches pour trouver un rein. « Je suis prêt à lui faire ce don mais les médecins hésitent car je ne jouis pas, non plus, d’une très bonne santé », déclare-t-il. Ils sont nombreux, les Mauriciens qui souffrent de leurs reins et ils sont de plus en plus jeunes à atterrir à l’unité de dialyse des hôpitaux. Dans la plupart des cas, le diabète et l’hypertension en sont la cause. Certains, mais très peu, trouvent un donneur dans leur famille et s’en sortent. La plupart restent sous dialyse pendant un certain temps avant de décéder faute d’avoir pu trouver un donneur.
Le Dr Razack Barkatoolah explique : « Quelqu’un dont les reins ont failli est connecté à une machine trois fois par semaine. Il ne peut vivre normalement, il ne peut boire beaucoup, il doit prendre des médicaments. Sa qualité de vie n’est pas la même. C’est quelqu’un qui est en sursis. Par contre, si on lui fait une transplantation, il va vivre comme vous et moi. » Ceux qui ont fait don d’un organe hésitent à témoigner, le sujet étant encore tabou à Maurice. Ram Nookadee, la cinquantaine, a bénéficié d’une greffe de la cornée avec un organe venu d’Afrique du sud, il y a longtemps. Il tient à en parler pour encourager les gens à faire don de leurs organes qui peuvent encore servir à d’autres après leur décès. « Ma vision n’était pas bonne et j’ai opté pour la transplantation de la cornée. Elle ne s’est pas beaucoup améliorée mais je peux dire que je n’ai jamais eu de problème après cette opération. Je pense qu’avec les nouvelles techniques médicales, ça ira mieux pour les autres malades », dit-il. Sujata, la quarantaine, vit aujourd’hui grâce au rein d’un ami. La transplantation a mis un terme à ses souffrances. Elle souhaite, après sa mort, faire don de ses organes, tout comme Guy, 81 ans. « J’aimerais bien pouvoir aider les autres après ma mort. J’ai déjà annoncé ma décision à ma famille pour qu’il n’y ait aucun problème après mon décès », déclare-t-il. Guy estime que c’est la peur et l’égoïsme qui empêchent les gens de penser au bien-être des autres. « Il faut le faire pour aider la race humaine à continuer à vivre », ajoute-t-il. D’autres personnes également sont de l’avis de Guy. Elles souhaitent, elles aussi, faire don de leurs organes mais disent attendre la loi pour aller de l’avant.
D’où la démarche de l’ONG United Nations Association (UNA) qui éduque et sensibilise les Mauriciens sur l’importance du don d’organes. Elle s’adresse aussi aux autorités pour qu’elles introduisent une loi au plus vite en vue de résoudre ce problème de santé. Une tentative avait été faite dans ce sens en 2006 mais les choses n’avancent pas dans ce domaine. Nunkeshwar Bossoondyal, principal animateur de cette ONG, soutient : « Nous avons constaté un manque d’organes à Maurice pour soigner les malades, surtout à cause des maladies rénales liées au diabète. Nous ne pouvons continuer à prendre des organes des autres pour soigner nos malades. Nous devons savoir aussi faire don de nos organes. » Pour cela, il faudra un encadrement légal. Il n’y a, pour l’instant, aucune loi qui régit cet exercice à Maurice. Les gens hésitent, craignant la malhonnêteté, comme c’est arrivé dans d’autres pays — en Allemagne, en Angleterre et en Turquie récemment. Me Rubna Daureeawoo souhaite que cela se passe dans la transparence. « La loi doit pouvoir rassurer et protéger les gens pour qu’il n’y ait pas d’abus. Il faudra aussi qu’elle donne confiance, qu’elle soit solide pour que les donateurs puissent venir de l’avant », dit-elle.
Actuellement, une douzaine de transplantations rénales sont effectuées annuellement à Maurice entre personnes membres d’une même famille. L’espoir des autres malades repose sur une loi qui permettrait la création d’une banque d’organes afin de les aider à améliorer leur qualité de vie.

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