SECRETS COLONIAUX DÉCLASSIFIÉS : Pas de caviar ni d’huîtres pour la princesse Margaret

La princesse Margaret, la soeur de la reine Elizabeth II, avait souhaité lors de sa visite à Maurice en 1956 des repas très simples. À tel point que Sir Martin Gilliat, le secrétaire privé de la reine-mère qui coordonnait la visite de son altesse royale, avait cru nécessaire de faire les recommandations expresses suivantes à Sir Robert Scott, le gouverneur anglais alors en poste dans notre pays : « La princesse Margaret préfère des repas simples au lieu d’huîtres et de caviar, et elle apprécie du gin tonic, du whisky et du soda, une coupe de vin blanc ou rouge plutôt que du champagne. »
Normalement, les détails sur les habitudes alimentaires des membres de la famille royale britannique sont tenus secrets. Mais des échanges de correspondances entre le bureau de la reine-mère et le gouverneur Robert Scott se sont retrouvées ces jours-ci parmi toute une sélection de documents de l’ère coloniale déclassifiés par les archives nationales en Angleterre. Ces documents ont été repris sur le site web de la BBC.
La princesse Margaret est décédée en 2002, à l’âge de 71 ans. Sa visite à Maurice, pendant les temps qu’on dit « bénis » de la colonie, avait drainé de grosses foules pendant plusieurs jours, et la princesse avait eu l’occasion d’inaugurer un complexe orthopédique qui porte, d’ailleurs, toujours son nom dans l’enceinte de l’hôpital Victoria, à Candos.
Sir Martin Gilliat avait ajouté dans sa note à Sir Robert Scott que « as far as food is concerned, Her Royal Highness has very catholic tastes but is not fond of either caviar or oysters ». « She prefers meals to be as simple as possible and not to last long. Three or four courses (including cheese and fruit) for lunch and five for dinner are quite sufficient ». Pas du tout intéressée également par le tennis et le golf, elle avait toutefois indiqué qu’elle ne rechignerait pas à assister à un bon match de football ou de cricket « d’une durée raisonnable ».
Concernant d’autres préférences que la princesse avait exprimées lors de sa visite dans l’île, on apprend aussi qu’elle ne voulait pas d’escorte motorisée et qu’elle était prête à accepter des livres en cadeau, venant seulement d’auteurs « of reputable character » !
Il semblerait que, en fin de compte, Maggie avait très bien apprécié l’accueil qu’elle avait reçu ici puisque, toujours selon les documents déclassifiés, Sir Martin Gilliat avait remercié le gouverneur Robert Scott en ces termes flatteurs : « I am writing at the bidding of Princess Margaret to convey to you Her Royal Highness’s very real pleasure at the wonderful arrangements which were made for her visit to Mauritius. »
Ce n’est, en tout cas, pas le même plaisir qu’avait dû éprouvé, treize ans plus tard, la princesse Alexandra, autre membre de la famille royale qui était venue à Maurice après Margaret. Alexandra avait d’abord été désignée pour représenter la reine à la cérémonie de lever du drapeau mauricien au Champ de Mars, le 12 mars 1968. Mais son déplacement avait été décommandé illico presto en raison de la tension qui prévalait encore dans le pays à la suite des bagarres raciales à Port-Louis. Et lorsque, finalement, la princesse Alexandra vint l’année suivante en compagnie de son mari, Angus Ogilvy, actionnaire de la multinationale Lonrho, ce fut pour se voir confrontée à une jeunesse militante en pleine révolte, qui était alors « royalement emmerdée », pour reprendre une formule de Jooneed Jeerooburkhan (membre-fondateur du MMM) qui avait fait florès…

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