TATOUAGES ET PIERCINGS : La mode a ses risques

« Je suis un dur, un vrai, un tatou ! « , chantait Fernandel. Depuis, beaucoup d’encre a coulé sous les ponts car aujourd’hui tout le monde veut sa tête de mort, son tribal ou son dauphin bondissant gravé sur l’omoplate. Il en va de même pour les piercings, quand ce n’est pas un anneau dans le nez ou un diamant sur le nombril, c’est la langue, les sourcils et d’autres parties du corps que l’on perce. L’heure, chez les jeunes, est aux piercing et tatouages de tout genre. Qu’ils soient épris d’esthétique ou qu’ils aient une signification bien précise, les tatouages et les piercings sont la forme « in » de beaucoup de jeunes. Comment expliquer l’engouement actuel des jeunes pour le tatouage et le piercing ? Qu’est-ce qui fait courir les jeunes vers ce style ? Quels sont les dangers auxquels ils sont exposés ? Focus sur cet effet de mode.
On a tous vu un jour ou l’autre, une personne marquée d’un tatouage ou d’un piercing ou peut-être vous-même en avez un. Graver le nom de sa dulcinée sur son épaule ; tatouer un motif qu’on aime sur son corps ou le nom ou même, si le tatoueur est talentueux, le visage de son chanteur préféré, il n’est rien de plus louable à cela. Après tout, le tatouage est un art où le tatoueur-peintre transpose ses créations sur un corps-tableau. Il semble même qu’il n’y ait plus une seule zone du corps qui ne puissent être marquée d’un tatouage ou d’un anneau de piercing. L’embellisement du corps avec de l’encre dans un but purement esthétique et le piercing considéré comme un accessoire de mode sont le craze du moment chez les jeunes.
On n’a pas besoin de trop fouiller dans le passé pour savoir que le tatouage et le piercing était bien présents chez nos ancêtres. À l’origine, chaque piercing a une signification bien particulière. Pour ce qui est de la langue, il était fait chez les prêtres Mayas. C’était un moyen d’être plus proche des dieux et par conséquent de comprendre leurs messages. En Inde et au Pakistan, le piercing au nez existe depuis des siècles et en Egypte, les piercings étaient réservés aux pharaons et aux autres membres de la famille royale. La pratique du tatouage remonte à la préhistoire comme en témoignent de nombreux vestiges, vases figurines et poterie entre autres. Selon les époques et les civilisations, la pratique du tatouage était souvent associée à la fertilité, à la virilité, à la protection et à l’identification. De nos jours, les tatouages ont gardé les mêmes significations mais avec les nouvelles technologies, ils sont devenus l’un des phénomènes de mode les plus appréciés.
Une affirmation identitaire
Diverses sont les raisons qui poussent les jeunes à se faire tatouer ou percer. D’abord la raison esthétique. Mais interrogeant certains jeunes passionnés de tatouage et de piercing, nous avons constaté que ce n’est pas tant l’aspect esthétique qui poussent ceux-ci à se faire percer ou tatouer que le fait d’appartenir à un groupe, de « s’affirmer », comme un signe de liberté, de revendication par rapport à leur famille. Tel est le cas d’Arvind, 17 ans : « Quand je me suis fait percé le sourcil, je voulais m’attribuer un look gothique et appartenir à ce groupe », dit-il. Aurore, 22 ans, qui vient de se faire percer le nombril la semaine dernière, dit que cela lui a permis de « s’affirmer par rapport à ses proches et entourage ». Plus qu’un souhait esthétique, une fois le piercing effectué, elle affirme avoir eu l’impression d’avoir « réussi à couper le cordon ombilical ». Pour elle, ce geste, symbolique, lui permet d’achever « la séparation nécessaire avec ses parents ». « Se faire percer a été un choix que j’ai assumé jusqu’au bout et une façon symbolique de dire : je suis capable de décider par moi-même », dit-elle. Aurélien, 28 ans, a quant à lui 25 tatouages sur le corps : « J’ai fait mon premier tatouage quand j’avais 15 ans. Mes tatouages me permettent de m’affirmer. Certains aiment les bijoux, moi les tatouages et j’en suis presque accro », dit-il.
