SELON UN SPÉCIALISTE : La décision gouvernementale d’accorder un prêt aux marins croisiéristes est illégale

La décision prise par le Conseil des ministres, le vendredi 17 du mois courant, ayant trait à la préparation d’un plan d’aide par l’Employees Welfare Fund (EWF) destiné aux Mauriciens recrutés sur un bateau de croisière est en violation totale de la Convention du Travail Maritime à laquelle la République de Maurice a adhéré. La mise en garde vient de Dani Appave, ancien haut fonctionnaire du Bureau international du travail (BIT), qui a personnellement contribué à la rédaction de la Convention…
Selon ce qu’a annoncé le communiqué du Conseil des ministres, le plan d’aide permettrait aux personnes qui obtiennent un emploi sur un bateau de croisière de contracter un prêt auprès de l’EWF afin de pouvoir payer leur billet avions pour aller rejoindre leurs bateaux. Or, selon M. Dani Appave, spécialiste des affaires portuaires et maritimes, « les personnes recrutées n’ont pas à payer un sou, car c’est à l’armateur du bateau et non pas son personnel (marins et autres catégories) de faire les frais de leurs déplacements ».
« Je suis sidéré par la décision du Conseil des ministres. Je ne sais si les dirigeants du pays ont été délibérément induits en erreur par un haut cadre du ministère de la Marine, ou encore si ce haut cadre ignore lui-même son dossier, mais les règlements de la Convention sont clairs : il est illégal de faire payer les frais à un employé», déclare le spécialiste mauricien.
A cet effet, Dani Appave signale à l’attention du gouvernement le règlement 1.4 de la Convention, lequel définit le recrutement et le placement des marins. D’abord, rappelle-t-il, l’objectif de ce règlement précis est « de s’assurer que les marins aient accès à un système de recrutement et de placement efficient et bien contrôlé ». Et, c’est ainsi qu’au paragraphe 5 (c) du règlement il est stipulé « qu’un membre adhérent doit veiller que dans son territoire, ses lois, ses règlements ou autres mesures exigent qu’aucun frais ou autres charges, en partie ou en totalité, ne soient réclamés, directement ou indirectement, du marin pour qu’il soit recruté ou placé à un poste ».
Au fait, relève Dani Appave, pour être employé, le marin n’a pour obligations que celles de produire son livret de marin professionnel, un certificat médical délivré par les services de santé publique, son passeport et autres documents de voyages personnels similaires. Il est précisé que les frais de visas doivent être assurés par le propriétaire du bateau. Egalement, si, en dépit du certificat médical du service de santé publique, l’armateur et son agent ne sont pas satisfaits et exigent encore un certificat d’un médecin privé de leur choix, ce sont eux-mêmes qui doivent régler la note.
Dani Appave dit craindre que la République de Maurice, qui a adhéré pleinement à la Convention du Travail Maritime, pourrait être sanctionnée pour non-respect de ses engagements. Le spécialiste exprime surtout « ses inquiétudes que le gouvernement pourrait, délibérément, par ignorance ou manque de surveillance, se rendre complice de pratiques frauduleuses de la part de certains armateurs étrangers mafieux qui ont à leurs services des agents recruteurs locaux ». 
Selon Dani Appave, « plusieurs agences recrutent à Maurice pour de grandes entreprises croisiéristes dans le monde et sont grassement rémunérées en retour. La plupart de ces recruteurs locaux sont au courant des règlements de la Convention et l’appliquent correctement. Toutefois, dans ses démarches louables d’ouvrir le marché du travail maritime aux jeunes Mauriciens, le gouvernement aurait peut-être succombé à des pressions de la part d’un plus petit groupe, mais plus influent, qui l’a mis dans l’erreur ».
Pour le spécialiste, il n’est encore pas trop tard pour le gouvernement de corriger la gaffe commise. La mesure gouvernementale inappropriée concerne plus de 5000 jeunes, potentiels candidats à des postes sur des bateaux de croisières.    

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