SC 2014 : Fraude en Hindi et en Litterature in Hindi, un acte jugé « sérieux et très grave » par les enseignants

Les fraudes aux examens de SC l’an dernier, impliquant des enseignants du secondaire, employés comme “personnes ressources” par le MES, et révélées dans Le Mauricien de mercredi dernier, sont diversement commentées dans les centres d’examens. Cette affaire de “tampering” des scripts a choqué nos profs du secondaire et, à l’unanimité, des dirigeants syndicaux du secondaire que nous avons interrogés condamnent sans réserve cet acte qu’ils jugent « très graves ». Tandis que le ministère de l’Education vient tout juste de démarrer une enquête – après que l’affaire soit étalée en public –, les garde-fous mis en place par le MES pour assurer la sécurité et la confidentialité des scripts ainsi que la correction des épreuves localement soulèvent plusieurs interrogations.
Pour rappel, lors de la correction des épreuves en Hindi et en Litterature in Hindi, en 2014, des correcteurs ont découvert deux écritures différentes sur plusieurs scripts tandis que les réponses originales données par les candidats à certaines questions avaient été modifiées. Les correcteurs ont relevé des éléments additionnels dans une écriture différente. Onze scripts pour Hindi et quatre pour Litterature in Hindi sont concernés par ce cas de “tampering”.
Mais ce n’est que récemment, soit une année plus tard, et depuis le début de la nouvelle saison d’examens de SC/HSC, que l’affaire est connue. Brenda Thanacoody-Soborun, la directrice du MES, en confirmant au Mauricien mercredi dernier ce cas de manipulation de scripts, a ajouté qu’une enquête est en cours depuis le mois de juillet. Elle a aussi informé que, dans le sillage de cette affaire, cinq personnes ont été écartées de l’organisation des examens cette année et de toutes les activités et événements organisés par le MES. Et l’une d’entre elles, au moment des faits, occupait la fonction de Supervisor d’un centre d’examens situé dans la Zone 2. Selon nos renseignements, cette personne était aussi le Chief Examiner au niveau local pour l’une des deux matières concernées par cette fraude. À ce titre, il était étroitement associé à la préparation du questionnaire de cette matière et était impliqué aussi directement dans la correction des scripts. « En général, un Chief Examiner, pour n’importe quelle matière, a un droit de regard à n’importe quel moment sur la correction. En principe, il est là pour voir si l’exercice de correction se déroule sans problème et de façon équitable. Il est le garant de la validité de l’exercice », explique une habituée de la correction du questionnaire de français.
Selon nos informations, le ministère de l’Education a ouvert une enquête en fin de semaine. Celle-ci concernerait spécifiquement le personnel de ses collèges qui serait concerné par ce cas de fraude. Cela fait donc une troisième enquête, puisqu’il y a eu celle de décembre 2014, menée et bouclée par les officiers de la haute administration du MES, mais qui est restée sans suite, et celle du MES qui est en cours depuis quatre mois.
Loin de ces enquêtes, des enseignants et des chefs d’établissements du secondaire se disent « choqués » par cette affaire. « Du jamais vu dans ma carrière d’enseignant ! » lâche avec agacement un prof d’anglais. « Il s’agit d’un incident majeur et grave. C’est le “talk” dans les centres d’examens depuis jeudi. On est en colère, mais aussi triste, parce que ce sont des enseignants qui sont cités dans cette affaire », poursuit ce prof d’anglais. Il n’est d’ailleurs pas le seul à souligner le « long silence » du MES sur cette affaire jusqu’à mercredi dernier. D’autant qu’il existe un rapport soumis par l’ancien directeur de cet organisme. « L’ancien directeur affirme qu’il a envoyé un rapport complet à Cambridge. Pourquoi donc une nouvelle enquête ? Et si la direction du MES a trouvé que ce rapport était incomplet, pourquoi a-t-elle attendu aussi longtemps pour démarrer une nouvelle enquête ? », questionnent ces profs.
Les profs commentant cette affaire se disent « étonnés » qu’une telle fraude a pu se produire en raison des procédures relatives à la collecte des scripts et de leur transfert du centre d’examens jusqu’aux locaux du MES. « Il y a un protocole très clair à ce sujet. Il y a une série de directives données par le MES pour garantir la sécurité et la confidentialité des scripts », soutiennent ces enseignants, précisant que toutes les étapes fixées dans ce protocole se déroulent en présence de témoins. En outre, le personnel concerné doit apposer sa signature sur plusieurs documents attestant ainsi du respect des procédures. « Est-ce possible que ces garde-fous n’aient pas été respectés ? », s’interrogent ces professionnels du secondaire. En principe, les enveloppes contenant les scripts sont scellées par le responsable du centre d’examens en présence de son assistant ou d’un autre témoin, de même que la remise des enveloppes aux Coordinators (personnes chargées de la distribution des questionnaires aux centres d’examens et du transport des scripts des candidats jusqu’au MES).
Mais c’est par rapport à la correction des épreuves à Maurice que cette affaire est largement commentée dans le secteur du secondaire. Ce cas de “tampering” jette des doutes sur la fiabilité du système de correction. « C’est sûr que cela créera des doutes dans la tête de la population », admettent quelques enseignants qui travailleront cette année dans la correction de certaines épreuves. « La correction se déroule selon les “guidelines” de Cambridge et les correcteurs font preuve de professionnalisme. Ce n’est pas à cause des manquements de certaines personnes que le système est vicié. N’oublions pas que ce sont des correcteurs qui ont signalé ce cas de maldonne aux responsables du MES », réplique un correcteur.
D’anciens cadres du MES, tout en affirmant que cet organisme a un système « bien rodé » dans l’organisation des examens internationaux, ne suggèrent pas moins une vigilance accrue chaque année. « Il faut toujours être vigilant et ne pas prendre pour acquis ce qui a fonctionné correctement les années précédentes. On doit sans cesse travailler pour renforcer la sécurité. Ce cas de tricherie assez exceptionnel, car ce sont des adultes et des professionnels qui sont concernés, indique qu’il y a eu une faille quelque part. Il faut constamment améliorer pour déjouer autant que possible toute tentative de maldonne », dit l’un d’eux.

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