Sports Act 2016 — Amendements à la section 10 (1) : Le soutien financier aux fédérations en suspens

Pas de financement pendant la Covid-19 period, sauf que personne ne sait réellement pendant combien de temps elle durera

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Le COVID-19 (Miscellaneous Provisions) Bill a été dévoilé dimanche dernier. Une loi qui touche tout aussi bien le sport, d’où certains amendements apportés à la Sports Act 2016 par rapport à la pandémie du coronavirus qui a forcé au confinement depuis le 20 mars dernier. Si plusieurs mesures sanitaires ont été incluses dans la loi sportive, en revanche, un changement apporté à la section 10 (1) interpelle. Un changement qui fera beaucoup de tort au sport s’il est appliqué dans toute sa rigueur dans la mesure où nul ne sait quand la COVID-19 period prendra réellement fin. Non seulement les droits des travailleurs sont menacés, mais désormais, c’est le statut des sportifs et des fédérations qui pourrait être remis en cause.

Plusieurs amendements ont été apportés à la Sports Act 2016 et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils sont pratiquement tous liés à la pandémie de la Covid-19 et que des mesures sanitaires seront désormais obligatoires, aussi bien que les gestes barrières. Sauf qu’un de ces amendements interpelle. Placé en quatrième position de la section 50 dans le  COVID-19 Bill, cet amendement n’a toutefois pas échappé à notre vigilance. En effet, on y trouve à la partie (d) (i) du projet de loi un changement — somme toute anodin au premier regard — demandant à être appliqué à la section 10 de la Sports Act, plus précisément à la sous-section (1). Alors que l’actuelle loi stipule : “A National Sports Federation may receive assistance, financial or otherwise, from the Ministry and shall strive to seek alternative sources of funding”, un amendement est comme suit : “ except during the COVID-19 period,”.

Ce qui fait que cette section de la loi se lit désormais : “A National Sports Federation may, except during the COVID-19 period, receive assistance, financial or otherwise, from the Ministry and shall strive to seek alternative sources of funding”. Ce changement qui semble être un détail pour le ministère de l’Autonomie de la Jeunesse, des Sports et des Loisirs (MAJSL), voire pour le gouvernement, peut avoir une plus grande implication. Car autant que nous le sachions, la section 10 de la Sports Act évoque un pilier fondamental de l’organisation du sport dans son ensemble, puisqu’elle fait état de “Assistance to National Sports Federations” !

En somme, les fédérations ne recevront pas de financement du MAJSL pendant la période liée à la COVID-19 ! Sauf qu’on ne sait strictement rien sur la durée de cette période spécifique. Les syndicalistes sont d’ailleurs montés au créneau lors de la semaine écoulée pour manifester leur colère contre les lois du travail proposées par le gouvernement, précisant que nul ne sait quand la Covid-19 Period, sera terminée.

Sport et crise économique

Désormais, c’est le sport même qui est menacé, au cas où cette mesure est appliquée dans toute sa rigueur. Car on voit mal les fédérations se tourner vers les compagnies privées pour faire tourner la cuisine. D’ailleurs, nombreux sont-ils les dirigeants qui se plaignent toujours d’une baisse conséquente du soutien lié au sponsoring en raison de la Corporate Social Responsibility (CSR). Qui plus est, la décision du gouvernement de revoir le fonctionnement même de la CSR en 2018 leur a énormément compliqué la tâche.
Et avec la crise économique qui sévit déjà à travers le monde et à Maurice, seul le ministre Stephan Toussaint pourra nous dire comment feront les fédérations au cas où la fin de la COVID-19 period n’est pas prévue de sitôt. Car pour l’heure, beaucoup d’interrogations subsistent, notamment quant aux dépenses courantes des fédérations. A titre d’exemple, on peut se demander si les secrétaires administratifs continueront à percevoir leurs salaires pendant la fameuse COVID-19 period ? Ce qui est cependant sûr, c’est que le ministère a désormais une bonne raison, voire un bon prétexte, pour refuser d’éventuelles demandes en cette période de crise économique.

L’autre grosse interrogation demeure l’allocation attribuée aux sportifs bénéficiaires d’une bourse de haut niveau. Même si récemment, une source au MAJSL affirmait que ces derniers n’avaient rien à craindre, désormais la donne semble avoir changé avec cet amendement à la Sports Act. Reste maintenant à savoir si ce ministère se montrera «généreux», à un moment où le gouvernement central a, lui, décidé d’appliquer la manière forte à l’égard de la classe ouvrière. Il faudra également attendre le prochain budget pour savoir si le MAJSL bénéficiera toujours de la même enveloppe pour ses dépenses, d’autant qu’une « sonde » a été lancée, lors de la semaine écoulée, pour évoquer une éventuelle baisse du budget de ce ministère. Intentionnel ou pas, le temps nous dira très vite de quoi il en retourne.

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Reprise des entraînements : Vivian Gungaram déplore

Si les mesures sanitaires proposées dans le cadre du COVID-19 Bill semblent appropriées, en revanche, le président de l’Association mauricienne d’Athlétisme (AMA), Vivian Gungaram, est d’avis que les autorités doivent bien faire la distinction entre les différentes disciplines sportives. « Il ne faut surtout pas que toutes les disciplines soient mises dans le même panier. Ce qui a été malheureusement été le cas », déclare-t-il.

Vivian Gungaram déplore le fait qu’aucune fédération ne sera autorisée à organiser des activités sur le plan local, notamment pour ce qui est de la reprise des entraînements surtout. S’il est entièrement d’accord que certaines disciplines ne pourront, pour l’heure, respecter la distanciation sociale, notamment les sports de contact et d’équipe, en revanche, il trouve injuste que les disciplines individuelles soient aussi pénalisées. « On peut faire du jogging tout en respectant les règles sanitaires. Nous avons d’ailleurs suggéré au ministère d’entamer une reprise des entraînements au 1er juin pour un groupe restreint. C’est notre priorité. Nous avons même proposé qu’un entraîneur n’ait que trois athlètes sous sa responsabilité pendant une séance d’entraînement, mais aussi un emploi du temps différent pour chaque groupe », fait-il remarquer.

Selon lui, l’athlétisme, au même titre que le badminton, le tennis et autre cyclisme, peut reprendre les entraînements, d’autant que, dans le cas de sa discipline, la période de qualification pour les Jeux olympiques de Tokyo (2021) débute le 1er décembre prochain. « Nous n’avons pas beaucoup d’athlètes concernés par cette étape. Mais aussi restreint que ce groupe puisse être, il doit commencer sa préparation début juin, afin d’espérer réaliser des performances. À notre niveau, nous sommes prêts pour une reprise des entraînements tout en respectant les consignes sanitaires », fait-il ressortir.
À noter que, selon le COVID-19 Bill, les entraînements et autres compétitions se feront à huis clos, après la fin du “COVID-19 period.” Les fédérations devront aussi s’assurer que toutes les mesures sanitaires nécessaires et autres gestes barrières soient de rigueur, afin d’offrir aux athlètes un cadre propice à la reprise.

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