Subvention de Rs 100 000 sous forme d’exemption fiscale : Deux syndicats de taxis pas sur la même longueur d’onde

 La GTOU crie à l’arnaque, alors que la TPU demande de privilégier  la création d’un Taxi Operators Welfare Fund.

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Le 7 février, le Conseil des ministres avalisait la décision d’accorder une subvention de Rs 100 000 aux détenteurs d’une licence de taxi pour l’acquisition et le remplacement d’un véhicule. Cette décision suscite néanmoins des réactions hostiles, particulièrement la General Taxi Owners’ Union (GTOU), qui, par son secrétaire, Asraf Ali Ramdin, souligne que celle-ci ne reflète pas l’annonce faite pendant la campagne électorale par le Premier ministre, Pravind Jugnauth.

« Gouvernma pou donn zot Rs 100 000 kado pou ed zot si nou gagn enn lot manda », avait fait valoir le Premier ministre, Pravind Jugnauth, le 18 octobre 2019 lors d’un congrès à Glen Park. Au final, le gouvernement n’a fait qu’avaliser une exemption fiscale sur l’achat des voitures qui est loin d’atteindre le montant de Rs 100 000 pour ceux optant pour un véhicule de seconde main, la moyenne de l’exemption fiscale étant de Rs 60 000. Le président de la Taxi Proprietors Union (TPU), Raffick Bahadoor, qui avait, dès le lendemain de l’annonce du Premier ministre à Glen Park, émis des réserves sur « les vagues contours de cette mesure », s’évertue,lui, à convaincre le ministre du Transport, Alan Ganoo, de privilégier plutôt la création d’un Taxi Operators Welfare Fund.

Pour appuyer sa démarche d’allouer Rs 100 000 aux détenteurs d’une licence de taxiPravind Jugnauth avait mis en avant le fait que « kan taximen al labank, bannla dir zot bizin mett enn depo avan kapav gagn enn loan. Se la rezon kifer nou pe akord zot enn soutyen ». Cette mesure entérinée par le Conseil des ministresavec en toile de fond l’exonération unique de la TVA, est interprétée par la GTOU comme une « trahison du vote de la plupart des taximen à l’Alliance Morisien aux dernières élections générales. C’est une arnaque », a indiqué le secrétaire de la GTOU, Asraf Ali Ramdin, au cours de la semaine écoulée sur les ondes d’une radio privée. Selon ce dernier, « pour la plupart des propriétaires de taxi optant pour une voiture de seconde main, la moyenne de la TVA n’excède pas Rs 70 000 dans ce cas. Cela veut dire que cette mesure bénéficiera uniquement à ceux qui feront l’acquisition d’une voiture neuve, dont la taxe avoisine les Rs 115 000. Bannla ki pou gagn Rs 100 000. »

«Une forme de bribe électoral»

Cette promesse n’aura-t-elle donc été qu’une tentative de s’attirer les bonnes grâces des propriétaires de taxis en marge du scrutin ? « Oui », selon le secrétaire général de l’Association des consommateurs de l’île Maurice (ACIM), Jayen Chellum. « Au départ, l’annonce du Premier ministre en marge du scrutin est en elle-même une forme de bribe électoral, même si je pense sincèrement que les taximen se sont fait lourdement berner par cette annonce, car ils auraient dû insister pour connaître les conditions rattachées à cette mesure », soutient Jayen Chellum.

Quant à Raffick Bahadoor, il ne partage pas l’avis de ses collègues de la GTOU. « On n’a nullement été bernés. Asraf Ali Ramdin devrait une bonne fois pour toutes ne plus de fier à la politique pour tenter de changer la vie des chauffeurs de taxi, car les promesses de campagne se heurtent souvent à l’exercice du pouvoir. Avec du recul, ils devraient s’estimer heureux et considérer ces Rs 60 000 comme une solution béquille. » Raffick Bahadoor lance plutôt un appel à Asraf Ali Ramdin afin qu’il le soutienne dans sa démarche de convaincre le gouvernement de privilégier la mise en œuvre d’un Taxi Operators Welfare Fund.

« Cette subvention de Rs 100 000 est une one-off payment opportunity qui ne changera pas la vie des taximen et de leurs familles. Battons-nous pour garantir une vie saine à nos épouses et enfants en contribuant à un fonds par le biais du Taxi Operators Welfare Fund, qui aidera au cas où un chauffeur de taxi décède. Nous pourrions ainsi offrir une somme avoisinant les Rs 200 000 à la famille du défunt ou Rs 100 000 dans la perspective d’une maladie grave. Sofer taxi pa mor tou le zour. » Raffick Bahadoor rappelle que « le Premier ministre avait annoncé lors du Budget 2019-2020, en juin 2019, une étude de faisabilité concernant un Taxi Operators Welfare Fund, lequel pourrait également offrir des prêts à des taux très compétitifs aux chauffeurs qui en ont besoin. » 

Le syndicaliste, qui a rencontré le ministre du Transport Alan Ganoo au courant de la semaine écoulée, affirme que « le ministre a été très attentif aux propositions de la FPU et a promis de soulever la question au cabinet. »

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