Sirop Ab-E-Kawsar : incursion dans l’univers sirupeux des Emambokus

Le sirop Ab-E-Kawsar est une production locale datant de plus d’une cinquantaine d’années. Il portait autrefois le nom de « Sirop Rassool ». Ahmad Reshad Emambokus, âgé de 65 ans et un des gérants de la compagnie, nous emmène dans les coulisses de la préparation du sirop pour découvrir le bonheur de ce métier.

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La production du sirop chez les Emambokus est un commerce familial, voire même une tradition qu’ils maintiennent depuis plus d’une cinquantaine d’années. Aujourd’hui, c’est le fils de Reshad Emambokus, Arshad, qui a pris la relève. Ce dernier assure non seulement la production mais effectue également des livraisons à travers le pays, soit entre trois à quatre fois par semaine.

Reshad Emambokus explique que sa famille a été le premier producteur du sirop à Maurice. « Tout a commencé avec mon grand-père maternel, Abbas Goolam Rassool, d’où vient d’ailleurs le nom “Sirop Rassool”. Des années plus tard, mon oncle maternel a pris la relève. En 1965, c’est au tour de mon père, Jauferally Emambokus de reprendre le commerce. J’avais alors 15 ans. Les études ne m’intéressaient guère et mon père m’avait demandé de venir apprendre le métier. Je n’ai pas refusé car j’aspirais à assurer la relève après lui », relate Reshad Emambokus.

C’est au cours de la même année que le nom du produit change et est rebaptisé « Ab-E-Kawsar ». Reshad se souvient comment la préparation du sirop était alors compliquée. « Je devais aller acheter du sucre à une boutique qui était assez loin de chez nous. Ensuite, il fallait remplir des seaux d’eau et les apporter à la maison. Nous avions à l’époque une cuisine en bois dont le sol était en terre. Il nous fallait aussi des morceaux de bois pour faire du feu pour la cuisson. De plus, nous n’avions pas d’appareils automatisés. Donc, il fallait remuer manuellement », explique notre interlocuteur.
Contrairement à la coutume actuelle, les sirops se vendaient dans des bouteilles en porcelaine. Reshad raconte comment il devait aller chercher ou acheter ces bouteilles, les laver et les mettre à sécher avant de les remplir. Puis, il accompagnait son père aux rues La Reine et Farquhar pour la vente du sirop. « À l’époque, on ne livrait pas dans les boutiques. J’aidais mon père à embarquer les sirops sur sa bicyclette ou sur une charrette quand il y avait de grandes commandes. Puis, on allait aux rues La Reine et Farquhar où les revendeurs venaient acheter les sirops. À cette époque, nous ne produisions que huit variétés, à savoir la rose, la fraise, la framboise, l’orange, l’ananas, le limon, le citron et le tamarin », nous confie Reshad.

Le produit a évolué

En 1981, après le décès de son père, Reshad décide de maintenir la tradition familiale. Pourtant, il avait pris de l’emploi comme gardien à la municipalité de Port-Louis. « J’avais demandé de travailler que pendant la nuit afin que je puisse m’occuper du commerce familial pendant la journée. Cela a duré pendant plusieurs années », indique-t-il. Au fil des années, le sirop Ab-E-Kawsar a évolué, que ce soit en termes de préparation ou en produit fini. Reshad décide d’enregistrer la compagnie sous le nom de ses fils. En 2015, il fait l’acquisition des machines automatisées pour la préparation du sirop. « Toute chose évolue en son temps. Je n’aurais pas souhaité que mon fils vive ce que j’ai vécu à l’époque où je travaillais avec mon père. Aujourd’hui, la préparation est beaucoup plus simple, mais demeure délicate », dit-il.

Reshad Emambokus nous confie que la recette de ses sirops appartenait à un étranger. « Mon père exerçait sur une propriété sucrière et avait eu la recette d’un étranger. Depuis, tous les membres de notre famille préservent jalousement le secret de cette recette. C’est ce qui fait d’ailleurs la spécialité de notre produit. Nous assurons la qualité. Tous nos produits et ingrédients de matière première sont importés. Nous sirops sont certifiés “halal” par le Jummah Masjid, indiquant que nous n’utilisons aucune substance interdite dans la fabrication », souligne Reshad.

Par ailleurs, il explique que la préparation du sirop nécessite une bonne pratique hygiénique. « Le cœur même de ce métier est l’hygiène. C’est un produit qui sera consommé par le public. Il est donc important que toutes les étapes de la préparation respectent les normes hygiéniques. De plus, nous devons assurer que notre petite usine soit tout le temps propre. D’ailleurs, chaque soir, mon épouse se fait un devoir de venir jeter un coup d’œil dans la cuisine où nous fabriquons le sirop pour assurer que tous les récipients ainsi que le sol soient bien propres. L’honnêteté envers la clientèle est vitale pour la prospérité », avance Reshad.

Le sirop est fait à base de sucre blanc. Reshad a construit deux pièces dans la cour de sa maison et les a converties en une petite usine. La première sert à stocker le sucre, remplir le sirop déjà prêt dans des bouteilles en plastique et à stocker les produits finis sur des étagères. La deuxième pièce est consacrée à l’activité principale, à savoir la préparation de la base du sirop. Reshad nous explique qu’il faut d’abord faire fondre le sucre avec un peu d’eau ajoutée de temps en temps, et ce jusqu’à ce qu’on obtienne un liquide très épais. Ensuite, ce liquide est mis de côté pendant 12 à 15 heures pour qu’il refroidisse. Par la suite, d’autres ingrédients et saveurs sont ajoutés au sirop. « Lors de la préparation, nous devons toujours avoir notre thermomètre en main. Il faut que tous les sirops soient à la même température. C’est un travail très délicat. Même si mon fils a aujourd’hui pris la relève, je dois être à ses côtés pour le guider et lui prodiguer des conseils », nous dit-il.
Aujourd’hui, la compagnie produit 16 variétés de sirop, pour satisfaire tous les goûts. « Nous avons une variété de sirop qui peut plaire non seulement aux adultes, mais aussi aux enfants et personnes âgées. Il fait également ressortir que le sirop est en grande demande surtout en été », indique-t-il.

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