SANTÉ—MÉDECINS ÉTRANGERS: “Remous” au Medical Council

Depuis quelques semaines, les professionnels de la médecine réunis au sein de l’organisme d’État, le Medical Council, disent avoir « un sérieux problème sur les bras ». Selon les renseignements glanés des uns et des autres, qui préfèrent garder l’anonymat, « car des personnes très influentes sont concernées », ces médecins témoignent de leur « grande confusion ». L’origine du problème : « Une affaire concernant une personne de l’entourage direct du Premier ministre et le projet faire amender les règlements du Medical Council s’agissant de conférer le droit à des médecins étrangers, spécifiquement, de France, de venir exercer à Maurice, alors que ceux-ci ne détiennent pas les diplômes requis ! »
L’affaire remonte à « quelques mois, quand un patient, qui s’avère être très proche du Premier ministre, s’est fait soigner par un certain B. E, originaire de France. À l’issue de son traitement, ce proche du PM a déclaré à gauche et à droite qu’il avait été “miraculeusement guéri” par le médecin en question », expliquent les médecins qui ont souhaité confier leur problème au Mauricien. Peu de temps après, continuent nos interlocuteurs, « nous avons appris que le Dr B. E en question avait obtenu la nationalité mauricienne et ce, en un temps plus que record… » Ils avancent que le médecin français aurait décroché son passeport mauricien « en à peine une dizaine de jours… Et quand on sait ce que ça représente, avec toutes les procédures légales qu’une telle démarche encourt… Cela nous a laissés plutôt pantois ».
Néanmoins, ce n’est pas là que se pose le principal problème pour ces membres du Medical Council. L’affaire se corse sur une question d’éthique, précisent-ils. « Le médecin en question a bénéficié d’une procédure courante en France où, selon la discrétion d’un chef de clinique, une attestation est délivrée à un médecin qui n’a pas de diplôme en bonne et due forme, afin qu’il puisse pratiquer dans d’autres centres de santé et institutions spécialisées. » Nos interlocuteurs font ressortir qu’ils n’ont « rien contre cela, aussi longtemps que cette pratique reste en France ; puisque telle n’est pas la pratique à Maurice ! Car notre constitution et, plus particulièrement, les lois qui régissent le Medical Council, sont très claires sur la question : tout médecin souhaitant pratiquer à Maurice peut le faire moyennant être détenteur de diplômes en bonne et due forme. » Il y va « de la santé des Mauriciens et de notre sécurité », soulignent ces médecins.
Or, déplorent ces membres du Medical Council, « après l’exemple de B. E, nous nous sommes retrouvés soudainement avec une série de demandes de la part de divers médecins français qui veulent venir pratiquer à Maurice mais qui ne sont pas détenteurs de diplômes qui se respectent ! Ils ont formulé leur demande et depuis, nous, au Medical Council, nous nous retrouvons avec un sérieux problème : nous avons entendu dire qu’il y aurait des amendements sous peu aux règlements en vigueur s’agissant de permettre aux médecins étrangers de venir pratiquer chez nous. Cela, avons-nous compris, parce qu’une pression est exercée sur le pouvoir après ce premier triste exemple… » Ces médecins craignent en effet que « les autorités modifient les règlements du Medical Council afin de permettre à ces médecins français de venir pratiquer ici ».
Certains des professionnels de la médecine interrogés indiquent que leurs craintes se sont précisées parce qu’« en très haut lieu, on nous a même demandé de produire des documents relatifs à la constitution du Medical Council. D’après les renseignements que nous avons obtenus, il est question de débattre de l’affaire au niveau du conseil ministériel afin que les règlements soient modifiés et pour que ces médecins demandeurs puissent venir pratiquer à Maurice ».
Ce contre quoi ces membres du Medical Council s’insurgent fortement : « Nous avons des lois très spécifiques et claires et qui veillent à la bonne marche des choses. Nous ne voulons pas pointer du doigt des confrères étrangers, mais s’ils ne sont pas détenteurs de diplômes en bonne et due forme, nous avons de quoi émettre des doutes… Nous comprenons qu’il s’agit d’une procédure acceptée et reconnue en France que d’octroyer ces attestations. Mais ce n’est pas le cas pour nous à Maurice. » Ce qu’appréhendent aussi ces médecins : « Nous ne voulons surtout pas mettre en péril la santé des Mauriciens. C’est un trop grand risque à prendre ! »
Ces médecins disent « faire confiance aux autorités concernées, à commencer par le ministre de la Santé et autant le Premier ministre. Nous souhaitons qu’ils se renseignent bien avant d’aller de l’avant avec un tel projet ».

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