SOCIÉTÉ: Les combats de 2012

Dans quelques jours, les clameurs des fêtes ne seront que de lointains échos qui se perdront entre les notes salées et les réalités de la rentrée. Une nouvelle année commence et nous voilà back to business, avec en tête quelques bonnes résolutions et une impression de recommencement qui pourrait nous encourager à repartir de manière différente. Car la nécessité de penser autrement a clairement été soulignée au cours des années précédentes.
Maurice, comme le monde, est entré dans une nouvelle ère. Qui réclame une autre manière de faire, loin d’un système désuet et qui soutient les dysfonctionnements, souvent au détriment de l’humain. 2011 nous a montré à quel point le désir d’un renouveau est fort dans le monde. À Maurice, l’indignation a commencé à se manifester. Sur les réseaux sociaux, au sein de différents regroupements de citoyens, la mobilisation a déjà commencé.
L’arrivée de 2012 est une occasion de continuer ce qui a déjà commencé ou d’encourager l’émergence d’une autre logique qui favorisera avant tout le développement humain dans son sens le plus large. Un idéal qui passe par des changements dans différents secteurs. D’où l’exercice suivant, qui rappelle les combats à mener en 2012.
POLITIQUE: Bizin sanzman
Le fameux slogan reste plus que jamais actuel. Il est grand temps que Maurice se dote d’un nouveau système politique pour permettre au pays de s’extirper du marasme dans lequel il se trouve. Corruption, népotisme, trafic en tous genres, mauvaise gestion : qu’importe le fléau, il subsiste encore, car soutenu par des hommes politiques qui ont plus à coeur leurs intérêts personnels que ceux du peuple.
Les partis classiques sont plus que jamais dépassés et en déphasage avec une réalité dont ils n’arrivent plus à saisir l’essence. À plusieurs niveaux, la politique freine le développement ou se concentre sur des priorités qui ne sont pas celles du peuple. Le temps du changement est arrivé. En politique, il est nécessaire, voire vital pour le pays, de vivre un renouveau qui permettrait une nouvelle manière de faire et de penser. À chaque époque ses méthodes. Le système politique en place a fait son temps. Ce n’est pas la réforme électorale à elle seule qui apportera la bouffée d’air souhaitée. Le changement ne peut pas être uniquement dans la forme, il doit se faire dans le fond.
Cette année, les élections municipales devraient enfin se tenir. Avec les alliances qui se dessinent, le peuple risque de se voir imposer quelques perturbations politiques, comme en 2011 et 2010. Pour Jocelyn Chan Low, historien et observateur politique, 2012 sera l’année des grands combats pour le PTr, le MMM et le MSM. “Pour le MMM, le défi sera de trouver la bonne formule et ne pas perdre le rôle de joker qu’il a en ce moment. Pour le PTr, le défi sera de se maintenir au pouvoir et de gérer les contestations, qui sont inévitables. Pour le MSM, c’est survivre, se maintenir à flot et rester dans le jeu des alliances.” Il souligne également qu’un des grands combats politiques de 2012 sera d’avoir un gouvernement fort qui pourra prendre des décisions courageuses dans la conjoncture économique difficile. “La crise actuelle a démontré les faiblesses du système institutionnel. Le scrutin majoritaire entraîne des alliances électorales qui sont mal faites, constituées à la dernière minute. Il y a renversement d’alliance, il y a cassure de gouvernement après les élections. Les lignes entre les parties ne sont jamais claires. Il y a du marchandage. N’importe quelle alliance sera du déjà-vu. Nous sommes en train de tourner en rond et cela affaiblit la démocratie. C’est pour cela qu’une réforme est nécessaire.”
Lindsey Collen, porte-parole de Lalit, soutient que beaucoup de femmes entreront en politique cette année et que cela devra être à l’agenda de 2012. Elle prédit une année chaude, avec beaucoup de pressions pour que le MMM et le PTR fassent une coalition. “Le pouvoir sera fragilisé à cause de la crise économique, d’autant que nous n’avons pas d’alternative à la canne à sucre et au textile. L’économie va empiéter dans la sphère politique. Il y aura des wake up calls. Les gens se rendront compte que ce que dit Bérenger à propos du Best Loser System disparaissant de lui-même, n’est pas vrai.”
ÉCONOMIE:Être plus compétitifs et productifs
Lors de sa conférence de presse bilan en décembre 2011, le ministre des Finances, Xavier-Luc Duval, affichait un certain optimisme concernant l’année 2012, en dépit de la conjoncture économique difficile mondiale, dont les effets se font sentir à Maurice. Son optimisme est partagé par Gérald Lincoln, CEO d’Ernst & Young.
