SCANDALE MEDPOINT : Inculpation de Pravind Jugnauth

Le rendez-vous de l’ex-VPM et ministre des Finances Pravind Jugnauth à l’Independent Commission Against Corruption (ICAC) dans l’affaire du scandale du siècle du rachat de la clinique MedPoint devrait confirmer les appréhensions et craintes entretenues par la direction du MSM. En effet, les indications et recoupements d’informations à la mi-journée pointaient vers une inculpation provisoire de Pravind Jugnauth pour le délit de conflits d’intérêts sous la Prevention of Corruption Act dans ce que l’ICAC présente comme la « MedPoint tainted financial transaction ». Il pourrait également se retrouver inculpé sous l’article 7 de la POCA. En début d’après-midi, d’importants dispositifs de police avaient été déployés aux alentours de la New Court House à Port-Louis en prévision d’une éventuelle comparution même si avant d’entrer au QG de la Commission, Pravind Jugnauth a demandé à ses sympathisants, regroupés au rond-point du Quai D, de se rendre au Sun Trust en attendant le dénouement de l’exercice de l’ICAC. Face à la décision de l’ICAC de l’inculper provisoirement, Pravind Jugnauth a fait valoir ses droits pour poursuivre ses explications sur l’affaire MedPoint «même ziska minuit».
Pravind Jugnauth, accompagné de ses conseils légaux, Mes Ravin Chetty et Girish Nunkoo (avoué), est arrivé à l’ICAC à 11 h 15 comme convenu. Une autre équipe d’hommes de loi, principalement des membres du MSM, en l’occurrence Mes Nando Bodha, Rashid Daureeawoo et Manoj Seeburn, avait également fait le déplacement en fin de matinée en vue de parer à toute éventualité. Mais ces derniers n’ont pu assister à la séance d’interrogatoire dans les bureaux de l’ICAC.
Moins d’une heure après, les premières réactions et expressions sur les visages de l’entourage politique du leader du MSM laissaient présager des intentions de l’ICAC. D’ailleurs, certains d’entre eux reprenaient la thèse que « la convocation Under Warning de Pravind Jugnauth par l’ICAC relève davantage d’une vendetta politique ».
Il était même question qu’il se fasse inculper provisoirement sous deux délits, dont celui de conflits d’intérêts (section 13 (2) de la POCA) et de la section 7 notamment les « Gratifications of Public Officials ». Néanmoins, aucune confirmation officielle n’était disponible à ce sujet, ni si le feu vert formel du commissaire de police Dhun Iswur Rampersad avait été sollicité pour l’arrestation et l’inculpation de l’ex-VPM et ministre des Finances.
Déjà vers 13 h, même si très peu de renseignements avaient transpiré de l’une des interrogation rooms de l’ICAC quant à la ligne de questioning adoptée ou encore la teneur des réponses ou des éclaircissements fournis par le leader du MSM, il était quasi impossible de confirmer de manière officielle si l’ICAC s’est appuyée sur deux documents du ministère des Finances en date du 23 décembre 2010 avec la signature de Pravind Jugnauth en vue de l’inculper provisoirement.
Entre-temps, la foule de badauds et de partisans du MSM aux abords de la New Court House grossissait devant la quasi-certitude d’une éventuelle comparution de Pravind Jugnauth, devenant ainsi le septième prévenu dans le scandale MedPoint.
« Rien à craindre »
Vers 13 h 30, Me Daureeawoo, qui devait rejoindre les journalistes tenus à distance des bureaux de l’ICAC, s’est montré avare de commentaires. « Je n’ai rien à déclarer », devait-il ajouter. Pressé par les journalistes devant des appréhensions sur son visage, il a ajouté que « je n’ai rien à craindre ».
Presque au même moment, Le Mauricien obtenait de sources proches de la direction du MSM que l’ICAC avait déjà signifié à Pravind Jugnauth son intention de l’inculper sous les dispositions de la POCA, dont le délit de conflit d’intérêt. Le leader du MSM devait répondre qu’il était intéressé à poursuivre son interrogatoire même «ziska minuit». De ce fait, la possibilité d’une comparution devant le tribunal cet après-midi était annulée.
