Le Socialisme au Salon

Des « gauchistes » mauriciens ont raison. Aucun mouvement politique actuel, ou presque, ne reflète les valeurs basiques du socialisme, qui prônent, pour faire court, la parité. Bon nombre d’écoles de pensée ont plusieurs définitions de ce qu’est le socialisme, mais elles se rejoignent à peu près sur l’existence d’un système inclusif, réducteur de l’inégalité et promoteur de la justice sociale. Ce qui a interpellé ceux représentant le mieux ces écoles de pensée à Maurice, c’est qu’un parti politique ait encore l’audace de se clamer socialiste, alors que l’on sait tous qu’une simple adhérence à l’International Socialist est égal au fait que l’habit ne fait pas le moine.
Ce qui m’intéresse, par ailleurs, c’est pourquoi ce mouvement politique, qui a certes beaucoup donné dans le socialisme dans ses batailles syndicales des années 70, veut toujours se coller cette étiquette ? Est-ce toujours à la mode de se dire socialiste ? Le socialisme en 2013 ne s’arrête-t-il pas à des cours d’histoire, des t-shirts de l’icône Che Guevara… ou encore aux gratuités de l’État Providence ? Le citoyen mauricien est-il socialiste ? Est-ce qu’il a envie d’entreprendre des études, travailler, payer des impôts et voir d’autres êtres bénéficier de sa sueur ? Est-ce que ceux qui sont « au bas de l’échelle » méritent toujours d’être soutenus envers et contre tout ? N’est-ce pas mieux, comme l’a dit le sage Confucius, que « quand un homme a faim, mieux vaut lui apprendre à pêcher que de lui donner un poisson » ?
C’est ce qu’a en effet essayé de faire le gouvernement à un certain moment. L’institution d’un village « intégré » dans l’ouest de l’île, par notre « Robin des Bois » local, avait la noble mission d’amener des « exclus » de la société (prostituées, toxicomanes et autres) à se retrouver au sein d’une communauté bâtie à leur intention. Installés dans des maisonnettes, incités à trouver des emplois et encouragés à scolariser leurs enfants… il s’agissait là d’un ‘contrat social’ conclu entre autorités et bénéficiaires afin d’opérer une brèche dans ce fameux cycle de pauvreté. Je ne dispose pas des détails du statut de ce projet à l’heure où j’écris, mais j’ai souvent entendu dire que la situation géographique du village n’était pas idéale… ou encore que certains bénéficiaires avaient du mal à respecter leur « contrat ». Ce qui m’a toujours laissé perplexe, c’est cette catégorie de personnes qui ne fera rien pour se sortir de leur antre de « défavorisé ». C’est tout comme ils en avaient autant besoin que ces hommes politiques qui les entourent, afin d’en faire des exemples vivants de projets de société en échec qui finiraient par les faire passer pour des super-héros qu’il faudrait voter à tout prix… question de ‘sauver’ ou de ‘guérir’ le pays !
Bref, moi je n’ai aucune envie de socialisme… encore moins de celui qui existe par exemple au Royaume-Uni. Là-bas, les indemnités sont des items ‘fashion’… les bénéficiaires connaissent les rouages et finissent par être bien lotis par les collectivités locales, avec éducation, santé et même vacances gratuites ! A Maurice, le bureau de l’audit national rapporte des cas de versement d’allocations diverses à personnes décédées etc… ce qui démontrent qu’ici, comme ailleurs, quand on connaît les failles du système il est très facile d’en abuser.
Je sais que je risque des commentaires désobligeants de personnes bienveillantes ayant toujours à coeur le bien-être de l’autre. Mais en 2013, il faut se rendre compte que ces « autres » ont plus qu’il ne faut pour se sortir de leurs tracasseries de tous types. Les institutions et programmes ne peuvent continuer à aider ceux qui ne veulent pas s’aider eux-mêmes.
J’irai plus loin dans mes propos à l’encontre du socialisme dont nous bénéficions tous : il faudrait également repenser la santé et l’éducation gratuite… vu que le revenu par tête d’habitant en 2012 est estimé à environ US$15 000, alors qu’il était presque la moitié en 2007. C’est dire que les salaires locaux prennent l’ascenseur pour un nombre suffisant de personnes, qui peuvent entre autres se payer les berlines ou autre cabriolets allemands dont les salles de vente fleurissent à Maurice ! Une redistribution des richesses à travers le ciblage serait intelligent… mais sûrement pas politiquement correct… ce qui est important, puisque nos dinosaures politiques (et socialistes de salon) s’évertuent à nous réchauffer les luttes et les doctrines d’antan… dont la rhétorique ne sert à rien d’autre qu’à réchauffer les coeurs…

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