SBCG : Rush matinal aux bureaux de poste

Depuis très tôt ce matin, le Special Desk Super Cash Back Gold, opéré dans les bureaux de poste de l’île, a été pris d’assaut, du fait de la distribution de formulaires d’enregistrement des 24 000 victimes ayant contribué à quelque Rs 23 milliards de ce qui a été transformé en cagnotte exclusive du clan Rawat. D’autre part, de premières divergences ont été notées au sein du comité de soutien aux victimes de l’arnaque BAI après la marche de protestation d’hier entre le Champ-de-Mars et le Jardin de la Compagnie. L’intervention, jugée « outrancière », de Salim Muthy, ne correspondrait pas aux aspirations des manifestants et une décision visant à le tenir à l’écart pourrait être entérinée cet après-midi.
À la mi-journée, le flux des victimes de la One-Time Endowment Policy de la BAI vers les bureaux de poste était considéré comme satisfaisant. À l’ouverture des bureaux de poste, il y a eu un rush initial, occasionnant des files d’attente, mais très rapidement, la situation est revenue à la normale. La grande majorité des victimes sont venues se procurer des formulaires, non seulement pour eux, mais aussi pour des membres de leur famille.
Un premier décompte effectué à 11 h indique que 8 000 formulaires ont été distribués par le Special Desk de la Poste, avec une moyenne de 400 à 500 dans chacune des plus importantes agglomérations de l’île, dont Port-Louis, Vallée-Pitot, Mahébourg, Curepipe et Rose-Hill. Le cap des 12 000 formulaires, soit la moitié des victimes, pourrait être très probablement franchi demain, a compris Le Mauricien.
Ainsi, au bureau de poste de Vacoas, un homme a récupéré pas moins de 18 formulaires pour ses proches, preuve rappelant que des familles entières se retrouvent aujourd’hui sans le sou, le trou étant estimé à Rs 12 milliards dans les Assets de la BAI.
D’autres soutiennent qu’ils ont été convaincus par des agents de la BAI de s’engager dans des emprunts auprès de la défunte Bramer Banking Corporation Ltd en vue d’investir dans le Super Cash Back Gold. Le résultat, aujourd’hui, est qu’ils se retrouvent endettés auprès de la New Commercial Bank, et ce sans aucun return sur leurs placements.
Interrogé à la mi-journée, le Chief Executive de la Mauritius Post, Giandev Moteea, se déclarait « satisfait » du déroulement de cette première matinée. « À ce stade, nous n’avons pas encore fait le bilan chiffré de cette opération. Mais des milliers de formulaires ont déjà été distribués. La clôture est prévue le 5 mai, date à laquelle ce service sera encore disponible », a-t-il déclaré. Dans certains cas, des victimes ont déjà rempli leur formulaire et l’ont déposé dans des boîtes spécialement placées à cet effet dans les bureaux de poste.
Du côté de PwC, qui devra techniquement réceptionner un peu plus de 24 000 formulaires de réclamations à la date de la clôture, de nombreux appels téléphoniques ont été enregistrés. « Dans la majorité des cas, ceux ayant appelé étaient à la recherche de précisions sur les documents devant être remplis ou encore sur la manière de remplir leur formulaire », déclare une porte-parole de PwC.
Par ailleurs, au sein du comité de soutien aux victimes, la sérénité n’est pas de mise après la manifestation d’hier. De profonds désaccords ont en effet surgi du fait de l’intervention de Salim Muthy, réclamant avec force la démission du ministre de la Bonne gouvernance Roshi Bhadain tout en faisant de graves allégations. Le comité de soutien des victimes du Super Cash Back Gold affirme ainsi se retrouver dans une position « très embarrassante » à la suite de cette déclaration du travailleur social devant une foule estimée à un millier de personnes. Une réunion d’urgence a été convoquée pour ce soir afin de décider de son sort.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’intervention de Salim Muthy a pris le comité de soutien complètement à contre-pied alors que le rassemblement du jour dans la capitale tirait à sa fin. Après les déclarations de plusieurs membres, le travailleur social devait prendre la parole en dernier pour s’adresser aux manifestants. Salim Muthy a également formulé de graves accusations en avançant que deux personnalités percevront d’énormes commissions à la suite du démantèlement de l’empire Rawat. Visiblement gênés, et surtout pris au dépourvu par le discours du travailleur social, les membres du comité ont fait le point une première fois après la manifestation. Une réunion d’urgence a été convoquée pour ce soir en vue d’évaluer l’ampleur de la déclaration de Salim Muthy sur les prochaines actions et passer en revue toute la situation.
Dans une déclaration au Mauricien, Varen Andee, membre du comité de soutien, affirme que l’intervention de Salim Muthy pourrait avoir de graves répercussions, d’autant qu’une ligne de communication a déjà été ouverte entre l’hôtel du gouvernement et les victimes. « Jeudi dernier, nous avons rencontré le ministre Bhadain et il s’est montré très compréhensif. Désormais, il y a un contact établi entre le gouvernement et nous pour trouver une solution à ce problème. Salim Muthy a été trop loin dans son intervention et nous place dans une situation embarrassante. Nous nous rencontrons ce soir pour décider de son sort. Le ministre Bhadain avait affiché sa volonté de résoudre ce problème. L’intervention de Salim Muthy nous pose un vrai problème et nous espérons maintenant que le ministre fera preuve de compréhension à cet effet », dit-il.
Depuis l’éclatement du BAI Mega-Scam, ce n’est pas la première fois que Salim Muthy s’attire les foudres des victimes. Le travailleur social, dans une tentative de se présenter comme le porte-parole des épargnants touchés par l’écroulement de la BAI, lors d’une manifestation devant le Prime Minister’s Office (PMO) le vendredi 3 avril, en avait pris pour son grade. À sa sortie du PMO, où il aurait rencontré des Senior Advisors pour s’entretenir sur le cas des clients de la BAI et de la Bramer Bank, Salim Muthy devait en effet essuyer un sérieux revers face aux épargnants, ses explications n’étant alors pas jugées convaincantes. « To finn al bwar dite ar banla, aster to pe vinn rakont nou zistwar », pouvait-on entendre.

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