Les risques réels
Depuis quelques années, le tatouage connaît un véritable succès. Un engouement qui s’est emparé de beaucoup de Mauriciens de tout âge, mais singulièrement des plus jeunes. Pour faire face à cette demande croissante, de nombreux tatoueurs ouvrent boutique. Et la tentation est forte de faire leur confiance aveuglément. Pourtant parce qu’ils se pratiquent à l’aide d’aiguilles et autres instruments qui, qu’on le veuillent ou pas, endommagent la chair et ont un contact direct avec le sang, tatouages, piercing et autres branding peuvent nous exposer à des risques d’infections. Avec le tatouage comme avec le piercing, la barrière cutanée de votre peau est rompue occasionnant des petites plaies et des saignements mineurs. Cela expose la personne qui se fait tatouer ou percer à des risques d’infections virales ou bactériennes. Il est donc indispensables que le professionnel travaille dans des conditions de d’hygiène irréprochables.
Il y a aussi un risque d’allergie : Certaines encres de tatouages et certains métaux dans le cas d’un piercing peuvent être mal tolérés par le corps. Cela peut générer des allergies provoquant des démangeaisons ou des gonflements. Diane, 24 ans, a vécu un véritable cauchemar l’année dernière. Après s’être percée le sourcil, elle a eu de graves gonflements au niveau des yeux. « Au bout de trois jours, mon oeil droit a gonflé. Je ne voyais pratiquement plus rien. Je suis allée voir un médecin d’urgence qui m’a dit que c’était mon piercing qui provoquait des allergies. Heureusement j’ai pu me faire soigner à temps. Ça aurait pu être beaucoup plus grave », explique-t-elle
En toute sécurité
Si certains font le choix de s’accorder un temps de réflexion avant de se faire tatouer ou porter un piercing, la majorité des jeunes le font sur un coup de tête.
Ce n’est pas une décision à prendre à la légère, car l’encre est indélébile, et c’est pour la vie ! Avant de prendre votre décision, donc, voici quelques informations importantes pour agir sans avoir des regrets par la suite et pour éviter les complications :
Si un piercing se retire facilement, ce n’est pas le cas du tatouage. Votre décision vous engage à très long terme. Si vous êtes vraiment décidé faites très attention au respect des règles d’hygiène. Comme déjà mentionné, les instruments pénètrent la peau, le risque d’infection est bien réel. Si vous souhaitez vous faire tatouer, vous devez veiller à ce que votre tatouage soit pratiqué dans des conditions d’hygiène parfaites. Evitez les marchés aux puces ou autres lieux peu rigoureux en matière de propreté.
Avant de laisser votre peau à un spécialiste, n’hésitez pas à bien inspecter les conditions d’accueil et à poser des questions pour connaître les précautions d’hygiène prises : aiguilles à usage unique dans un emballage stérilisé, pinces et buses stérilisées — exigez du tatoueur qu’il ouvre devant vous l’emballage de ces accessoires. Vérifiez que le tatoueur porte bien des gants de chirurgie.
Une fois tatoué, sachez que la période de cicatrisation du tatouage est estimé entre 21 et 28 jours. Pendant cette période, évitez le bronzage, la plage, la sauna ou autre source de chaleur et d’humidité. Évitez également le contact avec la poussière, des mains ou des vêtements sales qui pourraient infecter la cicatrice.
Pour le piercing, il faut plusieurs mois pour la cicatrisation. En attendant, évitez la piscine pendant la période d’inflammation, le port d’une ceinture ou des vêtements irritants qui sont trop serrés à la taille si le piercing est au nombril. Le retrait du bijou même pour nettoyer car vous laissez la porte ouverte aux microbes et aux batteries.

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