SECTEUR PRIVÉ : MCCI, « Nous ne sommes pas en train d’investir dans notre avenir »

La Mauritius Chamber of Commerce and Industry (MCCI) estime que Maurice a pu s’adapter, ces dernières années, à un environnement économique international des plus difficiles mais que le pays n’est pas en train d’investir dans son avenir. Tout en plaidant pour l’élaboration d’un programme de croissance soutenue, le président sortant, Cédric de Spéville, a soutenu que le pays a suffisamment d’atouts entre ses mains et qu’il doit continuer à miser sur la qualité du dialogue secteur public/secteur privé afin de réaliser ses objectifs de développement.
Faisant référence à la crise économique globale qui sévit depuis environ cinq ans, Cédric de Spéville a déclaré qu’elle n’a cessé de se réinventer, variant en profondeur et en ampleur, rendant encore plus difficile l’élaboration des politiques. « D’aucuns considèrent 2012 comme une étape importante dans le processus de reprise. Mais la crise n’est pas encore terminée. La confiance des entreprises reste globalement faible, la demande des consommateurs est anémique et le chômage est élevé alors que la zone euro demeure fragile », a-t-il indiqué. Cependant, l’optimisme doit être de mise, vu qu’une quatrième année consécutive de croissance de la production mondiale sera enregistrée.
Parlant de la performance de l’économie mauricienne en 2012, le président sortant de la MCCI a relevé que la croissance a été de 3,3 %, que le déficit budgétaire est resté sous contrôle, mais en partie au détriment des grands projets d’infrastructure. Pour ce qui est du taux de chômage, a-t-il noté, il ne cesse de grimper, atteignant la barre des 8 %. Cédric de Spéville a aussi fait état des dépenses des ménages qui ont augmenté plus vite que les revenus, suggérant une hausse du niveau de leur dette.
Du côté de la MCCI, on est préoccupé par la tendance concernant l’investissement car le taux est tombé de plus de 26 % du PIB en 2009 à moins de 23 % du PIB en 2012. Pire, les investissements du secteur privé ont contracté près de 4 points en 2012, pour atteindre moins de 77 % de l’investissement total. L’investissement dans les machines et autres équipements est en baisse, ce qui a amené le président sortant à dire que : « Nous avons navigué à travers la tempête, en mode de survie, mais nous ne sommes pas en train d’investir dans notre avenir. »
Cédric de Spéville est d’opinion que, dans la conjoncture actuelle, on peut s’attendre à un taux de croissance en 2013 légèrement supérieur à celui de 2012. Selon lui, les réformes introduites en 2006 ont donné des résultats significatifs. La facilitation des affaires a été considérablement améliorée, et le régime fiscal unifié a apporté la confiance nécessaire pour la réalisation de nouveaux investissements dans tous les secteurs de l’économie.
« Mais 2006, c’était sept ans de cela. Sept ans de passage durable à travers une tempête économique, c’est une longue période pour demeurer résilient. C’est plus que de la résilience. Nous nous sommes adaptés. Les entrepreneurs mauriciens ont saisi les quelques occasions qui subsistaient et n’ont épargné aucun effort pour s’adapter au nouvel ordre économique mondial », dira Cédric de Spéville, avant de lancer une mise en garde : « Les réussites passées ne prédisent pas les succès de demain. »
Pour le président sortant, le pays ne doit pas privilégier le court terme au détriment du long terme. Il doit continuer à investir dans les infrastructures, car cela a un impact direct sur la productivité à long terme. Le pays doit attirer les compétences étrangères dans des secteurs où on en a bien besoin pour soutenir leur croissance.
Se montrant un peu plus critique, Cédric de Spéville fera ressortir que « nous ne pouvons pas fermer nos usines en raison de fortes pluies ou des pénuries dans l’approvisionnement en eau », ajoutant que l’amélioration de notre réseau de distribution d’eau est attendue depuis longtemps. Il considère également surprenant que Maurice se retrouve dans un classement mondial au 131e rang en termes de vitesse de connexion Internet alors qu’elle veut être perçue comme une cyber-île.
« Nous ne pouvons accepter l’érosion de notre compétitivité en raison d’obstacles administratifs, d’embouteillages routiers, de coupures de courant ou d’augmentations déraisonnables des coûts de production. Nous ne pouvons affaiblir notre secteur manufacturier. Nous sommes une nation de producteurs qui avons besoin d’un soutien pour progresser dans la chaîne de valeur », a poursuivi Cédric de Spéville.
Mais à la MCCI, on pense qu’il y a des choses sur lesquelles on peut agir et qui ont un lien direct avec la productivité et la compétitivité. « Beaucoup a été fait, il faut bien admettre. Mais il reste encore beaucoup à faire », a affirmé le président sortant en appellant à des discussions structurées. « La qualité du dialogue secteur public/secteur privé a fait notre succès. C’est un atout majeur qui doit être préservé », a-t-il fait comprendre avant d’ajouter : « Le pays a encore de nombreux atouts en main. On est assez petit pour rester agile et rapide. »

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