Sept candidats sur dix avec moins de 4 “credits”

Combien d’élèves ont pu décrocher cette année le fameux “Five Credits” ? Une question que se posent des chefs d’établissement en raison de la régression dans le taux de réussite global et du faible nombre de “credits” dans beaucoup de matières. D’après les calculs de la Managers of Private Secondary School Union, moins de 40% des 10 990 élèves ayant réussi ont ainsi pu obtenir quatre à cinq “credits”. Au sein du ministère de l’Éducation, certains avouent que le nombre de quatre à cinq “credits” « est assez faible » et que « les estimations de la MPSSU sont proches de la réalité ». Selon nos informations, pas plus de 3 000 élèves ont obtenu quatre à cinq “credits”. Certains estiment qu’avec le retour du critère de “Three Credits” pour accéder à la Lower VI, on a évité de voir des salles de classe vides dans certains collèges.

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Les résultats de SC sont connus depuis une semaine. Les candidats ont pris connaissance de leurs performances individuelles d’abord en ligne avant d’obtenir, lundi dernier, leurs “statement of results”. On relève une réelle inquiétude à l’intérieur aussi bien qu’en dehors des établissements scolaires face à la baisse constante dans le taux de réussite ainsi que sur la qualité des résultats de ceux ayant réussi. Chacun y va de sa petite analyse sur cette régression.
Selon nos informations glanées dans les milieux de l’Éducation, environ 7 000 candidats auraient obtenu un à trois “credits”. On cite le chiffre de 3 000 candidats avec un seul “credit” et 4 000 candidats avec deux ou trois “credits”. Tandis que le nombre de détenteurs de quatre “credits” et celui de cinq “credits” ne dépasserait pas la barre de 3 000. De fait, dans de nombreux collèges, les salles de classe auraient été probablement désertes si le ministère avait maintenu le critère de “Five Credits” pour l’admission en Lower VI. Les enseignants se disent même être pour l’introduction du système de GCE “A” Level au collège pour les jeunes ne réussissant pas à décrocher les “Five Credits” et qui veulent continuer leurs études après le SC.

Après les premières réactions entendues ces derniers jours, d’autres professionnels de l’éducation du secondaire au sein des collèges d’État et privés expriment eux aussi leur « déception et inquiétude » au sujet de la qualité des résultats. « Comment se fait-il qu’il y ait autant d’échecs alors que la majorité des collégiens prennent des leçons particulières dans plusieurs matières ? » se demande Bashir Taleb, président de la Fédération des managers des collèges privés. « Je suis de plus en plus convaincu que ces leçons ne servent pas à grand-chose chez les élèves ayant un faible niveau académique », poursuit-il.

+Enseignants et directeurs des collèges d’État et privés se rejoignent sur une demande insistante en direction des autorités : la nécessité d’une étude en profondeur sur les causes de la baisse de performance des élèves. « Nous ne demandons pas un exercice intellectuel par un groupe de personnes assises dans un bureau. Il faut une étude, une enquête sur le terrain », précisent nos interlocuteurs. « Le secondaire d’État aussi est concerné par cette baisse de niveau et nous avons d’ailleurs attiré l’attention du ministère l’an dernier à ce sujet », rappelle Brijanand Sumessur, prof dans un collège d’État et membre de l’exécutif de l’Education Officers Union. « Le ministère doit confier cette étude à un comité comprenant des personnes qui connaissent la réalité de l’école. On pourrait faire appel par exemple à d’anciens chefs établissements et d’anciens profs du privé et du public mais ce comité doit travailler indépendamment du ministère », dit Brijanand Sumessur.
Le Mauritius Institute of Education essuie ces jours-ci beaucoup de critiques pour son « manque de connaissance » dénoncé par des responsables des collèges mais aussi des professeurs. « Le MIE est déconnecté de la réalité », affirment-ils. « La formation que le

