SPORTIF DE L’ANNÉE 2013 : Fabrice Bauluck, la face cachée du champion du monde

Du haut de ses 26 ans, Fabrice Bauluck a réussi la traversée périlleuse qui mène des rivages de l’enfance vers les berges de l’âge adulte. Son rêve de gosse réalisé, à savoir la consécration mondiale en kick-boxing, celui que la rédaction sportive du Mauricien a désigné comme son sportif de l’année pour la deuxième année consécutive, se raconte. D’une enfance heureuse et insouciante à Mahébourg à ses projets à moyen et long termes, en passant par une adolescence indécise par moments et un présent marqué du sceau du bonheur, Fabrice Bauluck semble béni des dieux. Il croit en des lendemains encore meilleurs, et comme Malcolm X, s’inspire du fait que demain appartient à ceux qui s’y préparent aujourd’hui.
Mon enfance: «Né le 11 novembre 1987, je suis le quatrième d’une fratrie de sept enfants. Fort de l’amour d’un père contracteur et d’une mère femme au foyer, j’ai vécu une enfance modeste certes, mais surtout heureuse à Mahébourg. Et ce, bien que j’étais réservé et solitaire, et que ma santé était fragile. Toutefois, j’avais déjà un penchant pour le sport en général et les vacances scolaires devenaient des moments privilégiés. Le sport devenait graduellement un moyen pour m’exprimer. Les parties de football sur un terrain situé près de l’école primaire Emmanuel-Anquetil débutaient à 9h pour se terminer à 17h. De plus, notre cour était comme un jardin d’enfants. Nous nous retrouvions à dix ou quinze pratiquant les jeux d’antan tels que les billes et boul kas-kot. Ce fut réellement une période merveilleuse de mon existence que j’aimerais tant revivre. Puis, il y avait également mes études primaires à l’école Emmanuel-Anquetil où j’ai étudié jusqu’en CPE. Reste qu’une sortie en famille dans un hypermarché devait marquer mon enfance. En voyant une paire de gants dans un rayon, je me suis battu avec mon père pour l’obtenir. Devant mon insistance, ce dernier a fléchi et a également dû acheter une paire pour mon frère Damien. C’était un pur hasard, mais cette sortie a peut-être changé le cours de mon existence».
Mon adolescence: «Ma passion pour le sport  demeurait intacte au fil des années. Je n’arrivais pas à effectuer un choix entre le kick-boxing que j’avais découvert grâce à Amédée Lagaillarde et mon frère Cursley, et le football. J’évoluais alors comme ailier au Centre de Formation placé sous la férule de Quéland Tombé. Certes, mon caractère n’avait pas changé, mais j’avais d’énormes difficultés à concilier études et sport. Au collège Hamilton où j’avais étudié jusqu’àu School Certificate, puis au New Educational College, mes matières préférés étaient le français et la littérature française. Toutefois, mes professeurs me reprochaient souvent un manque d’application. Le fait de revenir à la maison épuisé, après la pratique du football et du kick, me poussait alors à effectuer un choix. J’avais certes beaucoup d’énergie à dépenser, mais Amédée Lagaillarde, pour qui j’ai toujours eu beaucoup de respect, m’a aidé à effectuer un choix. Pourtant, j’aurais pu porter mon choix sur le football, du fait que mes proches, à savoir Jacques Bauluck et Tony Sonahee, évoluaient en première division nationale. Mais voilà, le kick-boxing m’a permis de connaître le succès et mes titres de champion du monde juniors acquis à 16 ans et 18 ans m’ont permis d’avoir encore plus de confiance en moi. Désormais médiatisé, j’avais alors l’occasion de mieux m’exprimer. Puis, mes amis d’enfance ont également touché au kick avant d’emprunter chacun son chemin. Certains sont malheureusement tombés dans des travers. J’aurais pu également mal tourner, mais l’amour du sport s’est révélé comme une échappatoire. La volonté de réussir m’a permis de dire non, et aujourd’hui, je peux affirmer que le sport demeure une remarquable école de vie».
Mon présent: «Je suis comblé dans tous les sens du terme. Au niveau familial, je suis heureux aux côtés de mon épouse Kelly-Ann et de mon fils Klinswaynn. Ce dernier, qui fêtera ses deux ans en février de l’année prochaine, m’a permis d’acquérir encore plus de maturité et constitue un plus dans ma vie. Fort de sa présence, je ressens encore plus cette envie de gagner. Je veux qu’il soit fier de moi et que je sois son modèle. Actuellement, j’habite à Quatre-Bornes, mais je reviens souvent au village de mon enfance et de mon adolescence. Mahébourg restera toujours mon paradis. Au niveau sportif, mon rêve de gosse s’est réalisé. Je suis aujourd’hui champion du monde et je me suis donné les moyens pour atteindre cet objectif. Grâce à cette consécration mondiale, j’ai obtenu un lopin de terre du gouvernement. Les procédures sont actuellement en cours, mais je pense que j’opterais pour Grand Bel Air, qui se situe non loin de Mahébourg. Au niveau professionnel, j’ai la chance de travailler au sein de PAD &Co qui me procure beaucoup de facilités. L’ambiance au sein de l’entreprise est irréprochable.»
Mon futur: «La saison prochaine, je tenterai de me distinguer à la Coupe du Monde pour la troisième fois et aux championnats d’Afrique pour la quatrième fois. Ce sera encore l’occasion de justifier la confiance placée en moi par les membres de la fédération, le staff technique, le ministère de la Jeunesse et des Sports et mes parents. À plus long terme, je compte demeurer dans le giron du kick, tout en partageant mon expérience. Un de mes objectifs futurs  sera d’avoir un gym bien à moi. Un autre enfant, pourquoi pas une fille, demeure également un voeu. J’espère également continuer à vivre en paix avec moi et d’être toujours heureux au sein de ma famille et de ceux qui me sont proches.»

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