Pour Pierre Dinan, économiste, il ne faut pas être complaisant, en dépit des estimations du ministre des Finances que le taux de croissance tournera autour de 4% comme annoncé lors de la présentation du Budget 2012. Il faut améliorer la compétitivité, la productivité et trouver de nouveaux marchés du côté de certains pays africains et asiatiques qui se développent bien alors que la zone euro se trouve en difficulté. “Les perspectives économiques sont difficiles et nous devons repenser à notre stratégie de développement. Nous avons pas mal réussi avec les diversifications des produits. Nous sommes passés de l’industrie sucrière à l’industrie cannière et d’autres secteurs : textile, tourisme, TIC, etc.”
Une réussite que constate également Gérald Lincoln, qui précise qu’à part le secteur touristique où le bilan est mitigé, les autres secteurs ont plus ou moins bien fait. Il concède cependant que 2012 sera une année challenging, mais pas aussi catastrophique comme le prédisent certains. Il rejoint même le Président de la République qui, lors de son message de Noël, a parlé de “ser sintir”. “C’est bon de le dire car le Mauricien a tendance à se laisser aller et à être moins productif.”
Le défi pour 2012 est donc de continuer avec la croissance. Qui ne pourra être atteinte que grâce à une amélioration de la distribution de l’eau et de l’électricité, souligne Pierre Dinan.
Pour sa part, le ministre des Finances mise sur le travail d’équipe à tous les niveaux : le gouvernement, le secteur privé, les salariés du public et du privé et la population dans son ensemble.
SANTÉ: Améliorer la prise en charge
Dans le domaine de la santé, quelques sujets viendront sur le tapis l’année prochaine dans l’espoir d’améliorer la qualité des soins. Un des points qui fera débat sera la prise en charge financière des malades qui doivent se faire soigner à l’étranger.
Autre sujet à polémique : la légalisation de l’avortement dans des cas spécifiques. Estimant que la santé des femmes compte parmi les cas à voir de très près, un médecin du privé explique qu’il “faudrait surtout mettre l’accent sur ce point, avec notamment un meilleur suivi de grossesse et un bon encadrement pour l’accouchement. Durant ces dernières années, il y a un nombre inacceptable de cas de négligences médicales. Il faudrait mettre un frein à cela et prendre au sérieux ce problème.” Concernant la santé des femmes, il estime que le dépistage des cancers du sein et du col de l’utérus mérite plus de considération.
Aujourd’hui encore, les personnes âgées souffrent : pas assez d’argent pour acheter leurs médicaments et manque d’encadrement médical. L’un des grands défis de 2012 serait que le gouvernement puisse venir en aide à ces pensionnaires et les soulager. Selon un responsable du service médical, “il serait temps de passer au plan d’attaque en améliorant la prise en charge des maladies à forte prévalence, telles que le diabète, l’hypertension artérielle et les maladies cardio-vasculaires”. D’année en année, le nombre de personnes souffrant de ces maladies ne cesse d’augmenter.
Parmi les autres combats à mener en 2012 : la prévention de l’infection aux virus, comme le VIH/Sida, les hépatites B et C. À ce niveau, un lobby fort sera lancé pour que le gouvernement accepte de traiter les patients vivant avec l’hépatite C. Actuellement, l’État préfère les laisser mourir plutôt que de les soigner.
SOCIÉTÉ: Plus d’actions et moins de discours
“Le grand défi de 2012 : parvenir à pousser les gens à faire moins de discours et de prendre le temps d’agir. Cela s’applique à tous. On parle souvent de venir en aide aux pauvres par exemple, mais quand il s’agit de faire le pas pour changer ou encore améliorer les choses, nous sommes nombreux à nous montrer réticents. C’est bien que les gens soient informés, mais ce serait encore mieux qu’ils prennent des initiatives”, déclare la travailleuse sociale Ragini Rungen. Selon elle, il faudrait commencer à offrir l’accès à tout un chacun aux différents services sociaux. “Ce serait un grand pas vers le progrès et l’amélioration des situations en général. Le but fixé pour cette année est qu’il n’y ait plus d’exclus et que tout le monde trouve sa place dans la société.”
