Secondaire privé — Nelson College : Environnement modeste et chaleureux pour ses 55 ans

La nouvelle année scolaire pour le Nelson College, situé à Saint-Pierre, s’ouvre sur les 55 ans de l’établissement. Ce collège a ouvert ses portes le 12 janvier 1965 mais point de célébrations pour célébrer cet anniversaire et la contribution à l’éducation. L’événement est assombri par l’ambiance maussade qui prévaut dans le secondaire privé en général, mais aussi parce que le collège, ce matin, n’avait pas encore obtenu de la Private Secondary Education Authority le permis d’opération pour cette année. « Vous comprenez pourquoi le cœur n’est pas à la fête malgré ce joli parcours », confie au Mauricien Maurice Catian, fondateur et manager de l’école. N’empêche, les nouveaux admis en Grade 7 (Form I) et leurs parents ont été accueillis chaleureusement vendredi dernier par le staff et les responsables de l’école, qui ont réservé un accueil tout aussi enthousiaste à l’ensemble des élèves aujourd’hui.

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« Quand nous avons créé le Nelson College, il y avait trois autres collèges qui commençaient eux aussi dans la même région, mais ils ont fermé leurs portes après quelques années. C’est grâce à la confiance des parents que nous sommes toujours là après plus d’un demi siècle » dit avec fierté son manager. « Ce sont 55 ans de dévouement d’une équipe au service du pays. Notre plus grande satisfaction est d’avoir donné la chance aux enfants issus des familles pauvres de toutes les communautés à avoir accès aux études secondaires et de les accompagner », poursuit un Maurice Catian. des plus combatifs.

Il y a deux autres fondateurs de l’école, à savoir Wardaraj Sanassee, établi en Australie, et Marguerite Lagaillarde, aujourd’hui décédée. « Je suis le seul à continuer à mener la barque à bon port contre vents et marées et je le fais avec joie et détermination », dit Maurice Catian sans amertume. « Les qualités de fonceur et de leadership de l’amiral Nelson ainsi que son courage dans toutes les batailles navales qu’il a dirigées et remportées continuent à m’inspirer dans l’engagement que mes deux amis et moi avions pris en 1965 », ajoute le fondateur. Le nom de l’école vient donc de cette admiration pour l’amiral Nelson, qui avait servi dans la Royal Navy.

Le Nelson College, un établissement mixte jusqu’à la Form V, est toujours resté à l’ombre des « grands » établissements privés “grant-aided” et d’État durant ses 55 ans d’existence. Cette école fait partie de ces « ti kolej » menacés aujourd’hui de fermeture à cause du faible nombre d’élèves. La direction estime un nombre de 275 à 300 élèves pour cette année, dont 47 nouveaux admis en Grade 7 (“Main stream” et “Extended Stream”). « Il fut un temps où nous avions, avant la construction de 60 collèges d’État, jusqu’à 750 élèves ! Les parents viennent chez nous à cause de la discipline », affirme Maurice Catian.
Dans la région, le collège jouit d’une bonne réputation. Ce n’est pas le grand luxe, ni de grands bâtiments avec d’interminables couloirs, en nous rendant dans cette école.

Les responsables de l’établissement

L’environnement physique du Nelson College est très modeste et le contraste est saisissant par rapport aux infrastructures de qualité des autres établissements secondaires d’État et privés de la région. L’école, depuis son ouverture, est logée dans un vieux bâtiment n’appartenant pas aux directeurs du collège. La superficie des salles de classe est conforme aux exigences de la PSEA, mais il n’y a pas de fenêtres ni de portes en aluminium, et le sol n’est pas revêtu de larges carreaux céramiques antidérapants.

Il n’y a pas non plus de tableaux électroniques, ni de tables de travail modulables ou de chaises réglables. Les laboratoires et autres “specialists rooms” ne sont pas dotés de matériel dernier cri, mais les équipements essentiels et obligatoires pour le bon déroulement des travaux de nature pratique sont là. Le “staff room” est simple et il n’y a pas de bureau tape-à-l’œil à la disposition des administrateurs de l’école.

