Santé – Secteur privé : Des médecins du privé s’interrogent sur la présence de leurs homologues étrangers

Une centaine de médecins étrangers exercent dans le service privé à Maurice, soit une trentaine en tant que généralistes et les autres dans des domaines de spécialités qui ne sont pas rares à Maurice. Aussi leur présence suscite certaines questions dans certains milieux de la profession médicale. Ces médecins étrangers empiéteraient-ils sur les plates-bandes de leurs confrères mauriciens pour que ces derniers commencent à prêter attention à leur présence ?

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D’après le registre du Medical Council, 89 médecins étrangers (30 généralistes et 59 spécialistes) détiennent actuellement un “Certificate of Temporary Registration”. Pour travailler à Maurice, les médecins étrangers doivent en effet détenir un permis de travail ainsi que d’autres permis exigés par les autorités. En outre, ils doivent satisfaire à un certain nombre de critères fixés par le Medical Council pour l’obtention de leur “Certificate of Temporary Registration” donnant droit à la pratique du métier. Quant aux médecins souhaitant exercer en tant que spécialiste, ils doivent obligatoirement prendre part à un examen oral, lequel est conduit par le Post Graduate Medical Education Board du Medical Council, et ce afin d’évaluer leurs connaissances et leurs compétences dans le domaine où ils veulent proposer leurs services.

« La loi du Medical Council concerne tous les médecins exerçant dans le pays, y compris les étrangers », affirme ainsi le Dr Kailesh Jagutpal, président du Medical Council. « Les critères pour l’enregistrement sont les mêmes pour les Mauriciens et les étrangers, et on applique les mêmes règlements en cas d’allégations de négligences médicales ou d’autres mauvaises pratiques », poursuit-il. Si pour certains médecins mauriciens, le nombre de ressortissants étrangers travaillant à Maurice paraît « négligeable », estimant dès lors qu’il n’y a « pas lieu de s’inquiéter » de leur présence, d’autres, eux, ne sont pas du tout du même avis et appréhendent une « présence étrangère plus nombreuse » dans les cinq années à venir.

L’augmentation graduelle du nombre de médecins étrangers constituerait-elle une menace pour l’emploi des médecins mauriciens ? La question reste posée. Mais il est bon de souligner que le nombre de médecins mauriciens a considérablement augmenté, donnant lieu par la même occasion à une certaine concurrence dans la pratique de la profession depuis quelques années. À titre d’indication, à Maurice, on n’est pas loin de la barre des 3 000 médecins pour 1,3 million d’habitants.

« Nous ne sommes pas contre la présence de médecins étrangers dans le pays, car il est bon qu’il y ait un partage de connaissances et de savoir-faire dans certains domaines de la médecine, et ce dans l’intérêt des malades et de la profession », répond un généraliste connu, exerçant dans le privé depuis plusieurs décennies. Plusieurs médecins pensent cependant que le recours aux étrangers devrait, en principe, « concerner des filières de spécialisations pour lesquelles les compétences sont rares ou n’existent pas à Maurice ». Or, selon leur constat, la réalité est tout autre, d’où un certain mécontentement.
« Des cliniques privées recrutent des spécialistes étrangers qui exercent par la suite comme généralistes dans ces établissements, alors qu’il y a de jeunes médecins mauriciens qui cherchent du travail. Le recours aux étrangers dans certaines cliniques est une pratique abusive », s’indigne un vieux routier de la profession. L’ouverture de cabinets de médecins étrangers, dans certaines régions du pays, particulièrement dans le nord, donne également lieu à une certaine crainte pour l’avenir professionnel de jeunes médecins.

Plusieurs professionnels de la santé souhaitent aujourd’hui que les autorités exercent un meilleur « contrôle » sur le recrutement des médecins étrangers. « Il est vrai que dans des spécialisations très pointues, nous manquons de compétences, mais il n’est pas raisonnable de faire venir des étrangers dans des domaines où il existe déjà des spécialistes sur le plan local », ajoute pour sa part un dirigeant du Medical Council. « Mais le Medical Council n’est pas habilité à vérifier l’emploi des étrangers, ni ne peut empêcher un spécialiste étranger d’exercer comme généraliste du moment qu’il respecte les critères pour pratiquer dans notre pays », ajoute un responsable du Medical Council.

Par ailleurs, des médecins étrangers sont aussi concernés par des plaintes déposées ces dernières années au Medical Council et relatives à des négligences médicales alléguées. Cependant, dans plusieurs cas, avant que le Medical Council n’ait le temps de boucler son enquête, ces médecins étrangers ont déjà quitté le pays. « Lorsque nous faisons face à cette situation, nous envoyons un dossier complet de notre enquête à l’Ordre des Médecins du pays où est enregistré le médecin qui aurait fauté », indiquent les responsables du Medical Council.

En outre, par rapport aux allégations de mauvaises pratiques, des médecins mauriciens citent ces jours-ci le cas d’un spécialiste étranger employé « dans une grande clinique » et qui aurait prodigué un traitement à un patient « par téléphone », autrement dit sans l’avoir examiné, ajoutant que le médicament prescrit aurait été fatal au malade. Le Medical Council affirme cependant n’avoir reçu aucune plainte à ce sujet.

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