Pour les sympathisants du MSM, la journée a été relativement longue. Très tôt ce matin, ils étaient déjà plus d’une centaine à tenir la principale toute d’accès menant aux locaux de l’ICAC. Pour parer à toute éventualité et pour garantir la sérénité du déroulement de l’interrogatoire Under Warning de Pravind Jugnauth, la police avait décrété une No Go Area (zone interdite) pour les piétons et automobilistes sur un périmètre d’une centaine de mètres autour des bureaux de la Commission anti-corruption.
De ce fait, la circulation vers le port ou autres bureaux avoisinants de cette région par le truchement de cette artère était perturbée avec des répercussions sur la fluidité du trafic sur l’autoroute du Nord à ce point névralgique. Les opérations de la police étaient placées sous la supervision du Deputy Commissioner of Police (DCP) Mario Nobin et de l’assistant commissaire Chandra Dip.
« La verite pou eklate »
L’arrivée de Pravind Jugnauth devait quelque peu bousculer le service d’ordre de la police. Néanmoins, personne parmi le public ou encore les membres de la presse écrite et parlée assurant une couverture de cette étape dans l’enquête sur le scandale MedPoint n’a pu traverser le barrage de policiers sur le rond-point du Caudan.
Le leader du MSM fut accueilli par des cris « Pravind ! Pravind ! » alors que des slogans anti-Ramgoolam furent vite réprimés par des membres de la force policière assurant le contrôle et le service d’ordre. « Pena pou fer désordre ! Laisse li allé trankil. Nou pe montré nou solidarité avek nou leader », devait-on entendre alors que Pravind Jugnauth tentait d’adresser quelques paroles à ses sympathisants. Il était alors peu après 11 heures.
« Navin Ramgoolam inn anpes mwa gayn accès à bann important dokiman konsey des minis pou mo asir mo defans. Mo asir zot la verite pou eklate malgre tou », a déclaré le leader du MSM avant de prendre la direction des locaux de l’ICAC. Mais à peine quelques pas effectués, Pravind Jugnauth devait serrer dans ses bras son épouse Kobita, qui avait fait le déplacement pour les environs de l’ICAC en compagnie de sa fille Solika.
Dans la foule des partisans se mêlaient des parlementaires et des dirigeants du MSM, dont Mahen Jhugroo, Sunil Dowarkasing, Prem Doonghoor et Sheila Grenade, entre autres. Pravind Jugnauth devait demander à la foule de veiller à ce qu’aucun dérapage ne survienne et de se regrouper dans l’enceinte du Sun Trust Building dans l’attente des développements.
Graduellement, les partisans du MSM devaient se disperser, avec le pôle d’attraction bougeant du QG de l’ICAC vers la New Court House, plus particulièrement la salle d’audience No 4 du tribunal de Port-Louis. En principe, la comparution en Cour de Pravind Jugnauth pour son inculpation provisoire sous les dispositions de la Prevention of Corruption Act dans l’affaire MedPoint aurait dû s’y dérouler.
D’importants moyens policiers ont été mis en place dès la fin de la matinée aux accès menant à la New Court House en vue d’assurer un contrôle et d’éviter tout débordement en cours d’après-midi.
D’autre part, en marge de l’interrogatoire Under Warning du leader du MSM, des développements sont intervenus dans l’enquête du Central CID sur les accusations de “Publishing False News” portées par le Premier ministre Navin Ramgoolam contre le leader de l’opposition Paul Bérenger. Ainsi, les enquêteurs du Central CID ont pris la décision de convoquer l’ex-ministre et président du MSM Showkutally Soodhun pour une séance d’interrogatoire au sujet de ses sources d’informations.
Showkutally Soodhun est attendu aux Casernes centrales mardi prochain pour répéter la teneur de sa déposition déjà consignée à l’ICAC. Cette affaire porte sur une rencontre alléguée entre le Premier ministre et le Dr Krishan Malhotra, et des instructions au Chief Government Valuer Yodhun Bissessur pour une deuxième évaluation de la clinique MedPoint, avec le coût passant d’un seul coup de Rs 75 millions à Rs 125 millions.
Le président du MSM soutient qu’il a tiré les conclusions au sujet de ces deux éléments dans le scandale MedPoint suite à une conversation avec le Premier ministre en personne dans le sillage de sa « demotion » au sein du conseil des ministres et du changement de ses responsabilités ministérielles.

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