Plus sensible aux problèmes de corruption qui perdurent, le travailleur social Eddy Sadien estime “qu’il est grand temps de mettre un frein aux fraudes. La solution contre ce problème est de se battre directement contre le système et les institutions. Ce qui permettrait à la population de placer finalement sa confiance dans nos dirigeants. Lorsque nous voyons comment fonctionnent les institutions, nous nous rendons compte à quel point le système est pourri. Notre combat pour 2012 sera de renverser le système et de ramener l’ordre.” Selon Eddy Sadien, la solution est le regroupement des citoyens qui croient et espèrent un jour vivre dans une société meilleure et en bonne santé.
LUTTE CONTRE LA DROGUE: Une autre manière de penser
Depuis le début des années 80 jusqu’aujourd’hui, la lutte contre les drogues n’a pas beaucoup avancé. Certes, il y a eu des arrestations et des saisies, mais ces actions n’ont diminué ni l’offre ni la demande. Le nombre d’usagers de drogues n’a cessé d’augmenter et le trafic s’est consolidé, avec de nouveaux produits et de nouvelles voies d’approvisionnement.
Si Maurice veut aujourd’hui reprendre le contrôle de la situation, le pays doit revoir ses stratégies de lutte. Au niveau international, la réflexion a déjà avancé. D’aucuns semblent convaincus que la répression basique ne fonctionne pas. D’où l’appel pour plus de flexibilité et pour la décriminalisation, voire la légalisation des drogues.
Cette manière de penser, soutenue par les Nations unies, s’appuie sur le principe que la dépendance est avant tout un problème de santé publique. La décriminalisation permettra ainsi un meilleur encadrement médical et psychologique des patients. Ensuite, elle rendra obsolète le trafic illicite et l’activité des trafiquants. En amont, il est primordial d’intensifier la prévention. L’un des défis de 2012 sera donc d’encourager les autorités et la société civile à une vraie réflexion.
Ally Lazer rappelle les faiblesses du système actuel : “Il faut une réelle volonté politique, mais tous les gouvernements qui se sont succédé n’ont pas réussi à mater ce fléau. Il faut mettre un frein à la corruption et aux protections occultes qui freinent le combat contre la drogue.” Pour lui, c’est un des plus gros défis à relever. Il en a assez de voir la souffrance des victimes de la toxicomanie, mais aussi celle de leurs proches.
L’autre gros défi consiste à diminuer l’offre et la demande, qui vont de pair. D’où les campagnes de prévention que mène l’ADSU, en sus de son travail de répression pour traquer les trafiquants de drogue et les consommateurs. C’est ce que laissent entendre des officiers de cette unité de la police, qui ont tenu à garder l’anonymat.
Ce combat contre la drogue ne sera gagné qu’avec la collaboration de la population. “Nous espérons convaincre la population afin qu’elle nous aide davantage pour mener ensemble ce combat contre la drogue. Les gens ont peur de dénoncer, alors que nous pouvons garantir que toutes les informations reçues sont traitées confidentiellement.” Et même si les officiers semblent satisfaits des actions menées jusqu’à présent, ils ne crieront victoire que lorsqu’il n’y aura plus de drogue dans le pays.
En dépit des affirmations des officiers de l’ADSU, Edley Jaymangal (Administrative Manager du Centre de Solidarité) et Ally Lazer considèrent que la drogue demeure disponible à travers le pays. Le Président de la République l’a d’ailleurs dénoncé dans son message de fin d’année.
Pour inverser la tendance, Edley Jaymangal souhaite que les ONG engagées dans la prévention, la réhabilitation et la réinsertion des toxicomanes puissent avoir davantage de moyens pour travailler. Car le défi est d’empêcher que la drogue ne continue à faire des ravages parmi les jeunes. Ils sont nombreux parmi ces derniers à avoir besoin d’accompagnement, mais la plupart des centres accueillent surtout des adultes. Edley Jaymangal souhaite pour 2012 la mise sur pied d’une unité consacrée aux 16 à 23 ans. “Nous faisons notre part du travail. À la police et aux autorités concernées de faire la leur. À cause de nos moyens financiers limités, nous n’avons pu employer plus de ressources humaines pour améliorer nos services.”
PAUVRETÉ: Plus de cohésion pour davantage d’efficacité
“Le combat contre la pauvreté ne sera gagné qu’avec la participation de ceux qui vivent dans la misère. Ils sont les plus habilités à parler des mesures à prendre en leur faveur. Il faut les écouter.” C’est le défi à relever pour cette année, selon Jacqueline Madelon, présidente d’ATD Quart-monde Maurice. Pour elle, la volonté de vaincre la pauvreté existe, mais on ne prend pas assez en considération les attentes des personnes qui vivent dans la misère. Il faut aussi valoriser ceux qui font des efforts pour s’en sortir et ne pas toujours mettre l’accent sur leurs problèmes. “Il faut leur donner les moyens de s’exprimer et cesser avec cette attitude qui veut que chacun essaye de tirer le drap sur lui pour dire ce qu’il a fait. Chaque instance devrait au contraire se concerter avec les autres pour un partage de connaissances.”
