Santé publique : le critère « at least eight years’ service » suscite des interrogations

— Des médecins craignent que des « juniors n’ayant pas suffisamment d’expérience » coiffent les « senior most », qui attendent une promotion

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L’appel à candidatures que vient de lancer le ministère de la Santé pour le poste de Medical Superintendent suscite des débats dans les hôpitaux. C’est le critère relatif au minimum d’années de service requis en tant que généraliste dans la fonction publique qui est diversement commenté. D’après l’appel à candidatures, tout Medical and Health Officer/Senior Medical and Health Officer comptant au moins huit années de service dans la fonction publique est éligible pour postuler. Or, des médecins ayant occupé des postes à responsabilités dans les hôpitaux ont des réserves vis-à-vis de ce critère « at least eight years service », estimant « insuffisant » ce nombre d’années d’expérience. Ils craignent aussi que ce poste ne soit « taillé sur-mesure » pour certaines personnes. Mais des cadres au ministère de la Santé affirment que « la majorité des généralistes en fonction sont jeunes » et auraient moins de 12 années de service.

Dans la hiérarchie de l’administration d’un Regional Hospital (par exemple l’hôpital Jeetoo et l’hôpital Victoria), le Medical Superintendent est le deuxième poste le plus élevé après celui de Regional Health Director (RHD). Quand ce dernier est absent de l’hôpital, c’est le Medical Superintendent qui prend le relais de l’administration de l’établissement. Dans l’appel à candidatures en date du 27 septembre pour ce poste de Medical Superintendent, la PSC stipule que la sélection sera faite « from among officers in the grade of Medical and Health Officer/ Senior Medical and Health Officer who reckon at least eight years’ service ».

Selon les plus anciens dans le service hospitalier, ainsi que des médecins à la retraite, ce poste a de tout temps été confié aux généralistes ayant un grade de « Senior Medical & Healh Officer » et ayant entre 15 et 20 ans de métier, et parfois plus. Aux dires de nos interlocuteurs, ce “Senior most” a eu le temps de travailler dans presque tous les départements d’un hôpital régional et a aussi été en service dans les établissements spécialisés, comme à l’hôpital ENT et à l’hôpital des yeux, et a travaillé dans les District Hospitals, comme celui de Mahébourg et de Souillac. Ils ajoutent que dans le passé, le postulant à la fonction de Superintendent devrait obligatoirement avoir travaillé pendant une période de pas moins de six mois dans le service de santé à Rodrigues.

« Et après plus de 15 années dans les différents types d’hôpitaux, la personne prenant la fonction de Superintendent a acquis suffisamment d’expérience pour gérer un établissement. Il est alors familier avec tous les rouages de l’administration d’un hôpital et il sait comment gérer les situations de crise » affirment nos interlocuteurs. Ces derniers sont catégoriques : « Les patients et le public sont de plus en plus exigeants, sans compter la gestion du personnel. Le barème de huit ans de service est trop peu pour occuper une telle responsabilité administrative ! »

Du côté du ministère de la Santé, certains officiers affirment qu’il y a « une raison valable » à la décision prise par le ministère de fixer à huit ans le minimum d’années de service requis pour être éligible à ce poste. Ces officiers évoquent ainsi la présence d’un « personnel médical très jeune dans le service hospitalier public ». Un cadre du ministère affirme ainsi au Mauricien : « La grande majorité de nos généralistes dans les hôpitaux ont entre 10 et 12 ans de service. On peut compter sur les doigts ceux qui ont plus de 15 et 20 ans de service, mais ces personnes sont presque arrivées à l’âge de la retraite et ne sont pas intéressées par cette fonction. » Et d’ajouter : « Confier ce poste à un jeune ne signifie pas que la personne n’a pas les compétences nécessaires. »

De vieux routiers de la profession médicale reconnaissent qu’il y a une présence remarquable de jeunes confrères dans les “mess rooms” depuis quelques années. Toutefois, ils maintiennent qu’une expérience de 12 ans à 15 ans comme généraliste dans le service public « aurait été plus raisonnable » comme critère pour accéder à ce poste de Medical Superintendent. « Pourquoi le ministère, dans cet appel à candidatures, a-t-il précisé spécifiquement “at least eight years’ service”, et non pas 9 ou 10 ans ? On espère que ce poste n’a pas été taillé sur-mesure pour caser à la veille des élections des personnes déjà identifiées… Nous suivrons avec intérêt les prochaines nominations », disent quelques médecins.

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