Pas d’environnement sophistiqué pour le laboratoire des sciences du collège

Dans les premières années de l’établissement, le propriétaire de cet emplacement n’hésitait pas à investir dans des travaux de réparation et de réaménagement afin que les lieux correspondent aux normes d’un bâtiment scolaire. Le management est conscient que cet encadrement physique est en déphasage total avec les nouvelles réalités de l’éducation.

« Après le passage du cyclone Gervaise, en 1975, la partie en bois a été détruite et nous avons alors construit un bâtiment en dur. Nous voudrions transformer le Nelson College en un établissement moderne et beaucoup plus spacieux, mais nous ne pouvons entreprendre des travaux de rénovation sans l’autorisation du propriétaire du bâtiment », explique Maurice Catian au sujet de l’état vieillot du bâtiment. « La maintenance des locaux est assurée régulièrement et le bâtiment de l’école est en bon état. » Néanmoins, il est rassurant de constater que les locaux de même que la cour de l’école sont propres et bien entretenus.

Mais ce n’est pas parce que les élèves du Nelson College évoluent dans un encadrement physique obsolète et qu’ils ne bénéficient pas de certaines facilités pédagogiques, récréatives et sportives disponibles dans les “star schools” que ce collège ne donne pas de résultats encourageants au plan académique et dans d’autres domaines.« Nous accueillons des élèves avec des résultats très faibles à la fin du primaire et le niveau académique de notre “intake’ en Form I est donc très faible », fait ressortir Mahen Appalsami, le recteur.

« Il y a des élèves qui ont le potentiel pour progresser et qui arrivent à décrocher leur diplôme de SC grâce à la patience et au dévouement des enseignants. Notre taux de réussite tourne autour de 50% et, dans le passé, nous avons déjà obtenu des élèves avec 10 à 11 unités », poursuit le chef d’établissement. Et la direction soutient ensuite ses meilleurs élèves en SC dans leurs démarches pour trouver une place dans un autre établissement pour leurs études de HSC.

Au-delà de l’enseignement académique, la formation globale du jeune reste la priorité des responsables, qui misent sur les différents clubs de l’école et une panoplie d’activités pour atteindre cet objectif. Le collège s’est souvent distingué dans des disciplines sportives et a été champion de volley-ball au niveau régional pendant plusieurs années consécutives. À l’école, on évoque aussi avec fierté le prix décroché pour le concours “Fleurir Maurice” il y a quelques années. « Nos élèves participent pleinement aux activités qui les motivent à être réguliers à l’école et leur permettent de développer leur personnalité », explique le manager.

Une ancienne élève rencontrée par hasard témoigne dans cette direction. « Je garde de bons souvenirs de mon école. Il y a une très bonne ambiance et j’ai apprécié la formation que j’ai reçue en général. Je travaille aujourd’hui à l’Alliance française. Ma fille n’était pas satisfaite du collège où elle était et m’a demandé de la faire admettre ici », nous dit cette mère de famille.

Alors que le calendrier scolaire 2020 a démarré, le directeur et le personnel du Nelson College sont déconcertés par cette longue attente pour l’obtention du permis d’opération. « Nous avons fait le nécessaire l’an dernier pour consolider le bâtiment. Nous avons déjà la “clearance” de la Santé et celui des Fire Services, et nous avons obtenu le rapport positif d’un ingénieur en bâtiment. Il n’y a aucun risque de danger pour le personnel et les élèves. Cette attente est stressante pour tout le monde », indique le manager.
Si celui-ci reste confiant en l’obtention du permis pour 2020, en revanche, il l’est beaucoup moins quant à l’avenir. « Au train où vont les choses, au bout de 5 ans, on va se retrouver avec une centaine d’élèves, alors qu’il en faudrait 150 d’après les règlements pour se maintenir en vie. On nous invite gentiment à une mort naturelle », observe Maurice Catian.

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