Un constat que partage Patricia Adèle-Félicité, de Caritas Maurice, qui note également une absence de cohésion entre les différents ministères et les instances engagées pour l’accompagnement et le soutien des personnes démunies. “Il y a une approche globale à adopter. Tous les ministères concernés par l’intégration sociale devraient pouvoir travailler ensemble pour une meilleure cohésion. Tout le monde devrait parler le même langage. Il faut aussi un bon partenariat entre les secteurs public et privé. Tout le monde doit conjuguer ses efforts pour plus de cohérence dans les actions. Je note que chaque ministère applique ses critères concernant l’aide aux plus démunis. Il ne suffit pas de faire des actions ici et là. Ce n’est pas la quantité qui compte, mais la qualité du service offert. La personne doit être au centre de tout développement.” Elle souhaite aussi plus de moyens pour un développement soutenu.
Jacqueline Madelon conclut, en disant que “sans les pauvres, on ne pourra pas combattre la pauvreté”.
SÉCURITÉ ROUTIÈRE: Régler le problème d’indiscipline
Moins d’accidents et de victimes et plus de discipline. Ce sont les gros défis à relever concernant la sécurité routière, selon Alain Jeannot de l’association Prévention Routière Avant Tout (PRAT), Rabindranath Kangaleea de la Road Safety Unit (RSU) et l’inspecteur Goinsamy Veerasami de la Traffic Branch (TB). La force policière veut être intransigeante envers tous les usagers de la route, alors que PRAT préconise une étude pluridimensionnelle pour comprendre les causes des accidents de la route et y apporter les solutions appropriées.
Outre la répression, la police veut mener des campagnes de sensibilisation plus intensives pour que règne une meilleure discipline sur la route. Les piétons sont aussi ciblés car ils ignorent souvent les dispositions prises pour leur sécurité. “Il y a un je-m’en-foutisme autour des règles de sécurité routière. Cela représente un grand danger pour les autres usagers de la route, pas seulement pour ceux qui font fi des règlements”, souligne l’inspecteur Goinsamy Veerasami.
De nouvelles dispositions sont prises, comme l’achat d’équipements et la mise sur pied d’une nouvelle unité pour traquer les chauffards. Il s’agit d’une trentaine de motards qui sont venus renforcer l’équipe de la TB et de la RSU.
Parmi les mesures à l’étude figure le Probationary driving licence. Selon cette nouvelle formule, à la place du “L” sur le véhicule d’un débutant, c’est la lettre “P” qui serait apposée. Le conducteur ne devra pas commettre un certain nombre d’effractions préétablies. Le “P” restera affiché sur son véhicule aussi longtemps que la police ne sera pas satisfaite de ses compétences et de ses connaissances du code de la route.
Les autorités veulent aussi mettre en place un Driving and Education Testing Centre. Chaque nouveau conducteur devra comptabiliser un certain nombre d’heures avant d’obtenir son permis de conduire. Il devra apprendre comment fonctionne un véhicule, savoir changer une roue, régler une panne mineure, faire des tests de conduite la nuit…
La police semble vouloir prendre le taureau par les cornes pour que nos routes soient plus sûres. Alain Jeannot estime, lui, qu’un audit sur le mode de vie de notre société permettrait de mieux comprendre les causes derrière les accidents de la route.
ÉDUCATION: Humaniser le système
L’année 2012 sera abordée avec beaucoup d’inquiétude et d’incertitude au niveau du primaire, avance Ashik Junglee de la General Purpose Teachers Union (GPTU). “On s’attend à des décisions courageuses pour humaniser le système d’examen dans les écoles primaires. Car on ne peut pas rejeter 8,000 enfants dans la rue. C’est ce que fait notre système à travers le CPE.” La GPTU “va proposer un système qui valorise et qui reconnaît les compétences et le potentiel de chaque élève, et pas uniquement son volume de connaissances. La présente formule est basée sur un système hypercompétitif qui fait beaucoup de dégâts”. Selon lui, il faut un système qui donne la chance à chacun de développer son potentiel.
