SMALL TRADERS ASSOCIATION : Les marchands ambulants passent à l’action et dénoncent les comportements de la police

Estimant n’avoir aucun signe positif du gouvernement, après les nombreuses alertes faites sur la situation intenable actuelle pour la majorité des marchands ambulants, la Small Traders Association (STA) a décidé d’agir. Comme elle l’avait annoncé, cette association, qui regroupe les marchands ambulants, s’est mobilisée vendredi dernier pour une manifestation au Centre Idriss Goomany à Plaine Verte, suivie d’une marche pacifique vers la municipalité de Port-Louis. Réunis sous le même slogan Nou travay sekirite nou fami, ils étaient plus de 200 à s’être rassemblés pour dénoncer les mauvais traitements que la police infligerait aux marchands ambulants de la capitale ainsi que le manque de mesures concrètes visant à leur permettre d’opérer librement et en toute tranquillité.
Comme rien n’a été fait, l’heure est désormais à l’action, s’écrient les marchands ambulants. Face à des demandes restées sans réponse, les marchands ambulants, excédés, fustigent l’inaction de la mairie et dénoncent les agissements de la police, qui les traitent, disent-ils, « comme des chiens » et qui « volent » leurs marchandises. Noorjahan Ramjett, marchande de la rue Farquhar, a témoigné de son « drame humain » car elle a été, dit-elle, à quatre reprises « victime » de saisie de ses marchandises. « Aret kokin nou bann lartik. Azordi nou pe vinn denons sa bann lapolis ki pe vinn kokin nou lartik. Apré zot dir nou pa vinn Casernes parski zot pou pran kontravansion. Ki zot fer avek nou lartik? » Les autres intervenants lors de cette soirée, de même que les marchands ambulants présents dans l’audience, ont abondé dans le même sens que Noorjahan Ramjett, disant que la police « vole » leurs marchandises achetées avec « la sueur de notre front. »
Dharmanandsingh Bhola a, lui, dénoncé notamment la violence des policiers à l’égard des femmes marchandes, qui sont amenées de force aux Casernes centrales dans un de leurs véhicules, sans même la présence d’une femme policière. C’est le cas, par exemple, d’une femme enceinte qui travaillait à la gare du Nord et qui été « brutalisée par les policiers qui l’ont mise de force dans leur van pour l’emmener aux Casernes. »
Salim Muthy, orateur principal du rassemblement, a parlé longuement sur la situation des marchands ambulants de la capitale et a avancé une liste de propositions, le temps que des solutions soient trouvées de façon permanente. Ses propositions sont comme suit: 1) Permettre aux marchands ambulants de continuer à travailler sur leur site habituel, 2) Abolir la « loi des 500 mètres » autour du marché, 3) Mettre en place un Small Traders Relief Fund pour venir en aide aux marchands ambulants; 4) Réactiver la Task Force mise en place dans le passé par le ministre Anil Bachoo; 5) Moderniser les deux gares de Port-Louis afin de reloger les marchands ambulants à l’étage, et 6) Démolir les sections poissonnerie et volaille du marché central. Il a également fait appel au PM pour qu’il décrète la rue Farquhar une « hawkers street » et au Commissaire de police de donner des instructions pour que les agents de la police « arrêtent de torturer » les marchands ambulants.
« Nous sommes là ce soir pour une cause juste et noble car plus de 2,000 marchands sont en situation critique. Quand on parle de 2,000 marchands, c’est ce même nombre de familles avec leurs enfants qui souffrent de cette injustice », a souligné Steeve Thomas, marchand ambulant qui a présidé la soirée. D’ajouter que « le métier de marchand ambulant est un métier noble. » Il demande ainsi aux autorités de légitimer les marchands ambulants afin de leur rendre leur droit humain: celui de travailler pour entretenir leurs familles. Peu après, il ajoute: « On promet qu’on travaillera dans la discipline et qu’on ne gènera pas la rue et les magasins. » Bye Noor, de l’association Tann nou lavwa, a, lui, fait ressortir que si plusieurs d’entre eux sont aujourd’hui marchands ambulants, c’est parce qu’ils ont été refusés d’emploi dans la fonction publique, « Nous ne pouvons pas rester tranquilles contre l’injustice. »
Les intervenants ont également dénoncé les fausses promesses des autorités municipales et gouvernementales, en déclarant que pendant le mois de décembre 2012, soit durant les élections, la loi des 500m n’était pas respectée et que le maire de Port-Louis avait promis de trouver un emplacement pour eux. Mais une fois les élus à leurs postes, aucune solution permanente n’a été trouvée. « Zot pe fer la plwi ek le bo tan », disent-ils. Pour Nowshad Ramchurn, qui n’a pas lésiné sur les mots contre les policiers « qui traitent les marchands ambulants comme des animaux », le Premier ministre serait « mal informé » en ce qui concerne le cas des marchands ambulants, parce que ses ministres et ses conseillers « zot gagn per pou tap so laport pou dir li ki kalite marsan anbilan pe soufer ek pe mor de faim. »
Il dit avoir confiance dans le Premier ministre « qui fera son mieux pour recevoir un maximum de marchands ambulants dans sa salle de conférence afin de trouver une solution. »
Le rassemblement au centre Idriss Goomany a pris fin avec une marche pacifique jusqu’à la municipalité de Port-Louis. « Si nous avons choisi d’organiser cette manifestation la nuit, ce n’est pas parce que nous sommes fous. Nous voulons montrer notre bonne foi et que nous n’obstruons pas les rues durant la journée et ne gênons pas les magasins avec notre manifestation », a souligné Salim Muthy. Il a annoncé qu’un memorandum concernant ses propostitions sera soumis au bureau du PM, lundi après-midi.

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