SEYCHELLES : L’initiative de Maurice de poursuivre des présumés pirates saluée

Le ministre seychellois Joël Morgan, qui s’adressait jeudi à la première réunion des responsables nationaux dans le cadre de la lutte contre la piraterie dans l’océan Indien, n’est pas passé par quatre chemins pour dire que « la piraterie est un problème pour la sécurité de toute la région et ce fardeau doit désormais être partagé par tous les États de la région ». Il s’est réjoui de l’initiative du gouvernement mauricien de poursuivre sur le territoire mauricien douze présumés pirates.
« Nous sommes parmi les premiers pays de la région à avoir accepté depuis 2010 de traduire en justice et d’emprisonner les pirates somaliens. Nous avons actuellement la plus grande proportion de pirates incarcérés dans le monde, et ils occupent près de 20 % des places de prison dans notre pays. Cela devient pour mon pays un fardeau lourd à porter et nous ne pouvons pas continuer à le faire seul », a dit le ministre seychellois.
M. Morgan a déploré que « malgré les accords conclus avec l’Union européenne et certains pays de la région, malgré les différents cadres juridiques internationaux, certains États hésitent toujours à s’engager sur la voie du partenariat judiciaire avec les États qui agissent en mer. Par conséquent, l’impunité continue souvent de prévaloir au détriment de la dissuasion ».
Le ministre seychellois soutient que la mobilisation doit donc s’accroître et que les efforts de partenariat tant au niveau national, régional qu’international doivent se poursuivre, « en collaboration avec nos partenaires clefs comme l’OMI, l’UE, la COI, l’ONUDC et Interpol ».
Il a salué l’effort de l’île Maurice, qui a récemment accepté de poursuivre devant sa justice douze présumés pirates arrêtés par deux frégates, française et américaine, au début de cette année.
« Ce pas franchi par Maurice montre la route à suivre. Il démontre clairement que tous les pays de la région sont interdépendants et doivent réagir collectivement à un défi global pour notre région », affirme Joël Morgan.
Pour sa part, Jean Claude de l’Estrac, secrétaire général de la Commission de l’océan Indien, a observé que le fléau est toujours menaçant. « La piraterie maritime, dont les foyers se trouvent sur la côte somalienne, s’étend. Les États côtiers d’Afrique australe et orientale ainsi que les îles de l’Indianocéanie subissent tous les contrecoups de ces opérations de prédation qui nourrissent des réseaux criminels puissants », a-t-il constaté. la stratégie régionale de lutte contre la piraterie maritime mise en oeuvre par la COI, dit-il, s’appuie d’abord sur une coordination active entre les différentes organisations régionales de la zone Afrique australe/orientale et océan Indien. « Chacune des organisations assure la responsabilité d’un objectif précis. Ces objectifs, au nombre de cinq, constituent la stratégie globale : 1) il s’agit de s’attaquer aux racines du problème, sur terre, en Somalie ; 2) de renforcer les capacités des moyens de répression en matière de jugement et d’emprisonnement des pirates ; 3) de chercher à démanteler les filières économiques frauduleuses qui s’en nourrissent ; 4) il s’agit de sécuriser notre espace maritime, et 5) d’encourager les États à partager sur la question des informations qu’ils possèdent ».
Ce programme bénéficie de l’appui de l’Union européenne dont un premier financement de deux millions d’euros devrait être complété d’un montant de l’ordre de 37,5 millions d’euros pour les cinq prochaines années. Cet engagement des partenaires européens est hautement apprécié, il est indispensable à la réussite de notre lutte contre la piraterie, affirme M. de l’Estrac.
Pour sa part, Cécile Tassin Pelzer, conseiller auprès de la délégation de l’Union européenne pour Maurice, les Seychelles et les Comores, a estimé que cette réunion devrait de tenir sur une base régulière. Ce comité technique a pour tâche « to oversee and validate the overall direction and orientation of the Start-up MASE project, and later on of the MASE programme, and for their timely and effective implementation ». L’objectif de cette plateforme est de s’assurer que les pays de la région prennent possession du projet régional en ligne avec l’esprit et les principes de l’Union européenne.

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