Pour 2012, l’accent doit être mis sur des moyens plus humains pour favoriser l’épanouissement de l’enfant afin de mieux l’encadrer et le préparer à franchir le cap du primaire, avec des opportunités égales de réussite et pour éviter le grand nombre d’échecs au CPE.
Olivier Précieux, enseignant de sociologie au collège La Confiance, avance que le grand défi au niveau du secondaire sera la bonne gestion et l’encadrement des mixed abilities. “Comment faire pour travailler avec deux catégories d’élèves pour le même résultat ? En prenant en considération que bon nombre de ces élèves sont aussi victimes de problèmes sociaux. Il faudrait une formation spécialisée pour les enseignants afin qu’ils puissent gérer cette situation.”
Les National Exams sont aussi un point sur lequel il faut se focaliser, note Olivier Précieux. “Cet examen au niveau de la Form III, initié en 2011, est une très bonne initiative du ministère de l’Éducation. À cet âge, l’élève est mûr pour des examens, ce qui n’est pas le cas pour le CPE.” Il souligne également qu’il faut poursuivre l’action de l’introduction de la langue créole au primaire. “Il faut continuer dans cette voie.”
TIC: La formation, une priorité
Le secteur des technologies de l’information et de la communication (TIC) est en pleine évolution. Ces dernières années, les autorités ont beaucoup oeuvré pour qu’il devienne un des piliers de notre économie. Ganesh Ramalingum (Executive Chairman de Data Communications Ltd et secrétaire de l’Outsourcing & Telecommunications Association of Mauritius), estime que les opérateurs présents à Maurice doivent proposer davantage de solutions. Un effort supplémentaire devra être fait pour la formation de personnes qui veulent travailler dans le BPO. “C’est un secteur dynamique qui emploie pas mal de gens et la demande est toujours là. Nous devrons proposer une formation continue. Le secteur TIC en général devra grandir de 20 à 30% en 2012.”
Concernant les télécommunications, Ganesh Ramalingum soutient qu’il y a un problème. “Le ministère a ouvert l’accès à la fibre optique internationale (SAFE). Cela n’a malheureusement pas fonctionné car il y a eu un problème au niveau de la landing station. Dans le récent budget, il a été annoncé que la landing station sera ouverte bientôt. Les autorités doivent mettre en place un catalogue de prix concernant l’hébergement, en accord avec Mauritius Telecom (MT). Cette mesure permettra aux opérateurs d’acheter le service directement auprès des opérateurs internationaux et pas uniquement à MT. Il y aura ainsi de la compétition et cela aboutira à une baisse des prix de l’internet. Souhaitons que les autorités mettent tout cela en place dès le début de l’année.”
 ENVIRONNEMENT: Recyclage et politique énergétique
Le grand combat de 2012 concerne le recyclage. L’ONG Mission Verte a initié le tri sélectif grâce à ses poubelles spéciales. “Il faudrait que le gouvernement prenne le relais. Il aurait fallu que les autorités mettent en place un système et créent une filière. À ce jour, le verre n’est pas repris et cela freine son recyclage. Seul le plastique est récupéré par certaines compagnies pour être recyclé”, souligne Caroline de Spéville de Mission Verte.
Selon elle, Maurice jouit d’une situation idéale pour la mise en place de ce système. “70% de nos déchets sont verts et donc biodégradables. Ce qui fait que nous avons seulement 30% de nos déchets à trier. Nous aurions pu être un modèle. Dans une ville comme New York, seulement 30% des déchets sont verts, mais ils parviennent à encourager les habitants à effectuer le tri sélectif.”
Par ailleurs, il est plus que temps que les autorités trouvent une solution au problème récurrent qu’est l’entrée d’animaux exotiques potentiellement dangereux sur le territoire mauricien. À titre d’exemple, les caméléons de Madagascar sont toujours vendus impunément en pleine rue. Se repeuplant très rapidement, cette espèce peut causer de gros dommages à la faune et la flore locales. Sans compter qu’elle se met en compétition avec les espèces indigènes et contribue à menacer leur survie.
Il faut aussi passer à la vitesse supérieure en ce qui concerne la politique énergétique du pays. Dans la mesure où les énergies fossiles sont polluantes et ne sont pas éternelles, nous ne pouvons continuer à avancer à tâtons pour la mise en place d’une politique où les énergies alternatives seraient utilisées à grande échelle.