MIE offre ne correspond pas aux besoins de l’enseignant », observent ces professionnels. Le président de la Fédération des managers a suggéré que les étudiants du MIE, en vue de l’obtention de leur Post Graduate Certificate of Éducation (PGCE), consacrent leur dissertation « à la réalité mauricienne au lieu de disséquer philosophiquement sur l’éducation de manière abstraite ». Il poursuit : « Je suis certain que si chaque étudiant faisait une “Action Research” liée à son collège, nous aurions eu des solutions à ce problème de performance. Ce travail académique profiterait d’abord aux collèges concernés et à l’ensemble des profs », estime le président de la Fédération des managers.
En attendant un sursaut du ministère de l’Éducation devant cette faible performance des élèves qui perdure, des profs et des responsables des collèges ont eux-mêmes identifié certaines causes du problème et nous ont fait part de leurs observations, à l’instar de : la promotion automatique au primaire malgré les faiblesses de certains élèves au niveau de la lecture et de l’écriture; les changements drastiques dans le syllabus de Cambridge et formation insuffisante et inadéquate des profs pour s’y adapter; le manque de “quality assurance” à tous les niveaux du primaire et du secondaire; ainsi que le manque de discipline et d’assiduité des élèves aux études et problèmes sociaux.

Gilberte Chung (SeDEC) :
« Une réflexion en profondeur sur notre secteur s’impose »

Des recteurs des collèges catholiques parlent de « réelle préoccupation » concernant le très faible taux de réussite pour certaines écoles de leur secteur et de la baisse de performance en général. « Il ne faut pas se voiler la face. En général, le niveau a baissé dans notre secteur », avouent ces chefs d’établissement. « Mais sur le plan individuel, des élèves ont décroché de bons résultats », précisent-ils. Le faible taux de réussite est beaucoup plus marquant dans les collèges situés à la périphérie des villes et dans les régions rurales.
La direction du Service diocésain de l’éducation catholique (SeDEC) prend le problème au sérieux. « Il y a effectivement une baisse de niveau. Nous devons faire une réflexion en profondeur avec tous les managers et recteurs pour connaître la racine des problèmes. Ensuite, nous allons trouver de nouvelles stratégies pour rehausser le niveau dans toutes nos écoles », dit Gilberte Chung, directrice du SeDEC.

RAMPARSAD MUNGUR : « Recours à l’expertise singapourienne pour les plus faibles »
« Nous sommes vraiment préoccupés par le niveau très faible des élèves qui arrivent dans nos écoles », dit d’emblée Ramparsad Mungur, président de la Managers Private Secondary School Union. Toutefois, les dirigeants de cette association se réjouissent de la « bonne performance » en SC de certains établissements ayant le qualificatif de « petits collèges ». Les membres de la MPSSU expriment leur détermination à rehausser le niveau de leurs collèges afin, disent-ils, de « garder le maximum élèves à l’école jusqu’à la fin du parcours secondaire ». Ils disent aussi vouloir miser sur une formation renforcée des enseignants pour atteindre cet objectif. Or, la MPSSU n’est pas satisfaite de ce que propose le MIE. « Dans tous les collèges du pays, on admet que la formation dispensée par le MIE ne cadre pas avec les besoins de la classe et que leur système est dépassé. Il y a un manque de créativité chez ceux qui élaborent le programme de formation. Nous ne croyons pas que le ministère apportera quelque chose de nouveau dans ce domaine », poursuit Ramparsad Mungur.

La MPSSU a ainsi décidé de se tourner vers l’expertise singapourienne pour trouver la pédagogie « appropriée » pour les élèves qualifiés de faibles académiquement. « Il faut un système d’enseignement et d’apprentissage qui libère l’esprit de l’enfant mauricien et qui le motive pour les études. Les écoles au Singapour donnent des résultats par rapport aux enfants d’un niveau moyen et ceux qui sont faibles. Nous allons demander à des professionnels de l’éducation de ce pays de nous aider à trouver des solutions pour nos élèves », explique Ramparsad Mungur au sujet de la décision prise mercredi dernier par la MPSSU à ce sujet.

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