TÉMOIGNAGE: Arlina Netta, de retour sur le chemin de l’école

Elle a toujours fait part de son désir de reprendre le chemin de l’école. Depuis janvier, son souhait s’est réalisé. Trouver ses repères et s’adapter à son nouvel environnement se s’avèrent toutefois pas aussi faciles pour Arlina Netta, 15 ans, qui a été éloignée des salles de classe pendant deux longues années. C’est avec fierté et enthousiasme qu’elle prend aujourd’hui les choses en main.
Le visage qui rayonne, un grand sourire aux lèvres, des yeux pétillants… D’un coup d’oeil, on devine la bonne humeur qui anime Arlina Netta. Très différente de la jeune fille que nous avions rencontrée il y a un an, celle qui nous fait face semble avoir repris goût à la vie. Une bonne nouvelle à partager ? Ou encore un heureux événement à célébrer ? Oui. À 15 ans, elle a finalement réalisé son souhait : reprendre le chemin de l’école. Un désir qu’elle nourrit depuis quelques années, et qu’elle avait partagé avec nous à l’occasion de notre première rencontre pour le reportage Sans argent, pas d’école !. “Ma place est au collège et non au travail. Même si mon père n’est pas de cet avis, je veux pouvoir aller à l’école et avoir une bonne éducation, comme tous les enfants de mon âge”, nous avait-elle confié.
Ravie
Aujourd’hui, c’est chose faite, et Arlina se dit très contente et fière de s’être battue jusqu’au bout. En janvier, elle a intégré la Form 2 Prevoc du SSS Beau-Bassin, où elle a retrouvé camarades de classe et enseignants. “Le milieu m’est destiné. Je me sens aujourd’hui dans mon élément”, dit-elle, ravie. Depuis le premier jour, raconte Arlina, c’est avec le même enthousiasme qu’elle se rend tous les jours à l’école. À son retour, elle ne manque jamais l’occasion de raconter sa journée et de parler de ses cours de mathématiques, matière qu’elle affectionne particulièrement. “C’est encore plus agréable d’aller en classe car je dispose aujourd’hui de tous les manuels scolaires. Je porte un uniforme, et j’ai même de belles chaussures. Avec tout ça, je suis sûre de ne pas me faire réprimander par les professeurs et la direction du collège, comme c’était constamment le cas autrefois.”
Si Arlina ne veut en aucun cas manquer un jour d’école, c’est parce qu’elle est consciente du long retard qu’elle doit rattraper. “Deux ans, c’est beaucoup. Je dois absolument m’appliquer afin d’éviter un échec. Je n’ai pas droit à l’erreur. Comme toutes mes copines, cette année j’aurais dû entamer ma quatrième année au secondaire”, explique-t-elle.
Détermination
Mais le destin en avait décidé autrement. Élevée par son père depuis qu’elle est toute petite, à l’âge de13 ans, soit au cours de sa Form 2, Arlina Netta se retrouve dans l’obligation de mettre fin à sa scolarité. Son père, ferrailleur de métier, avait sa concubine et six enfants à sa charge et ne pouvait pas toujours joindre les deux bouts. C’est pour subvenir aux besoins de ses proches qu’il avait obligé Arlina à se trouver du travail. Pendant plusieurs mois, la jeune fille a travaillé comme femme de ménage à l’hôpital Brown Sequard. Puis un jour, elle décide de ne plus se rendre au boulot avec l’idée de reprendre très vite le chemin de l’école.
Habitante de Barkly, Beau-Bassin, Arlina avait un peu plus tôt rejoint l’association La Maison Coeur Écoute de Mary Joliecoeur. À chacune de ses rencontres avec cette dernière, la jeune fille ne cessait de lui faire part de son grand désir de reprendre sa scolarité. Malgré les multiples échecs récoltés au cour des diverses démarches enclenchées par Mary Joliecoeur, la jeune fille ne s’est jamais découragée. “Arlina est très courageuse. C’est une battante”, assure son entourage. C’est cette même détermination qui la poussera à vouloir rencontrer personnellement l’Ombudsperson pour lui parler de son avenir. C’était vers la fin de l’année 2011. “Quand je me suis retrouvée face à elle, j’ai surtout insisté sur le fait que je mérite d’avoir accès à l’éducation moi aussi. Car c’est la base de toute chose.”
Repères
Le plus dur pour Arlina Netta, depuis le mois de janvier, c’est de pouvoir retrouver ses repères et de s’adapter à son nouvel environnement. N’ayant pas été sur les bancs l’école pendant deux années, elle a du mal à rester concentrée pendant les cours et à bien assimiler les leçons. C’est pourtant sans le soutien ni l’encouragement de ses proches qu’elle tente de suivre le rythme. “Par moments, je me demande si mon père est au courant du fait que j’ai repris l’école. Ma belle-mère et lui ne me posent aucune question à ce sujet.”
Arlina nous racontait, il y a un an, que tous les jours, après s’être occupée des tâches ménagères, elle devait jouer à la baby-sitter pendant que sa belle-mère regardait la télévision ou se reposait. Celle-ci venait d’accoucher de son quatrième enfant. Aujourd’hui encore, c’est le même scénario. Arlina doit toujours s’occuper de la vaisselle et la lessive, entre autres, avant de se rendre à l’école. À son retour, la jeune fille doit donner le bain à son petit frère et s’occuper du dîner. “C’est tous les jours la même chose. Fort heureusement, je peux me rendre à l’association La Maison Coeur Écoute pour quelques heures quotidiennement, avant de rentrer à la maison. C’est une échappatoire. Un lieu où je peux aussi me changer les idées et surtout compléter mes devoirs sans avoir à penser aux tâches ménagères.”
À l’association, Arlina est soutenue et suivie les après-midi par Marie-Noëlle et Herlan, qui l’aident pour ses leçons. Se sentant redevable envers ces dames et envers Mary JolieCoeur pour tout ce qu’elle font pour elle, la jeune fille explique que “pour les remercier, je leur assure que je suivrai leurs traces dans quelques années. Je veux, moi aussi, venir en aide à ceux qui sont dans le besoin. En attendant, je veux m’offrir la chance d’avoir une bonne éducation pour pouvoir, par la suite, tout transmettre aux autres.”

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