L’année 2012 devra aussi être celle de la prise de conscience que le climat change. Il nous faut nous préparer à la montée des eaux et à subir les climats extrêmes. On peut déjà commencer par éviter de délivrer des permis EIA à tort et à travers et être conscients que les constructions faites en bordure de mer se révéleront dangereuses tôt ou tard.
SPORTS: Relance du foot mauricien
Avec les divers jeux internationaux attendus cette année, le plus grand défi du ministre de la Jeunesse et des Sports, Devanand Ritoo, est que son ministère puisse offrir le soutien adéquat aux différentes fédérations afin que les athlètes mauriciens réalisent de bonnes performances et représentent dignement le pays.
“Nous aurons les Jeux de la Commission de la Jeunesse et des Sports de l’Océan Indien (CJSOI) en juillet. Puis, les Jeux Olympiques 2012 de Londres, où nous comptons énormément sur nos représentants en boxe, en athlétisme, au triathlon, au beach-volley et au tir à l’arc”, confie le ministre. “Le ministère compte plusieurs autres projets importants en 2012, dont le Saturday School Football League, qui démarrera incessamment.” Il consiste à recruter les meilleurs jeunes joueurs de foot dans différents établissements scolaires et leur permettre d’évoluer au sein d’un centre professionnel. Ces derniers seront suivis par des techniciens et des entraîneurs de calibre.
Estimant que le football mérite sa place à Maurice, Harold Meyer, président du Curepipe Starlight Sports Club (CSSC), souligne que le plus gros défi de 2012 sera “de parvenir à refaire décoller cette discipline et de la faire briller comme dans le passé. Le football est le sport roi à Maurice. Pouvoir le relancer demeure l’enjeu principal de cette année. Mais pour y arriver, il faudrait que la fédération soit à la hauteur de ses responsabilités et que le gouvernement facilite la professionnalisation de ce sport à Maurice. Une autre solution serait de permettre aux équipes de se financer à travers les fonds du CSR”.
MUSIQUE: Amender le nouveau Copyright Act
Le zero draft du nouveau Copyright Act devrait être amendé pour être en phase avec les aspirations des artistes, producteurs et éditeurs locaux. La MASA s’active aussi pour que tous les utilisateurs de musique soient obligés de payer pour la diffusion de chansons dans les lieux publics. Cela passe par un amendement au Copyright Act.
Au niveau du piratage, il y a un grand nettoyage à faire. Les peines d’emprisonnement pour ceux trouvés coupables de piratage existent, mais elles ne sont pas mises en pratique, note Arno Calou, du Board de la MASA. Il faudrait que toute la force policière soit plus motivée pour contribuer à la lutte contre ce fléau. Car certains “pirates” restent “intouchables” et bénéficient souvent de complicités au sein de la force policière. “La mafia du piratage a des gens au sein de la police”, affirme Ally Lazer. Il faut un nettoyage en profondeur pour contrer ce problème. Ailleurs, comme à La Réunion, le piratage d’oeuvres est sous contrôle; on ne voit pourquoi cela n’est pas faisable ici. La différence est qu’il existe une réelle corruption à tous les échelons.
D’autre part, malgré les promesses de l’État, surtout du ministre Choonee, le stade consacré à la musique demeure toujours un éléphant blanc. Silence radio sur ce sujet depuis un bon moment. Entre-temps, les artistes doivent se tourner vers le secteur privé pour produire et présenter leurs créations au public.
ARTS & CULTURE: Professionnaliser le secteur
Il manque une structure pour que le milieu des arts et de la culture se professionnalise. Il faut un cadre permettant aux artistes d’avoir tous les outils en main pour développer leurs arts. Concernant l’aide à la production d’oeuvres artistiques, nous avons un grand vide.
Présenter son travail hors du pays demeure un casse-tête chinois pour un artiste mauricien. On l’a vu avec la troupe de Gaston Valayden ou encore Nirveda Alleck, qui ont dû faire appel à des soutiens internationaux. “L’artiste ne peut plus travailler dans ce genre de conditions. Il faut une politique plus structurée et plus professionnelle pour faciliter la diffusion et la circulation d’artistes et de leurs oeuvres hors du pays”, note Krishna Luchoomun.
Il faudrait aussi favoriser les échanges artistiques dans tous les domaines. Dans un monde où l’art circule plus rapidement et où des marchés se mettent en place pour installer des réseaux facilitant les échanges, le ministère des Arts et de la Culture doit offrir les moyens aux artistes locaux de bénéficier de ces opportunités.
En ce qui concerne les arts plastiques, le musée d’art national devient une vraie urgence.

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