SOUVERAINETÉ TERRITORIALE : Diego Garcia, pressions exercées sur Londres

À la veille du démarrage des Anglo-American Talks au sujet du renouvellement pour 20 ans encore du bail de Diego Garcia, Londres a vu surgir un nouveau front de mécontentement. Le puissant Defence Affairs Committee de la Chambre des Communes, présidé par le parlementaire conservateur Sir Richard Ottoway, préconise un changement de taille dans les règles du jeu, avec un contrôle des autorités britanniques des opérations sur la base américaine de Diego Garcia. Cette recommandation, qui a été soumise cette semaine dans le cadre d’un rapport de cette instance émanant de la Chambre des Communes, a été révélée dans la presse britannique de ce matin, en particulier The Guardian et The Independent.
Intervenant lors du Question Time à cette même Chambre des Communes, mardi, le sous-secrétaire d’État au Foreign and Commonwealth Office, Mark Simmonds, a confirmé que les discussions entre Washington et Londres sur le dossier de Diego Garcia sont prévues vers la fin de cette année. À Port-Louis, l’on suit ces tractations en réitérant la demande formulée précédemment à l’effet que Maurice soit présente à la table de discussions entre Américains et Anglais avec les Chagos à l’agenda.
Le timing de l’intervention du Defence Affairs Committee de la Chambre des Communes, dont les recommandations sont d’habitude tenues en ligne de compte par Londres dans l’élaboration de la politique de défense, est diversement commenté, les plus cyniques assimilant cette initiative à une opération de negotiating postures des Britanniques face aux Américains. Toutefois, la teneur des commentaires publics du président de cette instance parlementaire, le conservateur Sir Richard Ottoway, semble indiquer que « the Defence Affairs Committee means business ».
La demande principale soumise par ce Select Committee, comprenant des parlementaires britanniques de tous bords, porte sur un contrôle et un monitoring plus systématique de la part des Britanniques sur les Américains dans l’utilisation de la base militaire de Diego Garcia. Un enjeu de taille dans les relations anglo-américaines, avec très peu de chances que cette décision soit entérinée par le Pentagone prochainement.
Tentative d’induire Londres en erreur
De leur côté, les membres du Defence Affairs Committee sont catégoriques avec le quotidien The Independent soulignant que « Britain must renegotiate the deal which allows a key American military base on Diego Garcia to demand that any use of the Indian Ocean island for extraordinary rendition can only take place with London’s prior approval. » Ce durcissement de la position des parlementaires britanniques s’explique par le fait que Washington avait tenté d’induire Londres en erreur en 2008 au sujet de l’utilisation de Diego Garcia dans des cas de torture de deux présumés terroristes d’Al Qaeda.
Dans leur enquête au sujet de ce grave incident diplomatique avec de fausses informations communiquées à la Chambre des Communes, les membres de ce comité d’élite sur la défense ont relevé des lacunes majeures dans l’accord anglo-américain de 1966.
De ce fait, des membres de la Chambre des Communes croient pouvoir prendre avantage de la réouverture des négociations pour la reconduction du bail de Diego Garcia pour imposer une « new clause requiring express permission from London for any extraordinary use of the base ». Cette mesure vise à combler ce qu’ils considèrent que « to be an unsatisfactory gap in the UK’s formal oversight of the use of Diego Garcia by the US for defence purposes ».
Justifiant cette initiative, Sir Richard Ottaway affirme que « this is about building confidence. The Government relied on US assurances on its use of Diego Garcia, and in 2008 these proved to be inaccurate. That severely damaged credibility. The British public is entitled to know that the UK is able to exercise control over its sovereign territory and what happens there. » Le comité de la Chambre des Communes prévoit de revenir à la charge avec une éventuelle déclassification des documents secrets du Département d’État américain. Cette pièce à conviction sous la forme d’un Senate Intelligence Committee américain de 6 600 pages confirme formellement que « CIA detained some high-value suspects in Diego Garcia. The classified CIA documents say the black site arrangement was made with the full cooperation of the British government ».
Imminence des consultations
En marge de ce rapport du Defence Affairs Committee, le sous-secrétaire d’État au FCO, répondant à une interpellation à la Chambre des Communes, mardi, a confirmé l’imminence des consultations américaines sur Diego Garcia. « The current agreement with the US runs until December 2016. I expect my officials to begin substantive discussions with US colleagues about post-2016 arrangements later this year », fait comprendre Mark Simmonds au député conservateur de Crawley Henry Smith, qui a fait un plaidoyer pour que les droits d’un retour des Chagossiens dans leur archipel natal ne soient nullement lésés dans le renouvellement du bail.
Le sous-secrétaire d’État au FCO, qui a confirmé que l’étude de faisabilité sur le Resettlement des Chagossiens devra être complétée au début de l’année prochaine, a fait comprendre également que « My hon. friend is assiduous in his commitment to the Chagossians in his constituency, but we need to be careful that we do not prejudice the outcome of the independent study, which has the full involvement of the Chagossians. I can assure my hon. friend that the US is being kept informed, but the challenges to resettling these low-lying islands, which lack basic facilities and infrastructure, are very clear, as I saw myself in March. We will look at the report, however, and we will consider the range of factors — value for the UK taxpayer, long-term contingent liabilities and the defence requirements of Diego Garcia to the UK and our allies. »
Du côté de l’hôtel du gouvernement, l’on a pris connaissance de ces nouveaux développements tout en s’appesantissant sur le fait que « ce qui compte dans la conjoncture demeure le Ruling de la Permament Court of Arbitration sous la Convention des Nations unies sur le Droit de la Mer. Cette décision est attendue à partir du mois d’août prochain ».
Par ailleurs, une source autorisée au gouvernement a réitéré la demande à relative à la présence de Maurice à la table des discussions des prochains Anglo-American Talks sur le renouvellement du bail de la base militaire de Diego Garcia pour les 20 prochaines années à partir de 2016.

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