SANTÉ PUBLIQUE : Sommes-nous tous vraiment à l’abri d’une épidémie ?

« En se prévalant de l’existence, depuis 2009, d’un protocole établi intitulé ‘Operational Plan for the prevention and control of Chikungunya and dengue in the Republic of Mauritius’ qui a fait ses preuves, nous avons toutes les raisons de penser que l’île Maurice est préparée à faire face à toute nouvelle menace d’épidémie importée ». C’est ce qu’une source crédible du ministère de la Santé et de la qualité de la vie a confié à notre confrère du Mauricien, vendredi dernier. En l’absence au pays du ministre de tutelle, Anil Gayan.
Notre confrère interrogeait sa source évidemment à propos de l’explosion du Zika, maladie qui actuellement fait des ravages dans les pays de l’Amérique latine, notamment en Haïti et, surtout au Brésil, pays d’où nous sont venus près de 1049 touristes l’année dernière. La précision « épidémie importée » est, toutefois, très appropriée, car elle n’exclut pas que l’épidémie puisse aussi être locale et le type de maladie différent ! 
Il n’y a, heureusement, pas encore d’indication que le Zika ait déjà franchi les océans Pacifique et Indien pour sévir chez nous. Mais, selon les experts, le moustique qui véhicule cette maladie, en l’occurrence, l’Aedes albopictus (ou moustique Tigre) est aussi bien présent sur le territoire mauricien où il transmet le Chikungunya et la dengue. Et, c’est là où la seule affirmation de l’existence d’un protocole ne suffit pas pour rassurer toute la population que le pays réellement à l’abri et qu’il n’y a donc pas lieu de trop s’inquiéter. Seules des opérations de fumigation généralisées à travers le pays susceptibles de détruire le maximum de foyers de vecteurs peuvent véritablement venir à bout des inquiétudes légitimes des citoyens. Or, il semblerait que, malgré les grosses pluies qui occasionnent des accumulations d’eau un peu partout dans l’île et la grosse canicule qui, sous l’effet combiné eaux stagnantes / forte humidité, permettent la prolifération des dangereuses bestioles, la fumigation a jusqu’ici été loin d’être constante. 
Rien que dans la capitale (Port-Louis) les foyers de moustiques sont encore trop nombreux et dans certains quartiers les équipes de fumigateurs du ministère concerné se font attendre avec une certaine angoisse. Certes, on a vu une équipe d’employés du ministère de la Santé en action à Plaine Verte, la semaine dernière, mais, à Pointe-aux-Sables, par exemple, les autorités sanitaires et municipales semblent toujours peu préoccupées par les terrains qui, mal entretenus par leurs propriétaires, sont devenus des dépotoirs à ciel ouvert. S’y retrouvent, pêle-mêle, boites de conserve et vieux pneus, bref tout ce qui peut conserver de l’eau stagnante et faire le nid des moustiques. Le problème est, convenons-en, davantage compliqué par l’incivisme de voisins inconscients, mais, est-ce une raison pour que tout le monde paie ensuite les pots cassés et soit exposé à une éventuelle épidémie ? Malgré de fréquentes requêtes qui ont été adressées à la municipalité de Port-Louis, édiles et administrateurs dits responsables en sont encore à s’interroger et à puiser dans la caisse publique pour nettoyer les terrains abandonnés à l’insu du propre gré de leurs propriétaires et ensuite les taxer, ou continuer à les traquer à la loupe, sans garanti de les retracer tous afin de les contraindre à assumer leurs devoirs de garder l’environnement propre ?
Mais, en attendant que municipalité, gouvernement central, ministère de la Santé et celui de l’Environnement se décident d’agir de concert, les moustiques prolifèrent. Qui sera responsable si, véritablement, l’inaction débouche sur une épidémie ?

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